Dans les songes de Kaelia [Terminé]

Chapitre 43 : Elle n'est pas facile

Amaël attrape aussitôt ma main en entendant la voix grave d'Okrutan.

— Ne perdons pas une seule seconde, s'écrit Amaël, le regard égaré entre le roi et sa famille.

Quelques secondes suffisent pour que toute la population réagisse et que des cris parviennent à mes oreilles. Les enfants hurlent de peur cherchant des yeux leurs parents. Les hommes courent à la recherche de leurs gamins et de leurs femmes pour les mettre à l'abri.

Loukas et le groupe des rebelles dégainent rapidement leurs armes, à croire que tout cela était déjà prévu. Comme si la mort de mon père était prévue dans le plan. La dernière scène qui se déroule devant moi avant de disparaître dans l'arrière-boutique n'est autre que Danyel, qui brandit une épée et empoigne le premier garde qui vient à sa rencontre. Ni une ni deux, le combat sanglant et meurtrier est engagé. De nombreux corps accompagnent celui de mon père, que je ne connaitrais jamais...

Ai-je vraiment assisté à son exécution ? Ai-je vraiment vu son sang se déverser sur la place publique devant le regard apeuré des enfants ? Ai-je vraiment perdu mon dernier parent, qui aurait pu m'expliquer ce qu'était ma vie avant d'être exilé sur Terre ?

— Kaelia, magne tes fesses ! crie Amaël en essayant de me faire réagir et me sortir les images que j'ai en tête.

Une fois dans la réserve, une ombre se rapproche à la vitesse de la lumière de nous. La panique s'empare de mon corps et le pauvre Amaël ne doit plus avoir de main depuis quelques secondes. Je le serre tellement contre moi que j'espère au fond de moi qu'il va me protéger de cette personne déboulant sur nous.

Amaël contrairement à moi, n'a pas perdu son sang-froid une seule seconde en observant cette silhouette arriver vers nous. À quel moment avait-il contacté Borac ? La situation m'échappe totalement.

— Tiens, voilà ce que tu m'as demandé, dit le nouveau venu à l'attention d'Amaël en lui offrant une épée ainsi qu'une arme à feu.

La vision de cette dernière dans les mains d'Amaël me terrorise. Je n'en ai jamais vu de ma vie. Je cligne plusieurs fois des paupières pour m'assurer que la scène que j'ai devant les yeux est réelle. Borac vient bien de donner une arme à feu à Amaël ! Mon Dieu, mais que se passe-t-il ? La révolution est vraiment en train de se mettre en place ? C'est la fin !

— Ta mère aide les jeunes et les mamans à déguerpir le plus vite possible de Malurn pour se réfugier dans la forêt. Ton père et Loukas ont pour le moment la situation en main aux dernières nouvelles, enchaîne rapidement Borac légèrement essoufflé.

— Parfait, conclut Amaël avec un ton sans émotion. Les grenades sont prêtes ?

— Ils n'attendent que ton signal pour les lancer, déclare Borac sur le même ton. On y va, princesse ?

— Fais bien attention à elle !

— Comment ça, prendre soin de moi ? Tu ne viens pas ? demandé-je paniquée.

Il ne va pas me laisser toute seule avec son pote. Il ne peut pas me lâcher à un moment pareil. Comment vais-je faire pour survivre sans lui ?

— Je reviendrais te chercher dès qu'on en aura fini, conclut Amaël avec une pointe d'angoisse dans sa voix. Je dois aller me battre avec les autres, ils ont besoin de moi.

— Moi, j'ai besoin de toi, soufflé-je à son intention ce qui va faire naître un petit sourire en coin sur son visage.

— Tout va bien se passer, tu es entre de bonnes mains ! me rassure-t-il en me scrutant avec un regard que je ne connaissais pas, puis s'adresse à Borac. Toi, fais attention !