Dans les songes de Kaelia [Terminé]

Chapitre 55 : Je m'en vais

Hier fut une journée bien chargée ! Nous avons passé une bonne partie de l'après-midi et de la soirée à travailler sur notre retour sur Malurn. Je ne suis pas peu fière du projet que j'ai mis en place avec Amaël et j'ai hâte de constater les retombées que celui-ci va avoir.

Aujourd'hui, ce sera l'un des jours les plus durs. En effet, il va falloir que je dise au revoir à mes amis, que je rompe avec Trystan et que je prononce un adieu digne de ce nom pour papy Ali. Lui qui a tout fait pour moi depuis que je suis petite, je suis si triste de savoir que je ne vais sans doute plus jamais le revoir.

J'ai prévu de rencontrer Amaël en début d'après-midi, ce qui me laisse large le temps d'aller annoncer mon départ à mes amis en tout premier avant de revenir chez Ali. Mes copines ne vont sûrement pas comprendre pourquoi je ne viens pas en cours aujourd'hui. Je me demande bien ce que je vais bien pouvoir leur dire.

Je ne peux certainement pas leur dire que je vais sur une autre planète pour sauver le monde et mon père, que je n'ai encore jamais connus, car j'ai eu une vision lors de mes rêves donnés par ma maman, elle-même décédée. Cela n'aurait aucun sens pour des humains et elles me prendraient pour une folle.

Comme à mon habitude, quand je descends les escaliers, Ali vient me souhaiter une bonne journée tant dit que je regarde l'autel que nous avions fait pour ma mère, il y a de ça des années.

— Travaille bien, mon poussin, murmure Ali tout en me serrant dans les bras.

— Je reviens ce midi, dis-je avec une certaine tristesse dans ma voix.

Je quitte alors mon domicile, le cœur lourd. Aujourd'hui est un nouveau jour. Un nouveau départ. Je décide de prendre pour la première fois le chemin qui hante mes cauchemars depuis des années. Je vais passer par ce maudit croisement et montrer que je n'ai plus peur d'affronter mes démons. En soi, que peut-il m'arriver sur ce carrefour ? Rien, donc, je n'ai pas à angoisser. Et puis, ce n'est pas comme-ci, je me suis accommodée à sa présence dans mes rêves.

Une vingtaine de minutes plus tard, j'arrive à l'entrée du parc bordant l'université, là où je retrouvais tous les jours mes amis. En me voyant, Trystan a le sourire aux lèvres et vient par habitude à ma rencontre.

Sans que je ne puisse réagir, il m'embrasse tendrement. Ce dernier bisou me déchire au plus profond de mon être, mais celui-ci appartient à un autre désormais. Tu peux le faire, Kaelia ! Je repousse alors gentiment Trystan par les épaules. Il me regarde avec un air inquiet se demandant sans doute ce qui m'arrive.

— Je suis vraiment désolée, Trystan, annoncé-je tristement.

Lui dire ces mots revient à me briser également le cœur, pour la deuxième fois. Sauf que, cette fois-ci, c'est en mon âme et conscience que je choisis de rompre.

— Je ne veux plus que l'on continue notre relation. J'ai beaucoup réfléchi ces derniers temps et je pense qu'on est bien trop différent de bien des manières. Je suis persuadée que tu trouveras une fille à ta hauteur et qui pourra te combler, mais je ne suis pas elle.

— Attends, stop ! Qu'est-ce qu'il te prend ? Il y a à peine deux jours, tout allait bien entre nous. Qu'est-ce que tu me chantes ? s'énerve Trystan en me regardant méchamment.

Je ne peux pas lui en vouloir d'agir de la sorte. Notre rupture intervient alors que tout semble bien se passer entre nous, du moins, de son côté. De mon point de vue, j'ai eu l'impression qu'une éternité nous sépare avec tout ce qu'il s'est passé entre avant-hier et aujourd'hui.

— C'est à cause de ce mec-là ? grogne-t-il en montrant une personne du doigt.

De loin, je devine aisément que ce garçon est bien celui auquel je pense. Amaël nous regarde d'un air serein, presque antipathique. Seuls ses yeux arrivent à transmettre un peu de passion, mais il faut bien le connaître pour la déchiffrer. Heureusement que Trystan n'y parvient pas, sinon les deux seraient certainement en train de se battre actuellement.