Tu ne peux pas éviter l'inévitable

165 13 9
                                    


Étendue sur le lit de la chambre, sans fenêtres, sans issues, dans laquelle on m'avait enfermé, je réfléchissais.

À la raison pour laquelle Joseph m'avait sauvé des griffes de John.
À la raison de la soudaine fuite de Joseph.
À ce qu'il allait me faire.
Aux membres de la résistances qui n'avait plus de chef.
À Boomer qui devait être seul, dans ce monde de fou.

Ma tête bouillonnait, au sens propre. Je laissai échapper un soupir avant d'essayer de faire le vide dans mon esprit. Les yeux fermés, j'attendais la suite des évènements. Cela faisait un bon moment que Joseph était partit, sans rien dire, me laissant pourrir seule ici.

Au moment même de ces pensées, comme s'il les avait entendu, le Père entra dans la pièce. Un livre à la main, le livre que John lisait lors de la Purification. Joseph prit le temps de refermer la porte, avant de me sourire tendrement. Je me redressai et évitai de l'attaquer cette fois-ci. 

« Bonjour mon enfant. »

Je restai silencieuse, après tout je n'allais pas commencer à le saluer en retour.

« Tu dois te demander ce que tu fais ici. » débuta-t-il avant de se taire, il m'observait à travers ses lunettes jaunes, attendant visiblement une réponse de ma part. Voyant que je restais muette, il vint s'assoir sur la chaise sur laquelle il s'était assit auparavant pour m'observer dormir.
« Pour être honnête, moi même je n'en suis pas sur. Mais telle est la volonté de Dieu. »

Mes traits se froncèrent, l'entendre parler de son Dieu me donnait mal au cœur.

Le silence régna pendant quelques secondes, il me fixait toujours, ce qui me rendit quelque peu malaisé. Il baissa les yeux vers le livre à la couverture blanche qu'il caressait doucement avec ses pouces.

« Voici le livre de Joseph—» débuta-t-il avant qu'il soit coupé par mes gloussements.

Ce pauvre taré avait écrit un livre qui portait son propre nom ?!

Il sembla ignorer mon rire et continua : « Ce livre a été rédigé par moi en grande partie, mais j'ai eu l'aide de Dieu. » finit-il avant de rire tout seul. « Tu sais, mon enfant, Dieu a su m'aider lorsque j'avais besoin d'aide et m'a mis plusieurs fois à l'épreuve, mais tant que nous avons la Foi, Dieu saura toujours là pour nous. » il reposa son regard perçant sur le mien. J'étais désormais assise, face à lui.

Je le regardai, à moitié perdue. Oui, j'avais déjà fais partie d'un groupe religieux, oui, on m'avait déjà parlé de la Foi et des épreuves que Dieu nous sème lors de notre misérable vie, mais jamais, je n'y ai cru.

« Mon enfant, » me dit-il avant de se lever de sa chaise, « Tu n'es pas là par hasard. » il commença à s'avancer vers moi et par réflexe, je reculais jusqu'au moment où je rencontrai la tête du lit. Pendant quelques secondes, je crus voir la déception sur son visage, comme s'il était déçu que j'ai peur de lui, mais il retrouva assez vite son visage détendu. « Dieu a voulu que nous nous rencontrons. » il déposa une main sur mon épaule et je me tendis, « Tous ce déroule selon le plan de Dieu. » il vint s'assoir à côté de moi, je pouvais entendre l'excitation dans sa voix. « Tu retrouveras la Foi, et ensuite, tu exécuteras ce que Dieu te dira. » Son sourire s'élargissait de plus en plus et j'avais de plus en plus pitié en lui, il s'imagine communiquer avec Dieu alors qu'il n'existe même pas. « Et ensemble, nous marcherons vers Eden Gate. » conclu-t-il en attendant avec impatiente ma réaction.

