Chapitre 13: Le réfectoire

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Le moment que je redoute le plus après celui où je suis à mon casier, c'est les pauses. Que ce soit celle du matin ou celle du midi, je les déteste ! Surtout celle du midi car il y a le réfectoire (qui n'est pas obligatoire bien-sûr), il me semble que mes pires hontes me sont arrivées là. Un exemple parmi tant d'autres ; Damon renverse « sans faire exprès » son plat de pâtes sauces bolognaise sur ma chemise blanche spéciale exposé. Résultat : il a lancé comme rumeur que je m'étais servie de ma blouse comme papier toilette lorsque Madame nature avait pointé le bout de son nez ! Ça m'a très étonné lorsque tout le monde y a cru ; la couleur du sang comparée à celle de la bolonaise, tout le monde sait faire la différence normalement et puis qui serait assez stupide pour croire à cette bêtise?

Sinon il y a aussi la fois où tout le monde avait versé du jus de pomme sur le sol pour que je fasse une petite glissade pour finir à terre.

Ensuite une autre fois, lorsque je voulais m'installer à une table et qu'au moment de m'asseoir sur une chaise, Damon la retira. Je me retrouvais donc encore sur le sol.

Mais il y a aussi la fois où tout le monde faisait mine de s'évanouir lorsque j'ouvrais la bouche pour y mettre un aliment.

Puis, lorsque Damon enfonce ma tête dans mes plats, ma soupe c'était horrible, je m'en souviendrais toujours ; elle était encore brulante !

Il y a aussi le moment où je marchais dans l'allée et que tout le monde s'est mis à lancer des sacs de cours sur mes pieds et moi-même ; inutile de préciser que je n'ai pas tenue une minute debout. Là encore j'ai pu saluer mon ami le sol. En bref, j'en ai pleins d'autres des histoires comme ça...

Depuis, je mange partout sauf dans le réfectoire. Malheureusement aujourd'hui je n'ai pas eu assez avec mon repas déjà préparé et je n'ai pas un sous pour m'acheter une petite crasse au distributeur... Je suis donc dans l'obligation (si je ne veux pas mourir de faim et tendre le bâton pour me faire battre lorsque les bruits de mon ventre m'humilierons en classe) d'aller au réfectoire. Je redoute ce moment...

De toute façon qu'est-ce qu'il pourrait bien m'arriver de pire que ce qu'il m'a obligé à faire en cours de Sciences, j'aimerai avoir une amnésie à l'instant présent...

J'inspire profondément puis expire lourdement, ce n'est qu'un réfectoire après tout non ? Non, c'est le deuxième lieu le plus fatale pour moi, derrière mon casier et devant les toilettes des filles évidement, n'oublions pas que j'ai failli mourir dans cet endroit. Ça tombe bien j'ai toujours voulu crever dans des toilettes pour filles, dans un établissement scolaire, quoi de mieux franchement ?

Je pousse les portes et je m'arrête instantanément de respirer. Tout le monde se retourne vers moi, comme si leurs détecteurs de victimes s'étaient déclenchés. Je baisse automatiquement la tête et je fixe le sol. Oh mon ami...Crois-le ou non tu ne m'as pas manqué mais ne t'étonne pas si j'en viens à te faire un petit câlin, c'est les autres qui m'y auront poussés !

Et me voilà en train de parler au sol... Pathétique !

Arrivée devant le service, je me munis d'un plateau, d'une fourchette (pas de couteau près de moi ) et un verre. Je glisse la planche en plastique devant le comptoir et regarde ce qu'on nous y propose.

—Tiens, souffre-douleur est de retour !

Je relève la tête pour constater –avec surprise– Madame-Cantine me regarder avec pitié qu'elle cache bien avec son petit sourire en coin. Tiens, encore là elle ? Je la déteste, quelle cruche celle-là !

Pour qui elle se prend au juste ? Ah oui c'est vrai, une adulte...

—Tiens, est-ce que je dois m'attendre à retrouver un de vos faux-ongles dans ma nourriture ?

MAYAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant