Chapitre 29: À terre

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—NON ! Rend-le moi !

J'essaie de récupérer mon sac de cours dans sa main mais lorsque j'avance mon bras vers lui, il recule, alors j'avance mais il fait encore quelques pas en arrière. Il finit par le lancer à l'un de ses copains qui se trouvait derrière moi, je me mets à aller vers lui mais celui-ci le relance à Damon, je cours donc vers lui mais il jette mon sac à son ami, encore une fois. Je finis par comprendre ; c'est un jeu, un piège pour moi. Lorsque j'irai vers celui qui a mon sac, il le lancera à celui qui ne l'a pas et quand j'irai du coup vers celui-ci, il le renverra à l'autre tandis que moi je cours à chaque fois entre les deux.

Je suis fatigué de jouer, je n'aime pas ces jeux de gamins, d'ailleurs je n'aime aucun de ses jeux ! Je m'arrête alors et attends au milieu, les bras croisés sur ma poitrine. Je serai bien partie, mais je sais que si je le fais, je ne reverrai jamais mon sac de cours.

Damon, voyant que je ne rentre plus dans son jeu, se met à ouvrir toute les tirettes, s'il compte fouiller dedans il sera fort déçu du résultat, ce qu'il y a dedans n'a aucune importance pour lui mais pour moi oui. Il met mon sac à l'envers et le secoue pour que toutes mes affaires tombent au sol, génial ! Heureusement que je ne suis pas le genre de fille qui traîne avec des serviettes hygiéniques ou tout autre chose très gênante.

Ça ne sert à rien que je me précipite à terre pour ramasser, c'est exactement ce qu'il attend, que je sois à terre, face à lui. Je me contente d'observer la scène en mordant néanmoins ma lèvre par agacement.

—C'est bon, tu as fini ?

Il me regarde étonné, dis-donc, ces temps-ci je le surprends beaucoup apparemment, il en est de même pour lui. Il ne cessera jamais de m'épater mais pas dans le bon sens, qu'on se comprenne bien. Il lâche mon sac par terre puis serre fortement la mâchoire, il faut croire qu'il n'a pas aimer ma réplique, dommage, moi je l'apprécie beaucoup puisqu'elle l'a agacé, je ne peux que l'aimer.

Il donne un violent coup de pied dans mes affaires qui s'éparpillent un peu partout alors que les feuilles volantes se mettent à voler dans les alentours. J'ai une envie irritante d'aller courir après pour les récupérer et les assemblés mais Damon ne m'en laisse pas l'occasion. Il vient à moi, pose sa main sur mon épaule sans oublier de la serrer fortement ce qui lui vaut un regard bien noir de ma part.

Il se rapproche de mon visage doucement en me lançant ce regard et ce fin sourire que je ne connais que trop bien, je sais quelle idée vient de traverser son esprit.

Je mise sur le coup de tête, puisqu'il tient mon épaule, c'est surement pour me tenir, ou bien me faire un croche-pied pour me mettre à terre à ses pieds.

Il me fait bien comprendre que j'ai faux sur toute la ligne lorsqu'il me donne un coup de genou assez généreux dans le ventre, comme il l'a sûrement prévu, je me plie directement en deux en plaçant mes mains devant celui-ci en plissant mon visage de douleur.

Le coup résonne encore d'organe à organe et persiste dans l'entièreté de mon ventre, ça fait un mal de chien ! Comme si des milliards de fourmis avancent à 300km/h dans mon ventre et qu'elles aussi me font du mal intérieurement.

Mes jambes me lâchent, genoux à terre, finalement je suis bien à ses pieds comme il le voulait. Je me plie en deux, au sol, je sens un gout acide qui me brule la gorge, je me retiens de toutes mes forces de vomir mon repas en ravalant toute forme de substance qui remonte dans ma trachée. Je ferme les yeux en essayant de faire le vide dans ma tête, je n'ai tellement plus la force de me relever et me battre que je profite de ma position pour ramasser, avec beaucoup de mal, mes affaires se trouvant au sol, non loin de moi.

—Après tout ce temps tu n'as toujours pas compris que tu n'es pas en position d'être insolente ou même de me répondre. Je te rappelle que tu n'es rien et tu ne seras jamais rien de plus que de la poussière. Il me suffit de te souffler dessus pour que tu t'envoles.

Ouais, ce discours-là, je le connais par cœur maintenant. Il n'a plus besoin de me répéter ce genre de chose, j'ai bien fini par le croire.

Mais j'aimerai quand même bien lui dire que la poussière a des effets négatifs pour la santé de ceux qui l'inhalent et que donc me souffler dessus, comme il le dit, ne lui apportera que des problèmes –ce ne serait pas plus mal en fin de compte– et puis s'il y en a bien un d'entre nous qui répond à la comparaison de poussière, c'est lui. Il se propage partout, il n'est pas bon pour la santé,... J'aimerai trouver un aspirateur pour l'éliminer... Mais à la place de dire tout ça, je me ravise.

Une fois toute mes affaires rassemblées, je range tout dans mon sac puis me relève lentement et douloureusement.

Je me mets face à lui, sauf que cette fois, tous les spectateurs sont derrière lui, dont Zack. Lorsque mon regard croise le sien,  je remarque directement que son visage est plissé, sourcils froncés, mâchoire serrée, mais le voilà qui baisse les yeux, a-t-il honte ?

Il ferait bien...

—Il te suffisait juste de demander si tu avais besoin de mes synthèses.

Lorsque je vois qu'un de nos professeurs va bientôt passer à côté de nous, je vois une occasion merveilleuse pour fuir. Alors que Damon allait répliquer, j'intercepte directement l'adulte en faisant comme si j'avais une question à propos du cours et m'éloigne le plus possible de Damon et sa bande machiavélique.

Je me rends vite compte qu'inconsciemment je lui ai donné l'idée de sa prochaine attaque ; mes synthèses. Je ferais alors ce soir, un double de mes synthèses pour lui, en espérant qu'il m'évitera les coups si je lui donne directement ce qu'il veut.

MAYAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant