❝𝐂𝐎𝐄𝐔𝐑 𝐃𝐄 𝐆𝐋𝐀𝐂𝐄❞ ʸᵒᵒᶰᵗᵃᵉ

❅ VIII ❅

—Yoon ! Attrape ! Une jeune fille aux cheveux courts lança une balle de paille entourée de tissu vert en direction de la personne interpellée.

— J'ai ! Fit-il en attrapant le ballon des deux mains avant de se remettre à courir à travers l'équipe adverse.

Les passants les observaient jouer, des cagettes de fruit et légumes dans les bras, de linge à étendre, s'arrêtaient quelques instants avant de repartir au travail. Les enfants en pleine admiration devant la dizaine de jeunes qui combattaient depuis maintenant cinq bonnes minutes, eux aussi voulaient faire ça. Le ciel rayonnait en ce jour de printemps, les nuages ne se manifestaient pas et seul le bruit de la ville, hennissements, cris, rire s'entendaient jusqu'au-delà des fortifications. Comme d'habitude, les deux gardes situés dans la partie pauvre de la ville, en haut des murs, passaient leur journée à les regarder se divertir, procurant un sentiment de nostalgie envers ces jeunes – mon fils est mort à la guerre. Mais ce que tout le monde ne remarquait pas, c'était que, dans l'équipe pour l'instant gagnante comportait un joueur qui respirait bruyamment, en arrêt sur le terrain tracé au bâton. Un nouveau but de marqué par celui qui avait rattrapé la balle, coup de sifflet avec des doigts signalant la fin de la partie. Les – quatre – vainqueurs se mirent en groupe pour sautiller leur réussite en hurlant et riant. Mais toujours, celui en arrêt, main sur ses genoux, ne pouvait pas reprendre sa respiration et ce ne fut qu'à ce moment que les perdants s'intéressèrent à lui. Ses cheveux foncés collaient à sa peau dégoulinant de sueur, une main se posa entre ses omoplates, eh ça va ? puis d'autres posant la même question. Les autres se dissipèrent, voyant qu'il manquait leur ami dans leur cri de victoire afin de le chercher du regard. Sauf que, au moment où le jeune tomba à terre sous ses yeux cachés par quelques mèches sombres, tout autour de lui sembla se mettre en pause. Personne ne bougeait, les passants fixaient celui au sol, ses amis de jeu en pleine allure pour le rejoindre, les oiseaux stagnaient dans le ciel bleu, le temps s'était arrêté.

— Tu vois pas qu'il souffre, Yoongi ?

L'adolescent tourna sa tête dans la direction de la voix, sursauta et fit quelques pas en arrière. Devant lui, se tenait une de ses meilleures amie, cheveux noirs coupés en carré, les yeux opaque, sans aucun reflet et le regardant sans le regarder.

— Notre chef souffre, et tu ne l'aides même pas.

— S-Si je...

— Non, tu l'as tué Yoongi, tu as tué Hoseok même après ta mort.

Les voix retentissaient dans sa tête alors qu'il hurlait de se taire, tout autour de lui avait disparut, il ne restait plus que ces dernières. Ses deux mains sur le crâne, il avait beau essayer de se boucher les oreilles, de s'arracher les cheveux qui se coloraient peu à peu en blanc mais rien n'y faisait, les voix passaient au travers. Ne savant pas pourquoi, il ouvrit les yeux et tomba nez à nez avec cette personne en particulier. Ne devait-il pas être en train de souffrir, là, sur ce sol poussiéreux ? Il le fixait intensément avant de murmurer quelque chose d'inaudible, seules ses lèvres bougeaient, puis, soudainement, le corps du jeune se sentit tiré par en bas jusqu'à tomber au plus profond de cet espace lugubre et effrayant.

En une grande inspiration, le jeune homme se réveilla, la peau dégoulinant de sueur froide. Son lit, ces vêtements, tout était inondé, il voyait flou, les sons de la ville lui paraissaient lointain, comme dans un autre monde, une autre vie. C'était quoi ce rêve ?! Il calma ses respirations alarmantes petit à petit, papillonna des yeux, se leva maladroitement vers sa grande baie vitrée afin de l'ouvrir. Le courant d'air froid caressa sa peau pâle, puis ses pieds nus s'alignèrent l'un derrière l'autre pour arriver à sa rambarde de terrasse. La ville était encore éveillée, peut-être était-ce vers minuit. Les immeubles restaient en partit lumineux grâce aux pubs sur leurs façades, parfum et voiture, une circulation toujours aussi dense que de jour, coup de klaxonne et bouchons. Le ciel paraissait aussi noir que les ténèbres, aucune étoile, rien, les nuages gâchaient tout, peut-être allait-il encore neigé. Accoudé à la barre de fer, ses pupilles noires zigzaguèrent partout dans le paysage jusqu'à s'arrêter à l'enseigne de l'hôpital. Il soupira. Cela faisait une semaine que Taehyung y était suite à son soudain malaise en sport. Il ne l'avait pas accompagné, car il avait soudainement eu peur. Alors il ne savait pas ce qu'avait le jeune, seulement qu'avant de rentré à la fac, qu'il avait eu des soucis de santé. Lesquels ? Il ne savait pas. Les nouvelles le concernant n'arrivait pas jusqu'à lui. Une partie de lui hurlait d'aller demander à quelqu'un de la classe, Jimin, mais l'autre l'interdisait. Mais ce qu'il décida n'arrangea qu'un seul côté : il allait aller directement le voir. Car depuis son arrivée, c'était la première fois que des rêves et des hallucinations apparaissaient, lui donnant certainement des réponses sur ce qu'il était autrefois, avant de se réveillé dans une forêt déserte.