Chapitre 24 : Ton dernier jour parmi nous

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Point de vue d'Amaël

La lumière blanche est si violente qu'elle m'aveugle partiellement. J'ai l'impression que cela me brûle la rétine. Mes yeux ont énormément de mal à rester ouverts et à observer la personne devant moi. Elle m'attend sagement de l'autre côté de la vitre tout en me souriant avec tendresse comme si j'étais l'essence même de son être, ce qui est sans doute le cas.

— Mon chéri, me murmure-t-elle en me serrant très fort dans ses bras fins tout en ayant pris soin d'enlever le couvercle en verre de ma capsule de réveil.

— Maman, je suis content de te voir.

Nos embrassades de retrouvailles ne durent pas très longtemps, car nous sommes vite interrompus par le raclement de gorge de Loukas présent aussi à nos côtés.

— Kaelia ? m'interroge-t-il sans prendre le temps de me saluer à son tour.

Extrêmement déçu de ne pas avoir pu accomplir ma mission principale, je baisse la tête timidement presque honteux.

— Elle ne m'a pas cru, soupiré-je en espérant que la pilule de mon échec passe mieux auprès de notre chef.

— Il y a quand même un espoir ?

— J'en doute fort.

Son regard ainsi que celui de ma mère est fermé, la tristesse envahit l'ensemble de leur visage. Nous nous retournons alors vers les autres centaines de capsules présentes dans cette salle où de nombreux corps sans vie s'y trouvent. Leurs esprits ont quitté leur corps et vivent maintenant sur Terre parmi les humains avec leur même enveloppe corporelle. Peu d'entre eux savent leur vraie nature tout comme Kaelia, car la plupart ont été bannis par le roi Okrutan ces précédentes années.

Nous nous approchons lentement de celle qui retient prisonnier le corps de Kaelia endormi dans un profond sommeil. Loukas lève informatiquement le voile qui dissimule l'intérieur de la capsule. Une fois enlevé, nous pouvons apercevoir à travers la vitre que le visage de Kaelia n'a pas changé depuis la dernière fois que nous sommes venus dans cette pièce. Le jour où je me suis rendu sur la planète bleue pour la récupérer.

Je m'en veux énormément de ne pas être parvenu à ramener son esprit vers nous, vers son corps d'origine qui n'attend qu'elle. Nous l'avons vue grandir comme la plupart des autres individus endormis ici même sans avoir la chance de les connaître. Seules leurs enveloppes corporelles changeaient au fil du temps.

Quand Okrutan a commencé à bannir certaines personnes de notre peuple sur Terre, les rebelles n'ont pas tout de suite réussi à mettre la main sur leur conscience. Il a fallu que l'un d'entre nous soit responsable de leur inconscient pendant une nuit pour les reconnaître. Sauf que nous ne sommes pas assez nombreux face aux humains et les trouver est une tâche qui peut prendre jusqu'à des années. Malheureusement, certaines âmes ne sont jamais retrouvées. Elles se voient mourir de vieillesse, de maladies ou dans un accident sur la planète bleue faisant ainsi disparaître à jamais leur corps dormant sur Malurn laissant derrière elles, des familles qui n'auront jamais la chance de leurs dire au revoir et ainsi faire leurs deuils.

— Ne sois pas triste, me susurre ma mère tout en me serrant fermement dans ses bras fins. Soen ne sera pas en colère contre moi. Je suis persuadée que tu as fait de ton mieux, mon fiston.

Je me dois de rester fort devant elle et surtout devant Loukas, mais la sensation d'avoir échoué est bien trop présente dans mon esprit comme celle du regret dans mon cœur.

— J'aurais dû réussir à la ramener à la maison. C'était ma mission principale, celle que je ne pouvais en aucun cas rater. Sans elle et ses connaissances, personne ne pourra vraiment nous croire. Sans elle, son père va vivre seul à jamais et pour toujours.

Dans les songes de Kaelia [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant