Chapitre 36: Le corps

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Les plis sur mon visage ne se détendent pas suite à la vue de ce fameux chiffre, au contraire, ils se durcissent alors que je sens une profonde colère se propager en moi. L'envie de prendre cette foutue balance et de la jeter par la fenêtre me tente fortement mais Walter et Pamela s'en prendront à moi si je le faisais. Je me contente de descendre de mon ennemi premier sur la liste, ou peut-être deuxième derrière Damon, oui voilà, entre celui-ci et Adriana se sera parfait.

Je me retourne face au miroir et observe ce corps que je hais tant, je prends la graisse de mes hanches en main, je les empoigne carrément. Si seulement je pouvais prendre un ciseau et les couper... La cellulite ressort de cette poigne ce qui me dégoute davantage, est-ce normal d'en avoir déjà à mon âge ? Je lâche mon tas de graisse et dirige mes mains, cette fois, vers mon double menton, je tapote dessus, ma peau réagit en tremblant, super, c'est...moelleux ?

J'arrête de me préoccuper de ma graisse pour en venir à mon visage, je m'approche un peu plus du miroir pour voir les moindres détails. J'observe attentivement toutes les bosses qu'elles soient petites ou assez voyantes, les pores de ma peau, je regarde attentivement mes boutons, leurs couleurs, leurs tailles. J'en viens au dernier arrivé cette nuit, pour l'instant de taille moyenne, pas trop rouge mais douloureux, je lui souhaite bienvenu dans le groupe et lui fais comprendre qu'au plus vite il sera parti au mieux ce sera.

C'est dégoutant, je suis dégoutante.

Je saisis une crème appartenant à Pamela et ne me gêne pas pour l'utiliser, à défaut de mal me nourrir, ils peuvent au moins accepter que j'utilise leurs produits cosmétiques.

J'en disperse un peu partout sur mon visage dans l'espoir insensé que demain tout disparaîtra.

Je décide ensuite de m'attaquer à mes cheveux qui sont d'une graisseur repoussante. Pas étonnant que personne ne veuille de moi, je suis grosse, j'ai des boutons et des cheveux gras ! Il ne faut pas grand-chose pour dégouter ou éloigner les autres de sois, moi par exemple, je n'ai rien dû faire, ça s'est fait tout seul.

Quand j'étais petite je n'avais pas de boutons, ni des cheveux qui graissaient vite, mais je n'étais pas aussi fine que les autres parce que dès le début on a commencé à me critiquer alors j'ai pensé qu'en me réfugiant dans la nourriture, elle pourrait me réconforter, ou je ne sais pas à quoi je m'attendais en fait. Je ne pensais pas que j'allais doubler de volume parce que je mangeais plus en quantité et plus souvent qu'avant et surtout plus de crasses, de sucre. J'étais naïve.

Lise avait toujours bien veillé à ce que mon alimentation soit saine, je n'avais pas le droit de boire de soda, d'aller dans des fast- food ou encore de manger des bonbons, mais elle faisait ça pour mon bien. Dommage que je ne m'en rende compte que maintenant, si je n'en avais pas fait qu'à ma tête je serais peut-être encore fine...

À la place de ça, la nuit je sortais de ma chambre pour manger des crasses en cachette que j'avais mises là où personne ne pouvait les trouver.

Un jour, Lise m'a surprise et je me suis effondrée en lui suppliant de me laisser manger des sucreries parce que ça me faisait du bien, j'avais l'impression qu'en mangeant autant et si mal, ça m'apportait du réconfort, et puis le fait de ne rien m'interdire m'a fait beaucoup de bien. Je me sentais constamment vide à l'intérieur de moi et en mangeant comme un ogre ce n'était plus le cas. Alors voilà, je suis devenue accro.

Personne ne comprenait, Lise allait voir plusieurs personnes spécialisées car elle s'inquiétait de mon état, au final personne ne prenait ça sérieusement, ils disaient juste « Il suffit de manger moins » « il faut juste faire en sorte de ne manger que trois fois par jour » mais comment voulez-vous ? C'est bien marrant de dire ça a quelqu'un qui mange sept fois par jour avec des portions triplées.

MAYAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant