Chapitre 52 : Une lueur de rébellion

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— Debout, princesse ! me sermonne un garde tout en m'empoignant par le bras afin de m'aider à me lever.

Il attache alors mes mains entre elles dans mon dos. J'aurais pu saisir l'occasion pour me battre, mais je n'ai pas la force de m'opposer à lui. Je suis à bout de force. Je ne veux plus lutter. Je suis arrivée sur Malurn il y a peu et, depuis que j'ai rencontré Amaël, le contrôle de ma propre vie m'a complètement échappé. Je vais finir comme ses pauvres gens sur cette estrade pleine de sang.

En traversant le long couloir, je vois d'autres personnes comme moi qui attendent leur sentence. Un enfant scrute avec intérêt la fenêtre de sa cellule comme s'il espérait que celle-ci s'ouvre par miracle. Les larmes qui coulent sur son visage et son air sans vie me révoltent. Comment un garçon si jeune peut-il finir ici, dans ce cachot, sans sa famille ?

J'entends des murmures au fur et à mesure que nous nous approchons de la sortie. Les prisonniers me regardent attentivement comme s'ils s'attendaient à ce que je fasse quelque chose pour les aider. Une femme vient même me supplier de les délivrer de cet enfer juste avant qu'un des deux gardes lui assène un violent coup de batte dans la tête pour la faire taire.

— Harvyn, tu m'avais dit que la gosse était bien plus bavarde que ça ! ricane un homme brun avec un embonpoint.

— Elle a dû perdre sa langue durant la nuit, que veux-tu ? rit son ami alors qu'il ouvre la porte qui mène à l'étage supérieur du château.

— Je vous emmerde ! crié-je en tentant de pousser le garde qui me tient par le bras.

— Il suffisait de la provoquer, enchaîne Harvyn tout en nous laissant passer.

La lumière émanant de l'extérieur me fait mal aux yeux tellement elle est puissante. Je me suis habituée au noir de ma cellule. Énormément de soldats s'agitent à nos côtés en ne prêtant pas attention à notre convoi. Mon convoi vers la mort.

C'est en voyant l'estrade ainsi que les habitants de Malurn désemparé de découvrir le corps de Borac contre un poteau que je prends conscience de ce qui va m'arriver dans très peu de temps.

— Lâchez-moi, s'il vous plaît ! Renvoyez-moi sur Terre comme vous l'avez fait pour ma mère, les supplié-je en larmes. Je ne dirais jamais rien. Je vivrais dans la totale ignorance de ce qu'il se passe ici. Je préfère mourir sans savoir qui je suis vraiment plutôt que de me faire couper la tête devant toutes ses innocentes personnes.

Malgré mes pleurs et mes paroles, les gardes m'observent en souriant comme si je venais d'une autre planète.

— Pourquoi est-ce que l'on ferait ça ? C'est dans quelques instants que tout commence, me dit Harvyn tout en me soulevant pour me placer face à Borac sur l'estrade. Aujourd'hui, c'est le jour de ta mort !

Je fixe mon compagnon en larme. Je m'excuse profondément de ne pas l'avoir écouté. Si seulement, nous avions fait plus attention le soir où nous sommes rentrés dans la maison d'Amaël, nous n'en serions peut-être pas là.

C'est en regardant vers ma gauche que je m'aperçois que Loukas est aussi attaché sur l'estrade en compagnie de Sophia. Seul Danyel manque à l'appel. Au vu des expressions faciales de sa femme, je devine que ce dernier n'est plus de ce monde.

Un garde amène Amaël en le portant sur ses épaules. Cette vue me donne encore plus le haut-le-cœur. Amaël est recouvert de sang et n'arrive plus à se tenir debout. Son visage est totalement tuméfié et ses plaies n'ont jamais été nettoyées.

La douleur, que je peux aisément lire dans ses yeux, ravive mon envie de me battre pour lui, pour essayer de le sauver. Je tente de me débattre comme je peux, mais il m'est impossible d'enlever les liens qui me macèrent les mains.

Dans les songes de Kaelia [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant