La soirée au bowling s'annonce détendue et très conviviale loin du conflit de ce matin. Dans la Beetle d'Ophélia, tout le monde a le sourire aux lèvres et profite de la musique qui ambiance tout l'habitacle. Il n'y a que moi qui semble à mille lieues de leur joie ne songeant qu'à la phrase qu'Amaël m'a adressée quand je suis sortie de la bibliothèque.
Qu'a-t-il sous-entendu par « je suis comme toi » ? D'un point de vue anatomique, nous sommes exactement pareil avec une tête, deux bras et deux jambes. Cependant, j'imagine que ce n'est pas ce qu'il a voulu dire ou alors ce mec est encore plus timbré que ce que je pensais. Peut-être qu'il insinuait que je suis chiante, agaçante et exaspérante tout comme lui, même si cela ne me correspond pas vraiment. Je suis très loin d'atteindre son niveau de chiantitude.
Malheureusement, la seule façon d'avoir des réponses à ces mots énigmatiques serait d'aller le confronter. Or je lui ai bien précisé que c'était la dernière fois que je désire le voir près de moi. Je ne souhaite surtout pas revenir sur ce que j'ai dit. La mission risque d'être compliquée à accomplir sachant que je ne tiens pas, non plus, à recevoir une phrase dans le style « Tu ne peux pas te passer de moi » comme il a déjà pu me dire auparavant.
Une fois que la voiture se stoppe sur le parking, Trystan me tend sa main avec un maigre sourire, peu convaincu que je lui la serre en retour. À son plus grand étonnement, ma main froide enlace la sienne et dans ses yeux se baladent mille et une étoiles. Il semble ravi que je fasse un effort.
— Je vais tous vous exploser ! s'exclame Noélie qui a toujours eu une âme de compétitrice.
Elle est tout de suite rejointe par son copain Ewan qui la taquine sur le fait que la dernière fois elle a fini bonne deuxième, derrière lui, avec peu de points d'écart. Cette partie avait été mémorable entre pleurs et hystérie de Noélie, nous avons eu le droit à des coups d'œil menaçants de la part de tous les joueurs de la piste d'à côté sans doute déconcentrés par son excès de folie.
C'est main dans la main avec Trystan que nous rentrons dans la salle de Bowling sous le regard attendri d'Ophélia qui est ravie de nous voir enfin réunis, comme si c'était un miracle. J'avoue l'avoir mis de côté, j'étais tellement focalisée sur mes cauchemars que j'ai perdu la connexion avec la vie réelle. Puis, à cause des paroles qu'il m'a dites dans ma chambre quand nous cherchions des indices dans les papiers de ma mère, j'ai eu du mal à lui envoyer un message.
Aujourd'hui, je compte bien me rattraper et lui montrer que je tiens tout autant à lui que quand nous nous sommes rencontrés.
— Je t'aime et je suis désolée pour mon comportement, murmuré-je à son oreille ce qui agrandit son sourire.
Il resserre son étreinte et me chuchote à son tour ses trois jolis mots qui emplissent mon cœur de bonheur. Ce n'est que quelques secondes plus tard, que mon corps se fige instantanément en voyant un jeune homme de dos avec ses amis près de la caisse. Il ressemble beaucoup trop à Amaël. Ses courts cheveux bruns en bataille comme s'il sortait tout juste du lit, son allure élancée dans son jean brut et ses chaussures montantes, toute son attitude et son style lui correspond. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter un tel châtiment ?
Notre petit groupe se tient alors devant la dame de l'accueil et attend que Noélie finisse de donner tous nos noms et nos pointures. Sentant mon hésitation à me rapprocher, Trystan me demande qu'est-ce qu'il ne va pas.
— Rien du tout, j'ai juste eu un frisson, réponds-je en lui adressant un sourire.
En allant récupérer mes chaussures immondes pour le bowling, je peux enfin voir le visage du jeune homme et je suis soulagée de voir que ce n'est absolument pas celui auquel je pense. Pourquoi mon cerveau me joue de tels tours ?
VOUS LISEZ
Dans les songes de Kaelia [Terminé]
RomanceEntre ses cauchemars et sa vie à l'université, Kaelia ne sait plus où donner de la tête. Toutes les nuits, c'est la même chose. La mort de sa mère vient la hanter et la soudaine apparition d'un jeune homme, autant dans ses rêves qu'à la faculté, la...