Je lui souris tristement avant de venir ôter sa main de mon épaule et de m'éloigner de lui. Son sourire s'effaça, je me sentais presque mal de lui causer tout ce malheur, mais son histoire ne tenait pas debout.

« Je vois, mais, mon enfant, » commença-t-il plus sérieusement avant de se lever, « tu ne peux pas éviter l'inévitable. » il se dirigea vers la porte, son ton étant désormais glacial, « N'oublies pas, Dieu prend et Dieu donne. » il se retourna vers moi, la déception dans les yeux et me souhaita une bonne fin de soirée.

Une fois la porte refermée, je laissai échapper un soupir avant de venir poser ma tête contre mes genoux. Je laissai toutes les larmes de mon corps sortir.

Qu'avais-je fais à la vie pour que je me retrouve ici ?

...

Lorsque je me réveillai, ma tête me faisait encore mal, j'avais beaucoup pleuré la vieille. J'avais espéré que tout cela n'avait été qu'un vilain cauchemar et qu'en me réveillant j'allais être n'importe où mais pas dans cette chambre. Pourtant le destin avait voulut que je me retrouve ici, d'ailleurs je ne savais pas où était ce ici.

Étais-je toujours à Holland Valley ? Seul Joseph le savait.

Je bondis sur mes deux jambes, malheureusement, n'ayant pas mangé depuis un bon bout de temps, mes forces étaient assez restreintes. Je retombais aussitôt sur le froid parquet. J'entendis des pas avant d'entendre la porte violemment s'ouvrir.

« Mon enfant ? » entendis-je, je crus percevoir une once d'inquiétude dans sa voix.

Je ne dis rien et restai allongé, à faire la morte. Deux mains vinrent m'aider à me relever, je ne me débattis point et laissai Joseph me poser sur le lit.

J'ouvris le yeux avant de lui sourire faiblement. J'aurais bien aimé le remercier mais ma gorge était plus sèche que le Sahara. Il crut comprendre puisqu'il s'empressa de sortir. Il revint quelques minutes après un plateau dans les mains.

« Pardonnes moi, j'allais t'apporter cela hier, mais tu t'étais endormie. » m'expliqua-t-il, tendu et à moitié paniqué. Je ne l'avais vu dans de tel état. Dieu avait dû lui dire quelque chose de très important à mon propos pour qu'il s'inquiète autant de mon bien être. Joseph me tendit le plateau et sans même regarder son contenu, je l'engloutis. « Doucement. » dit-il en riant nerveusement.

Une fois fini, je posai le plateau à côté de moi et regardai Joseph, qui semblait toujours aussi tendu.

« M-merci. » le remerciai-je avec une petite voix. Au seul son de ma voix, il sembla se détendre.

Il me sourit tendrement avant de sortir son fameux livre.

« J'aimerai te faire la lecture. » me dit-il. Au fond, je savais que je n'avais pas le choix, j'hochai donc de la tête.

Il vint, cette fois-ci, s'installer au bout du lit, le plus loin de moi. Il commença la lecture et franchement je n'écoutais pas. J'étais plus concentrée à l'observer, il souriait et on dirait qu'il aimait ça lire, me partager ce qu'il avait écris. De plus, de grosses cernes pendaient sous ses yeux et je pouvais l'entendre dans sa voix, il était épuisé.

À quand remontre sa dernière nuit de sommeil ? Sûrement à longtemps, il a dû me surveiller pendant toute une nuit assit sur une chaise et je pense que depuis, il n'a pas fermé l'œil. Peu à peu, sa lecture devenait de plus en plus lente, ses yeux ses fermèrent peu à peu et j'en profitai, je commençai à lui chuchoter des « Shhhhhut » ce qui, l'endormit pour de bon, la tête dans son livre. Je me levai lentement, heureusement pour moi, Joseph avait laissé la porte ouverte. Je me dirigeai vers la sortie de la chambre.

À moi la liberté !

Wecolme at Eden's Gate - [1] [En correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant