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— Kaelia, ferme la porte d'entrée, s'il te plaît, s'exclame ma mère avec une voix forte.
— Oui, maman, soupiré-je en obéissant.
Je jette mon sac de cours dans le salon, avant de filer manger mes tartines de chocolat pour mon goûter. Je vois ses longs cheveux aux aspects cuivrés dépasser légèrement du sofa. Le bruit de la télévision résonne dans tout le rez-de-chaussée, ce qui m'empêche d'écouter ma musique en paix. Comme à son habitude, munie d'un vieux calepin marron, elle retranscrit toutes les informations données par le reporter. J'ai toujours trouvé ce comportement assez étrange, mais au fil du temps, je n'y fais plus attention. Et puis, de toute façon, les adultes font des choses qui dépassent mon entendement.
Au fur et à mesure des paroles barbantes du journaliste, je sens ses regards appuyés se poser sur moi. Je me tourne alors vers elle pour lui sourire. Au vu de son air amusé, je me demande si j'ai du chocolat partout autour de la bouche. Je m'empresse de prendre ma serviette pour m'essuyer, ce qui la réjouit grandement.
— Moque-toi, je ne te dirais rien ! m'écrié-je légèrement agacée.
Aujourd'hui, n'est définitivement pas mon jour. Entre ma sale note au collège, Ophélia qui ne peut pas sortir ce week-end à cause d'un repas de famille et les moqueries de ma mère, je n'en peux clairement plus. Une fois, mon quatre heures fini, je file à la douche pour me détendre et me décrasser de ma journée éreintante. C'est bientôt la fin de l'année et il était temps ! Les vacances approchent à grands pas et j'ai hâte de passer tous mes après-midi à la plage avec Ophélia.
— Kaelia ? m'interrompt ma mère alors que je m'apprête à monter les escaliers.
— Oui ?
— N'oublie pas que l'eau n'est pas éternelle, donc ne traîne pas trop.
Je bougonne dans mon coin. Qu'est-ce qu'il lui prend aujourd'hui, à reprendre chacun de mes faits et gestes ?
— D'ailleurs, Alister aimerait beaucoup qu'on sorte au restaurant ce soir, alors ne mets pas ton pyjama tout de suite.
Mon agacement est au summum et je décide de bien le faire comprendre en montant les escaliers tel un éléphant enragé. J'avais juste envie de me prélasser dans un bon bain, enfiler mon pantalon bien chaud ainsi que mon tee-shirt lapin, et regarder toutes les séries que j'ai en retard. Quelle journée de merde !
*
Après un délicieux repas dans la pizzeria du coin, nous rentrons vite à la maison, car ma mère et Alister ont leur rendez-vous du vendredi soir à la télévision. Toutes les semaines, c'est la même chose. Leur reporter préféré voyage à travers le monde pour découvrir de nouvelles cultures, de nouvelles façons de vivre, et ouvre les yeux sur les enjeux politiques ou autres de chaque pays. Apparemment, c'est très enrichissant, mais j'ai un tout autre avis. C'est tellement barbant, que je n'ai jamais réussi à suivre plus de dix minutes sans remonter dans ma chambre, pour regarder une de mes nombreuses séries. Au moins, j'ai l'impression de ne pas me gâcher la soirée, comme eux. Je peux comprendre pour Alister, car il est plus vieux que maman, mais pas pour elle. Elle passe progressivement du côté obscur de la force. Qu'est-ce que c'est chiant de vieillir !
Sans m'en rendre compte, je sens une présence s'installer près de moi. J'ai encore dû m'endormir devant Big Bang Theory. Mon lit s'affaisse sous le poids de ma mère et je suis dans l'obligation de partager ma couette avec elle. Cela arrive assez souvent, qu'elle me rejoigne le temps d'un câlin en plein milieu de la nuit.
Elle pose sa douce main contre les miennes pour m'enlacer tendrement. J'entends sa respiration et devine facilement qu'elle a pleuré un peu plus tôt. Elle passe ses doigts libres à travers mes cheveux et les caresse lentement pour ne pas me réveiller. N'étant pas totalement éveillée, mais pas non plus endormie, je parviens à discerner sa faible voix.
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Dans les songes de Kaelia [Terminé]
RomanceEntre ses cauchemars et sa vie à l'université, Kaelia ne sait plus où donner de la tête. Toutes les nuits, c'est la même chose. La mort de sa mère vient la hanter et la soudaine apparition d'un jeune homme, autant dans ses rêves qu'à la faculté, la...