❅ XI ❅

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— Voilà c'est ici, informa Yoongi en désignant une porte au nom de l'administration.

— Merci beaucoup, heureusement que vous étiez là, il s'apprêta à toquer jusqu'à ce que le jeune reprenne la parole.

— Comment va Taehyung ? L'homme tourna sa tête, le faisant légèrement rougir de honte.

A l'instant où ses yeux de quarante ans se posèrent sur son visage blanc, il fronça les sourcils comme s'il voyait quelque chose d'étrange. Oui, ce n'était pas commun de voir ça, même pas dans les films ni les séries. Yoongi l'observa un instant avant de demander ce qu'il y avait, s'il avait une marque de stylo mais les réponses furent inexistantes. Le père se contenta de secouer un peu la tête comme pour se retirer une image de l'esprit, puis informa enfin l'ami de son fils :

— Il va bien, il sera de retour en début de semaine prochaine. Il m'interdit de parler de ses problèmes de santé alors vous le lui demanderez vous-même.

— D'accord... Mais c'est pas grave au moins ?

— C'est à lui de vous le dire, sur ce jeune homme, je vous souhaite une bonne journée.

Il eut à peine le temps de répondre que l'adulte était déjà entré dans l'administration, le laissant en plan dans le long couloir vide et dépourvue de vie. Il soupira puis reprit sa route pour les toilettes avant que le monde ne s'y acharne, l'heure de la pause s'approchant. Pourquoi l'avait-il regardé comme s'il le trouvait étrange ? Tout le monde de sa classe le prenait pour un non être humain, ce qui en vrai était le cas, alors il avait l'habitude qu'on le fixe d'un air bizarre. Mais avec le père de Taehyung ce n'était pas ce genre de regard, c'était plus celui de la personne voyant quelque chose qu'il n'avait jamais rencontré. C'était pour ça qu'il allait aux toilettes, pour voir ce qu'il n'allait pas avec lui, avec son visage. Mais lorsqu'il fit face à la glace, il n'y avait strictement rien. Sa peau blanche, ses cheveux crème, ses yeux sombres et en amandes, rien n'avait changé ou été rajouté. Il fronça les sourcils, resta quelques secondes devant, avant de finalement abandonner en se lavant les mains.

Ce changement de comportement occupa son esprit le reste de la journée, il essayait d'émettre des hypothèses, première fois qu'il voyait quelqu'un aussi blanc ? Entouré. Aussi beau ? Rature jusqu'à déchirer la feuille puis soufflement d'agacement. Il se laissa tomber sur le dossier de sa chaise, signe nouvelle fois d'abandon puis leva un œil au tableau. Sa dernière heure du jeudi était de l'histoire, bien pour endormir les élèves, non mais quelle idée. C'était un nouveau chapitre, et pour une fois, sur quelque chose dont il n'avait aucune connaissance. Il se nommait « La tragédie du Royaume d'Har ». Heureux d'avoir enfin quelque chose à apprendre, il allait sortir une nouvelle feuille lorsque son regard froid s'arrêta sur une goutte d'eau juste devant lui, sur sa table. Une autre apparut juste à côté, et involontairement, deux doigts vinrent se poser sous ses yeux. Encore de l'eau, il pleurait encore. Voilà la deuxième fois que cela lui arrivait en si peu de temps alors qu'aucune larme n'avait coulé pendant deux cent ans. Il râla donc, s'essuya le visage dans sa chemise puis commença à prendre le cours avec une concentration maximale. Si son corps voulait pleurer, qu'il le fasse pour quelque chose qui en vaille le coup et pas pour rien, ça fatigue et énerve.

Petite sonnerie et la porte du loft s'ouvrit pour laisser passer son propriétaire fatigué de cette journée de cours. Il retira ses chaussures, puis, comme tous les soirs, partit se changer pour mettre son jogging et son t-shirt préféré. Rien que de ce changer cela reposait, relâchait tout le stress accumulé au cours de la journée. D'une simple pensée, son écran géant situé à côté d'une immense baie vitrée s'alluma, donnant sur des enquêtes de polices. Il zappa sur toutes les chaines, mais rien à regarder alors il lâcha un soupir, et à l'instant où il voulu se redresser, une puissante douleur le prit au niveau du cœur. Une main à la poitrine, l'autre se tenant au coussin du canapé angle, il se mit à respirer bruyamment, poussant quelques fois des cris de couleurs incontrôlables, suer à sueurs froides, ses yeux se fronçaient tellement que ça lui faisait mal. Mais cette petite douleur n'était rien par rapport à celle qu'il ressentait à l'intérieur de lui-même. Il avait l'impression que son muscle cardiaque se faisait broyer, découper, poignarder. Comme si une maladie, la mort lui retiraient la vie sans se soucier de la souffrance dont la victime avait. Il se mit alors à se tordre, à hurler à s'en tuer les cordes vocales, ses iris devinrent bleus luisant et sa magie commençait à sortir par les moindres parcelles de son corps, qui tomba au sol sous la douleur. Tout gelait autour de lui, son canapé, la table basse, les plantes, la télévision, les fenêtres. Sous le froid, les lumières éclatèrent, le plongeant ainsi dans le noir où il n'avait plus que la luminosité de la ville pour l'éclairer. Mais quelque chose brillait sur lui, il ne le voyait pas. Un trais dans son dos, au niveau du cœur, luisait d'une couleur cyan, et plus cela s'intensifiait, plus il souffrait, hurlait. Ses cheveux se trempaient, rare étaient les endroits secs sur ses habits, il n'en pouvait plus. Il avait peur, extrêmement peur, jamais ce genre de chose ne s'était passée depuis plus de cinq cent ans, c'était la première fois. Sa peur devint horreur lorsque par un effort surhumain, il rouvrit les yeux pour regarder ses mains, et s'aperçut que sa peau se fissurait comme du verre, tombait en lambeaux sur le sol tapissé avec son sang bleu clair qui tâchait son être, le sol, tout. Mais avant d'avoir eu le temps de réagir face à cette dégradation, il finit par tomber entièrement sur le sol, laissant son corps inerte en plein milieu de son salon vide.

❝𝐂𝐎𝐄𝐔𝐑 𝐃𝐄 𝐆𝐋𝐀𝐂𝐄❞ ʸᵒᵒᶰᵗᵃᵉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant