Chapitre 49 : La vipère de Malurn

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Borac et moi-même attendons depuis plus d'une quinzaine de minutes dans la pièce où Amaël nous a laissés en plan suite à notre baiser. Nous n'avons pas beaucoup discuté, car j'étais gênée de ce moment intime dévoilé au grand jour par la finesse remarquable de son meilleur ami.

Il n'a pas été particulièrement bavard lui aussi même si de temps à autre, il a essayé de me faire parler et de dissiper mon malaise.

Même quand j'étais en couple officiel avec Trystan, je n'ai jamais aimé que l'on s'affiche devant tout le monde en s'embrassant à tout bout de champ, cela ne correspond pas à ma personnalité. Alors que l'on me découvre dans les bras de quelqu'un qui n'est pas mon copain surtout, aux yeux de tous, n'est pas ce que je préfère.

J'ai pris en considération ses remarques concernant mes questions incessantes, je me suis retenue de faire tout commentaire et ce n'a pas été une mince affaire. Soudain, le téléphone de Borac s'allume sans que son propriétaire s'en aperçoive. Dois-je le lui dire ? Ou est-ce que j'attends qu'il s'en rende compte ?

Ne supportant plus de patienter, ma bouche agit avant que mon cerveau ne prenne conscience que je parle.

- Tu as reçu un message, murmuré-je à son intention.

Borac me regarde alors furtivement en souriant que je prenne la parole pour la première fois et reporte toute son attention vers son portable. Le sérieux de Borac fait presque peur à voir tellement c'est inhabituel chez lui.

- On va rejoindre la population qui a échappé au massacre dans la forêt, sur les ordres de monsieur Amaël. On doit se dépêcher, car ils vont bientôt attaquer. Il nous laisse une heure pour partir d'ici sans que l'on se fasse repérer.

- D'accord, acquièse-je, inquiète pour Amaël et déçue qu'il n'ait pas changé d'avis.

Borac me sourit pour me montrer qu'il sait à quoi je pense. Je suis sûre que pour lui c'est la même chose, il doit être dépité de s'occuper de moi alors qu'il aurait préféré être en compagnie des rebelles.

Nous courons aussi vite que nous le pouvons pour rejoindre l'orée de la forêt. Borac a un sens de l'orientation qui m'échappe totalement. Il évolue tel un chat dans la nuit à croire que la lumière de son téléphone ne lui sert presque à rien. Comment peut-il se déplacer dans un environnement sombre tout en évitant aisément toutes les branches d'arbres qui jonchent le sol ?

À plusieurs reprises, il m'aide à franchir les obstacles que je ne vois qu'à la dernière seconde, car je manque de tomber à chaque fois. Heureusement qu'il est là pour venir à ma rescousse et je l'en remercie.

Au bout d'une bonne demi-heure de course effrénée dans la forêt, j'aperçois de la lumière émanant de plusieurs feux allumés où de nombreuses personnes sont réunies autour. Ce n'est qu'après quelques minutes d'observations, je constate que seules les femmes et les enfants sont présents. Quelques hommes d'un certain âge sont aussi là pour superviser le monde.

- Où sont les hommes ? demandé-je à Borac.

- Ils sont partis à l'assaut du château avec Amaël et les rebelles.

- Pourquoi sont-elles toutes ici ?

- Je te signale, madame la féministe, que certaines femmes sont au combat, mais tu ne peux pas le voir. Celles qui sont là ont choisi de garder les enfants en connaissance de cause.

- Et pourquoi les hommes ne sont pas restés avec elles pour les aider avec les petits ?

- Tu m'en poses des questions. Certains d'entre eux sont sans doute partis chercher à manger. Et puis, tu es chiante, je suis avec toi ici alors que je suis un être de sexe masculin donc ta théorie du complot féminin ne marche pas.

Dans les songes de Kaelia [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant