Chapitre vingt: Un Dernier Lever De Soleil

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— Je suis heureuse que vous soyez venue, Mademoiselle.

Une femme d'âge mûr se tenait assise au centre d'une pièce aux murs couverts de tapisseries. Près d'elle, une théière accompagnée d'un duo de tasses disposées avec soin sur la table basse. L'une d'elles n'attendait plus que l'enfant.

— B-b-bonjour, Madame le professeur.

— Appelez-moi Allaka'zam.

La préceptrice se tourna vers Ya afin de lui donner un sourire chaleureux. Son visage ridé semblait avoir trouvé la paix depuis des millénaires, mais elle se tenait encore avec l'adresse et la vitalité d'une femme de vingt ans. La fillette en fut surprise ; les adultes seraient donc capables d'être chaleureux...

— Je pense que vous êtes au courant pour votre ancien maître... à présent, c'est moi qui me chargerais de votre éducation.

L'enfant baissa la tête, couverte de honte. Le dernier professeur venait de démissionner après le fameux accident de dragon. Personne ne voulait leur pardonner cette erreur jugée terrible.

— Vous prenez sa place pour de vrai ? Même si on est des méchants élèves ?

Allaka'zam se mit à rire, emplit la première tasse avant de prier la princesse de se joindre à elle. Mais alors qu'elle s'apprêtait à la servir, Ya l'arrêta, par politesse.

— Vous n'aimez pas la Bétamille ? De tous les enfants que j'ai connus, pas un seul ne m'a refusé ces infusions, rétorqua-t-elle tout en versant le reste de la théière dans la coupe de la petite.

Un silence s'installa, bien vite atténué par une gorgée de thé.

— Et vous n'êtes pas méchants, pour répondre à votre question. Vous êtes juste des enfants, votre frère et vous. C'est normal, de faire des bêtises. C'est ainsi que l'on grandit. Les adultes oublient qu'ils ont un jour été des zouaves.

Ya lâcha un piaillement amusé. Quel drôle de personnage ! Personne ne lui avait jamais parlé de cette manière.

— Dites-moi, Mademoiselle, qu'avez-vous appris avec mon collègue ?

Elle rougit de nouveau. Son ancien professeur privilégiait l'éducation de son frère et travaillait rarement avec la petite. Elle connaissait à peine ses chiffres et ses couleurs. C'était révoltant, pour une jeune fille de son rang. Sa mère, à cinq ans, savait déjà lire et compter jusqu'à deux cents. En comprenant cela, Allaka'zam secoua la tête.

— Ne vous en faites pas... je vais rétablir la situation. Et si vous vous ennuyez tant que cela, nous pourrions toujours allez rendre visite à ce cher Beurk !

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Au matin du départ, tous les soldats – ou presque – se réunirent dans l'une des salles d'entraînement. Celkie avait réveillé Sorenn au beau milieu de la nuit sans aucune explication. Il l'avait aidé à « s'évader » de l'hôpital pour le traîner jusqu'au gymnase du troisième palier dans lequel un étrange événement se préparait. La masse d'hommes en uniforme s'était entassée sur les bancs, près des murs et des appareils qui meublaient l'endroit, laissant ainsi un cercle parfait de vide au centre de la pièce.

On suffoquait. C'est à peine s'ils avaient assez de place pour poser leur deux pieds à terre. Celkie parvint à se grandir suffisamment pour avoir une vue sur la scène, mais Sorenn ne put suivre le mouvement. Il avait beau jouer des coudes, les deux soldats de première ligne tassés devant lui refusaient de le laisser passer.

PANDORA-IV [Les enfants de Kirisben]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant