À peine arrivée au café des délices, que je sirote déjà mon earl grey avec une tranche de citron. C'est vraiment l'un de mes endroits préférés au monde avec la meilleure boisson de tous les temps. Je m'installe confortablement sur l'une des banquettes noires et pose toutes mes affaires sur la table. Le lieu est désert à cette heure de la matinée, en même temps les étudiants et étudiantes sont pour la plupart tous en cours et il ne reste que les habitués du quatrième âge qui savourent leur thé, un peu comme moi.
Je me retrouve alors seule sur ma grande table de quatre personnes où je peux m'étaler pour travailler mes articles sur le réchauffement climatique. Habituellement, on se rejoint ici avec Trystan pour étudier, cependant aujourd'hui il a un entrainement de basket pour préparer son prochain match. Sa grande passion rythme presque tous ses samedis depuis que l'on se connaît. Je l'accompagne de temps en temps, mais j'avoue ne pas être fan de ce sport. Je préfère nettement me poser dans un canapé à lire un livre, c'est beaucoup moins épuisant.
— Voici votre cookie tout choco, chantonne la serveuse en fonction du tempo de la musique qui anime l'endroit.
— Merci beaucoup !
— Vous venez dans ce café depuis longtemps ? me demande-t-elle tout en vérifiant s'il n'y a personne à la caisse.
— Depuis presque trois ans, il me semble. Vos cookies sont les meilleures de la ville, lui annoncé-je avec un énorme sourire.
— Merci beaucoup, je passerai le mot au cuistot, il va être très content. Quel est votre prénom ?
— Kaelia et vous ?
— Sophia. La maison vous offre votre prochaine boisson. Ma patronne tient à remercier ses clients fidèles, me dit-elle en repartant vers sa chef qui l'attend à la caisse où les gens commencent à arriver.
C'est l'une des premières fois que je vois cette serveuse ici. Je la trouve très chaleureuse, ce qui me renforce dans l'idée que ce café est un des meilleurs de la ville.
Je me replonge dans mes bouquins quand tout d'un coup, un énorme frisson parcourt l'ensemble de mon corps. Je m'empresse de me revêtir pour éviter d'attraper froid. Une tout autre sensation apparaît et, je ne la connais que trop bien. Je n'ose pas lever les yeux de peur de l'apercevoir encore une fois. Comment cela se fait-il que je le voie presque tous les jours en plus de toutes les nuits ?
Je vais essayer de faire abstraction de sa présence et retente pour la troisième fois de relire ce passage.
« Les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines sont devenues les principales responsables de la fonte des glaciers et donc de l'élévation du niveau des mers, selon une étude publiée jeudi quatorze août par la revue Science. »
J'ai énormément de mal à me concentrer sur mon article à cause des différentes sensations qui traversent mon corps. Mes poils se hérissent sans aucune raison valable, il ne fait pourtant pas si froid aujourd'hui. Mon cœur bat de plus en plus vite au fur et à mesure que je sens que quelqu'un se rapproche de moi par-derrière.
— Je vous apporte cela tout de suite, monsieur, vous pouvez aller vous asseoir, propose la jeune serveuse avec un ton mielleux.
Mon regard est toujours perdu dans mes bouquins, quand une personne s'installe sur la chaise à côté de moi. Pourtant il y a bien assez de sièges en ce moment dans le café. Mon cœur palpite de plus en plus, mon cauchemar vient prendre place à mes côtés. On dirait qu'il me suit comme mon ombre, ce n'est pas croyable. Reste concentrée, Kaelia, lis ton article !
« En ajoutant les émissions de gaz à effet de serre, dues aux activités humaines telles que la déforestation, les rejets de méthane, l'utilisation massive de combustibles fossiles. »
— Tu n'aurais pas un crayon ? me demande soudainement mon voisin de table.
Ne pas le regarder ! Concentre-toi, ton cerveau te joue des tours, c'est obligé.
— Excuse-moi, continue le jeune homme qui hante mes rêves, tu n'aurais pas un crayon à me prêter ? J'ai oublié les miens ce matin en partant de chez moi.
