— Récapitulatif de l'année 2534 disponible sur tous vous appareils ! Bonne année !Les cieux surplombaient la capitale d'un blanc divin, un blanc qui émerveillerait chaque philosophe, ou chaque religieux. C'est un signe de Dieu, cette nouvelle année serait-elle une où les âmes se rencontrent ? Tout portait sur le paradis, les esprits tellement cette ambiance était extraordinaire. Jamais il n'y avait eu quelque chose comme ça depuis la nuit des temps. Pour certains yeux qui louchaient sur l'événement, le ciel était tranché par les immenses gratte-ciels d'une modernité sans limite. Des écrans gigantesques les surlignaient, diffusant de la pub à tout moment de la journée, nouvelles inventions, nouvelles collections, ou encore des concerts bientôt disponibles. Bien que beaux et impressionnants, la végétation avait complètement oublié de la capitale, ce n'était à présent plus qu'artificiel. Les seules forêts qu'il restaient se trouvaient hors des villes, souvent habitées par des tribus. Presque plus aucun endroit était inhabité, l'Homme avait surpassé les limites même si les inégalités étaient encore pire qu'avant. Tout était informatisé, le journal papier, les livres, tout avait disparu dans le temps.
Mais malgré toutes ces nouvelles technologies, les populations d'aujourd'hui se préoccupaient beaucoup plus de l'écologie que celles d'hier. Les mers, les lacs, les rivières, les forêts, étaient souvent nettoyés au plus profond, et l'équilibre de la nature avait réussi à se stabiliser. L'Homme avait appris à consommer moins, laissant ainsi chacun à sa faim. La vie marine était plus tranquille. Mais le plus difficile était de réduire les gaz, et au fur et à mesure des années, des tempêtes de pollution apparaissaient de plus en plus souvent. Le monde était alors contraint de se réfugier chez lui, évitant ainsi les gaz toxiques qui créaient plus de deux millions de morts tous les ans. La pollution atmosphérique était désormais le plus haut prédateur.
Sous le ciel blanc, il y avait aussi une grande aire de jeu, perdue entre les immeubles. Une aire de jeu connue par tous les enfants de la ville, mais l'hiver étant présent, chacun préférerait rester chez soit bien au chaud. Il était tout de même constamment occupé par un ou deux enfants. Et c'était ce qu'il se passait aujourd'hui. Seul moins d'une dizaine de petits êtres couraient et rigolaient dans tous les sens. Les mères revenaient souvent à l'ordre, remettez vos bonnets, tes gants !, ou se contentaient de sourire face à la joie que percevaient leurs jeunes visages. Seul un était assis sur un banc de marbre, les jambes ballantes, et regardait le ciel sans réelle émotion. Il avait l'impression d'y être attiré, que les cieux l'appelaient afin de les rejoindre. Son petit corps était caché sous un manteau beige et fourré, et un bonnet noir cachait ses cheveux ébènes. Son visage au trait fin n'avait jamais trouvé la joie, et pour un si bas âge, sa mère, installée à ses côtés, s'en inquiétait beaucoup. Élégante femme aux longs cheveux soigneux, elle cachait elle aussi son corps, mais surtout son ventre rond, sous un long manteau rouge de velour. Elle protégeait et portait une seconde vie.
— Vas jouer avec les autres, dit-elle tendrement en regardant son enfant.
— Je n'ai pas envie...
— S'il-te-plaît, elle lui frotta le dos, comment tu vas faire quand ton petit-frère va arriver ? Tu ne vas pas jouer avec lui ?
— Si... Mais les autres me font peur...
— Tu sais ce que te dis toujours papa, si quelqu'un te fait du mal, il lui rendra la pareille, l'enfant sourit d'amusement. Alors tu n'as pas à t'en faire. Vas jouer et découvre le bonheur d'être avec autrui.Sous les dires de sa tendre mère, le petit garçon quitta son banc d'une timidité impériale. Et, doucement, il s'avança, tapant ses semelles contre le sol, vers le groupe d'enfant de son âge jouant avec un ballon de football. Les deux mains jointes devant lui, la tête légèrement baissée, il s'arrêta à un ou deux mètres d'eux, attendant qu'ils le remarquent. Mais ce ne fut jamais le cas, alors il s'assit au sol, la mine triste plongée sur celui-ci. Les cailloux étaient devenu très intéressants. Même à l'école il n'arrivait pas à se faire des amis, à s'imposer, il était trop timide et avait l'impression d'avoir perdu quelque chose depuis toujours. Quelque chose dont il percevait constamment le manque, même au dessus de ses cinq ans. Quelque chose qu'il fallait qu'il retrouve pour pouvoir être heureux. Quelque chose qui s'approchait au même moment de lui, et qui lui tendit la main.
— Eh !
Il releva alors sa petite tête, et planta ses yeux dans ceux du petit garçon qui se tenait devant lui. Ils semblaient avoir le même âge. Un ballon se tenait sous son bras, et les cinq petits doigts gantés tendu devant lui le laissaient sans voix. Était-ce réellement réel ?
— Qu'est-ce que tu fais là tout seul ?
Sa voix semblait résonner dans son esprit, et à son entente, ses lèvres tremblantes s'étaient tirées en un merveilleux sourire. Il ne s'en était même pas rendu compte. Ce garçon aux cheveux bruns dépassant d'un bonnet blanc, et le corps couvert d'une veste fourrée noire, était le seul qui lui avait parlé sans qu'il n'ai à faire le premier pas. Le seul. Voyant le manque de réaction, il insista en secouant sa petite main avec un large sourire.
— Aller viens ! Lève toi et brille !
Ce garçon semblait avoir tout compris. Compris qu'il n'avait jamais connu le vrai bonheur, et que sa timidité le rongeait peu à peu. Alors, les yeux brillants de mille étoiles, leurs doigts s'enlacèrent et les deux se retrouvèrent à la même hauteur, leurs dents déployées l'un à l'autre. Le ciel s'illuminait. Leurs mains encore attachées, ils n'avaient pas vu leur tâche de naissance semblable à leur poignet. Car entre leurs gants et leurs manches de manteau, leur peau blanche affichait une tâche en forme de demi-Lune sur l'un, et un semblant de flocon sur l'autre. Tout se liait. Ils se séparèrent physiquement, mais leurs regards restaient scotchés, comme si Dieu venait de mettre une dose infinie de glue entre ces deux petits êtes. Peut-être parce qu'ils ont toujours été destinés, et que malgré le temps et l'endroit, deux êtes qui s'aiment se retrouvent un jour ou l'autre.
— Comment tu t'appelles ?
Sa voix résonna à nouveau à travers le vent, et, derrière les nuages blancs, la Lune était belle ce jour-là.

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❝𝐂𝐎𝐄𝐔𝐑 𝐃𝐄 𝐆𝐋𝐀𝐂𝐄❞ ʸᵒᵒᶰᵗᵃᵉ
Fanfiction- Qu'est-ce qu'on devient quand on est mort ? Hein ? - Quand on meurt, on va dans « l'autre monde »? C'est quoi ces questions ? - On va au paradis ou en enfer ? Je n'en sais rien. Ce sont les hommes qui ont inventé le paradis et l'enfer. - Alors, ç...