Chapitre 52 : La vie reprend son cours

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Toujours dans mes pensées. Depuis mon réveil je ne fais que ça et d'ailleurs je n'ai que ça à faire.

Cette discussion entre Damon et Zack lorsque Damon m'a blessée, avant que mes yeux ne se ferment, a-t-elle vraiment existée ? Je n'arrive pas à faire le tri du vrai du faux, comment savoir la vérité?

— Maya, il faut que tu manges, me dit Zack en me sortant de mes pensées.

—Je n'ai pas faim.

C'est bien la première fois que ça m'arrive d'ailleurs.

—Fait un effort, force-toi alors mais tu n'as rien avalé depuis l'accident.

—L'accident? T'es pas sérieux là?

—Excuse-moi c'est juste que...

Je le coupe avant qu'il puisse continuer sa phrase, il m'agace.

—C'est quoi cette histoire dont vous parliez Damon et toi ?

—De quoi tu parles Maya?

—Tu étais là, je t'ai entendu avec Damon. Avant que je perde connaissance.

C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour savoir si j'ai vraiment vu et entendu ça ou si c'est le fait que j'allais perdre connaissance qui m'a monté à la tête.

Je le regarde droit dans les yeux et je ne vois rien, aucun changement d'émotions à part ses sourcils qui se froncent.

—Je n'étais pas la Maya quand ça s'est passé et quand tu as perdu connaissance. Quand je t'ai récupérée Damon n'était même pas là.

Je ne vois aucun signe qu'il mente, ce qui me rassure. Alors c'est bon, c'est juste mon cerveau qui m'a joué un tour, comme la fois où j'ai vu ma vie défiler quand Damon m'étranglait dans les toilettes des filles.

- J'ai prévenu Pamela que tu étais chez moi et que tu restais dormir pendant quelques jours.

Il s'approche du lit dans lequel je me trouve, il remet une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille puis me regarde tendrement. A cet instant j'aimerai bien qu'il me prenne dans ses bras et qu'il me dise que tout ira bien à présent, je ne sais pas pourquoi cette envie me prend soudainement, avant quand j'avais besoin d'un câlin je pensais directement à Elise mais là, il n'y a que de lui dont j'ai besoin malheureusement.

—Merci, pour tout.

Pour tout je n'en sais rien pour l'instant, je suis tiraillée entre ils auraient dû me laisser crever et/ou je suis contente qu'ils l'aient fait et qu'il soit là.

Il dépose sa main sur ma joue et avance son visage vers moi, son regard descend sur mes lèvres. Pourquoi regarde-t-il mes lèvres?

Puis il revient vite à mes yeux et dépose un tendre baiser sur mon front.

—Je ne pouvais pas te laisser rater ce que la vie avait à t'offrir de beau.

Parle-t-il de lui là? Parce que sinon la vie n'a vraiment rien à m'offrir de beau, ça fait longtemps qui j'ai arrêté de croire que la roue tourne et que la vie allait m'apporter ce dont je désirais.

* 3 jours plus tard*

—Allez, fait moi plaisir et avale cette soupe, me supplie Adèle.

—Je vois à vue d'oeil le poids que tu perds, finit-elle par avouer, soucieuse.

Pendant toutes ses années j'ai eu des problèmes de compulsions alimentaire, parfois je cherchais après à tout vomir pour maigrir et parfois je ne faisais rien. Mon poids est quelque chose qui m'obsède depuis toute petite, depuis qu'on m'a fait comprendre qu'être un peu plus ronde n'est pas normale, que je ne pouvais pas être estimée à cause de ça...

Alors j'ai dû me battre contre deux mots toute ma vie; manger et maigrir. Maintenant, à l'heure actuelle, je m'en fou de maigrir, je n'ai même pas faim. Si j'avais su qu'il fallait qu'on m'enfonce un couteau dans le ventre pour régler mes deux problèmes, je me le serai fait depuis longtemps.

Le fait est que je pense que ça n'aurait pas pu fonctionner, là c'est parce qu'il s'agit de Damon. Encore et toujours.

Je n'arrive pas à croire ce qu'il se passe, je n'arrive pas à réaliser. Cette personne est atteinte, est malade je ne vois pas d'autre explication, Damon m'a étranglée dans des toilettes et a failli me tuer, il m'a forcé à toucher son sexe et cette fois-là c'est moi qui ai failli me tuer, et cette fois-ci, il me plante un couteau dans le ventre. C'est quoi la suite? Un fusil, deux balles et mon corps à terre? J'ai tellement peur... J'ai l'impression qu'un psychopathe veut ma mort et que je n'arriverai pas à lui échapper.

Comme si Adèle voyait ma détresse, elle s'approche de moi, dépose la soupe à côté puis me regarde intensément. Elle m'adresse un petit sourire rassurant en m'ouvrant ses bras. Je me redresse toujours avec cette douleur -un peu moins forte aujourd'hui- à l'abdomen. Sans hésiter je me jette dans ses bras en pleurant à chaude larme pour la première fois depuis ce coup de couteau.

Ça fait du bien d'évacuer toute l'humanité qu'il me restait, tous mes sentiments, mes peurs, mes doutes, mes appréhensions, mes questions sans réponses, mes problèmes aussi nombreux soient-ils.

Adèle meurt d'envie de me poser dix milles questions, elle se soucie de moi, je le vois et ça me réchauffe le coeur de voir une adulte qui n'est pas comme les autres. Parfois ma haine influence mes points de vue sur certaines choses, comme le fait que je généralise lorsque je parle des grandes personnes. Adèle, Elise et Greg sont des exceptions.

—J'aimerai tellement pouvoir t'aider, je vois ta détresse Maya.

Un adulte voit ma détresse, un adulte me voit moi, je ne suis donc pas un fantôme pour tous. Je continue de pleurer sans lui répondre pour l'instant, qu'est-ce que je pourrais bien dire?

—Vous êtes une bonne personne Adèle, me contentai-je de répondre à voix basse.

—Tout va bien se passer Maya, c'est fini maintenant, me rassure-t-elle.

J'éclate en sanglot sachant qu'on aimerait toutes les deux que ce soit vrai mais que je sais pertinemment que ça ne l'est pas, comment ça pourrait l'être avec Damon? Non, c'est vrai que ce n'est pas fini, mais ça le saura bientôt et je ne veux pas mourir, ou plutôt tuer par un petit harceleur qui ne se rend pas compte. Il ne se rend pas compte que ce n'est pas drôle, que ce n'est pas un jeu, que ce n'est pas gratifiant pour lui, que c'est un enfer pour moi, il ne se rend pas compte des répercutions comme la plupart des adolescents, bande d'inconscients.

—Oui c'est fini maintenant, dis-je en arrêtant de pleurer.

C'est fini.

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