Voyant que je ne lui prête pas attention, il ose poser sa main sur mon épaule de la même manière qu'il le fait souvent dans mes cauchemars. Ce contact chaud me glace le sang à croire que cela s'était déjà produit auparavant. Une sensation que j'ai du mal à définir se propage dans l'ensemble de mon corps. Prise de panique, je me décale légèrement sur le côté en cherchant un des nombreux crayons se trouvant dans ma trousse. Au moment de le lui donner, je croise très rapidement son regard qui est tout aussi envoûtant que les autres fois. Comment est-ce possible d'avoir des yeux si attractifs ?
Il ne semble absolument pas surpris de mon comportement très insociable, car celui-ci me remercie en m'adressant un magnifique sourire. Je replonge presque immédiatement dans mon article pour continuer ma lecture. Par pitié, Kaelia, ne pense plus à lui, focus réchauffement climatique.
« C'est ainsi qu'ils ont pu montrer que sans nous, le réchauffement climatique n'aurait pas lieu. »
Ma lecture est très vite interrompue par le bazar que met mon voisin de table en fouillant dans son sac. Qu'est-ce qu'il peut bien chercher si vigoureusement ? Il semble trouver assez rapidement l'objet de sa convoitise, car le silence est de nouveau présent.
— Excuse-moi de te déranger encore, mais on ne s'est pas déjà vu quelque part ? me demande-t-il après avoir déplacé sa chaise pour me faire face.
Si cela est une technique de drague, c'est la pire qu'il soit ! Je ne prends même pas la peine de le regarder qu'un non catégorique sort de ma bouche, peut-être un peu trop sèchement à mon goût.
— Si, j'en suis convaincu ! On a forcément dû se croiser sur le campus.
Je réponds d'une voix tout aussi sèche que la première fois.
— Je ne pense pas.
— Tu es peut-être dans ma promo d'économie ?
— Non, je suis en journalisme !
— Intéressant comme étude, mais en même temps ça ne m'étonne pas.
De quoi me parle-t-il ? Il ne peut pas arrêter de jacasser, je n'arrive pas à me concentrer tout en sachant que ses yeux sont posés sur moi. Il semble particulièrement enjoué de mon agacement, car il en rajoute en me harcelant de diverses questions. Mes réponses se font de plus en plus rares, je voudrais juste qu'il ne m'adresse plus la parole et qu'il me laisse tranquille. Mais c'est peine perdue.
— Au fait, moi c'est Amaël et toi ?
— Elle s'appelle Kaelia, déclare Sophia qui arrive pour lui donner un muffin et un cookie caramel latte à emporter comme la première fois qu'il est venu ici.
Je fusille littéralement du regard la serveuse à qui j'ai parlé un peu plus tôt, mais celle-ci est totalement absorbée par le jeune brun à mes côtés. Ce qui est assez comique dans la situation, c'est qu'il l'ignore royalement, car ses yeux sont posés sur moi. Quand elle part pour rejoindre les clients qui l'attendent en caisse, Amaël range toutes ses affaires dans son sac avant de se lever. Je l'observe en ne comprenant pas pourquoi il m'a demandé un crayon quelques minutes auparavant. C'est alors que je vois sur la table un petit papier avec mon prénom écrit dessus.
Il se dirige vers la sortie tout en m'invitant subtilement à regarder ce qu'il contient. Je m'empresse de le saisir et de l'ouvrir.
« Au plaisir de te revoir prochainement, Amaël. »
Il est abruti ou quoi ! Je n'ai aucunement envie de le revoir que ce soit dans mes cauchemars ou dans la vraie vie. Je le regarde alors une dernière fois en espérant ne plus jamais le croiser même si je me doute que ce soit impossible. Celui-ci se retourne pour me sourire.
— Fais de beaux rêves ! me lance-t-il avant de franchir la porte du café.
***
J'espère que vous allez bien et que vous avez passé une bonne semaine. N'oubliez pas de me dire ce que vous avez pensé du chapitre ainsi que de voter et on se retrouve la semaine prochaine pour le chapitre 7 "Le peuple a besoin de toi"
Bisous !
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Dans les songes de Kaelia [Terminé]
RomanceEntre ses cauchemars et sa vie à l'université, Kaelia ne sait plus où donner de la tête. Toutes les nuits, c'est la même chose. La mort de sa mère vient la hanter et la soudaine apparition d'un jeune homme, autant dans ses rêves qu'à la faculté, la...