— Je dois parler au roi ! crié-je en direction des gardiens qui essayent de m'empêcher de franchir la magnifique porte sculptée de la salle de réunion.
À la suite d'un grognement provenant de l'intérieur, les gardes me laissent entrer avec rage dans la pièce où se déroulent habituellement les nombreux conseils organisés par les deux rois. Cependant, aujourd'hui seul celui que je suis venu voir est présent en compagnie de plusieurs de ses hommes. Est-ce vraiment étonnant de toute manière ? Cette pièce ressemble en tout point à ce que je pensais, grande et vide, sans âme, là où toutes les mauvaises décisions sont prises depuis qu'Okrutan est au pouvoir. Seuls les grandes colonnes dorées et les vitraux aux mille couleurs donnent un semblant de vie à cette immense salle au centre de laquelle se dresse une table massive.
Celui-ci a profité de la mort de notre ancien roi pour se présenter à l'élection et accéder au trône. Pour cela, il a débité un tas de conneries pour assurer, mais aussi préserver, l'avenir de notre planète. Malheureusement, un certain nombre de Mangup l'ont cru. Personne ne savait à ce moment-là qu'il était totalement fou et dangereux. Tout ce qu'il désire, c'est posséder de plus en plus de pouvoir et faire ce que bon lui semble. Cet homme de grande taille peut sortir le torse pour montrer qu'il domine, jamais je n'aurai peur de lui. Seul le destin de notre peuple m'intéresse.
— Qui ose encore m'interrompre de la sorte ? demande-t-il en se retournant avec un air hautain.
— C'est encore moi ! Ce que j'ai vu est pire que ce que l'on s'imaginait, la planète bleue meurt de plus en plus vite. Les humains sont en train de l'affaiblir, nous l'affaiblissons ! crié-je, exténuée qu'il ne prenne pas en compte mes remarques.
Je suis tellement enragée depuis que je suis rentrée de mon court voyage sur la Terre. Toutes nos craintes les concernant sont vraiment en train de se produire, l'émergence des maladies, le nombre de guerres. Les Hommes se détruisent à cause de nous! Nous devons arrêter cela tout de suite.
— Ce que je vous demande est simple, c'est de respecter notre peuple autant les Mangup que les Sanjar. Je vous en prie, l'équilibre de notre planète et de la Terre repose sur l'union des deux rois de Malurn. Si vous n'êtes pas capable d'agir en coopération avec Mudar, je vois mal comment vous pouvez régner sur notre Malurn.
— Petite effrontée ! Pour qui vous prenez-vous, pour me dire comment gérer mon royaume ? fulmine-t-il de colère.
Peut-être que je suis allée trop loin. J'aurais dû préparer un discours plus élaboré avant de débarquer ici. Pourquoi suis-je si impulsive ?
— Je commence à en avoir assez de vous et des rebelles ! s'exclame-t-il avant de sourire. J'ai une idée qui vous tiendra à l'écart de mon royaume une bonne fois pour toutes, le bannissement sur la Terre, à jamais.
Voyant mon visage se décomposer, il ajoute :
— Souriez, ma chère ! Vous devriez être contente. Vous pourrez ainsi étudier les hommes de plus près en vivant avec eux. Je vous fais même l'honneur de vivre parmi eux, d'être une simple et innocente humaine sans que vous ayez à vous soucier de Malurn. Plus jamais vous ne vous souviendrez de qui vous êtes, ni d'où vous venez.
Je le scrute outrée par ses paroles. Cette personne que j'ai devant moi me dégoûte. Cet homme aux longs cheveux noirs, qui lui tombent sur les épaules, son regard glacial ainsi que sa carrure imposante me donnent envie de vomir. Il est incapable de régler un problème et préfère tout simplement les éviter. Beaucoup d'entre nous ont déjà été envoyés en bannissement sur Terre alors que nous voulons juste l'avertir. Comment peut-il avoir été choisi comme Roi ? Qui sont les fous qui ont pu le laisser accéder au pouvoir ?
— Garde, qu'on m'amène cette petite ingrate dans la salle des tubes tout de suite ! s'écrie Okrutan avec une telle rage dans la voix que tout mon corps en tremble de peur. Pour vous prouver que je ne suis pas si mauvais que ça, vous aurez le droit d'emmener avec vous ce que vous voulez, me nargue-t-il en me gratifiant d'un faux sourire.
J'ai beau essayer de me débattre et de crier, il m'est impossible d'échapper aux deux colosses qui m'enveloppent avec leurs gros bras musclés.
— Comment osez-vous ? Vous ne pouvez pas faire ça ! crié-je en essayant de me débattre.
— Bien sûr que si et j'y compte bien. Pour me faire respecter par les rebelles, une de leurs fondatrices doit être bannie à jamais sur Terre dans l'immédiat. Veuillez informer toute la population que l'une de leurs leadeuses ne fait plus partie de notre peuple ! s'exclame-t-il en s'adressant à un jeune homme, sans doute l'un de ses porte-parole.
Sur le chemin vers la maudite salle, je vois beaucoup de mes confrères et consœurs apeurés se demandant sûrement quand cela cessera-t-il. Notre ancien roi est mort depuis quelques mois maintenant et cela a suffi à mettre la pagaille un peu partout sur notre planète, Malurn, mais aussi sur Terre. Notre peuple s'est très vite trouvé divisé en plusieurs clans, ceux ne souhaitant pas affronter le roi fou et les rebelles qui désirent retrouver l'équilibre qui nous fait vivre depuis des milliers d'années.
Je sais que cette guerre finira par cesser un jour, je l'espère de tout cœur. De toute façon sans la Terre, nous ne sommes rien et si Okrutan continue comme à agir de cette manière, il va à sa propre perte.
— Que voulez-vous prendre pour le voyage ? m'interroge un garde tout en me préparant pour le transfert.
— À votre avis ? lui demandé-je, excédée.
Tout le monde sur cette planète connaît déjà la réponse à cette question. Tout le monde sait ce qui est le plus important à mes yeux.
***
Salut à tous, je reviens enfin sur Wattpad avec une toute nouvelle histoire dans un registre un peu différent de celui de "l'envol du papillon". Vous pourrez retrouver les aventures de Kaelia tous les samedis. J'espère vous voir la semaine prochaine !
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Dans les songes de Kaelia [Terminé]
RomanceEntre ses cauchemars et sa vie à l'université, Kaelia ne sait plus où donner de la tête. Toutes les nuits, c'est la même chose. La mort de sa mère vient la hanter et la soudaine apparition d'un jeune homme, autant dans ses rêves qu'à la faculté, la...