Chapitre sept: L'assassin

74 8 32
                                    

L'atterrissage fut mouvementé. Sirius avait contacté la salle des machines en urgence pour leur conseiller de bien s'accrocher. Ils auraient pu sombrer au beau milieu d'un lac, mais fort heureusement le Pandora IV s'en sortit au prix de quelques arbres arrachés à une forêt. Il y eut quatre rebonds à s'en briser les os avant le calme plat. Enfin, ils pouvaient souffler. Marina annonça finalement qu'ils se trouvaient sur la terre ferme une fois que tous l'eurent compris, en vue de l'impact qui venait de martyriser leurs pauvres articulations.

Sorenn fit quelques pas maladroits pour rejoindre le devant du vaisseau et observer l'extérieur derrière le vitrage. L'étoile principale se couchait à l'horizon. On pouvait apercevoir trois lunes à travers les hublots, toutes plus grosses les unes que les autres.

— Tout le monde va bien ?

— Oui, Capitaine...

— Marina ? Analyse extérieure.

La température actuelle est de vingt-huit degrés. L'air y est respirable. La gravité est légèrement inférieure à celle de Rajab, d'Arossa et d'Ysnalor. Aucune civilisation détectée en périphérie du vaisseau. Aucun signe de vie animale, aucune créature mortelle ou dangereuse dans un périmètre de cent trois kilomètres. Le nom de cette planète est étranger à ma base de données.

Les mécaniciens déboulèrent auprès des pilotes quelques secondes plus tard, les mains couvertes de cambouis et les cheveux en bataille. Les rotules d'Ayah subissaient encore les secousses. La violence du choc avait fait pâlir son visage d'au moins deux teintes.

Elle se frappa les joues, reprit ses esprits avant de replacer tant bien que mal son gros sac sur le dos. Sorenn fut surpris de voir la technicienne passer un tuyau sous ses narines. Il se souvint qu'elle le portait déjà lors de l'attentat, mais il n'avait pas encore eu l'occasion de lui en parler.

Heug abordait un grand sourire malgré la situation; personne n'avait voulu le croire à propos du danger et les voilà exilés sur une planète inconnue ! Il était secrètement fier, car maintenant, il était sûr d'être écouté. Au tour de sa collègue de poser des questions à l'intelligence artificielle, elle qui se pensait si maligne...

— Marina ? Analyse technique.

Les données se mirent à défiler sur l'écran de sa montre. En un coup d'œil, elle eut un aperçu du cœur du problème.

— Les canons... encore et toujours ces fichus canons... Si je pouvais... Marina, analyse totale.

Elle sentit les doigts d'une main fine se poser délicatement sur son épaule.

— Ayah... Il vaudrait mieux qu'Heug s'en charge, cette fois.

Son rival eut un rictus moqueur. Il tenait enfin sa revanche, mais, malheureusement pour lui, ne pouvait pas entamer ses réparations dans l'instant. Les moteurs étaient chauds et il fallait au moins une heure de repos avant de pouvoir les trafiquer à sa guise.

— Autant en profiter pour poser un pied à terre, soupira Sirius.

Ils n'avaient pas le choix. Sorenn se rendit utile en aidant Heug à transporter toutes sortes d'équipements d'un bout à l'autre du vaisseau. Tous soudés, chacun occupait une tâche précise sans avoir besoin de négocier. Le groupe s'aventurait enfin à l'extérieur.

La porte s'ouvrit sur un monde encore jamais exploré. Le sol boueux parsemé de végétation exotique renfermait des tas de trésors encore secrets aux yeux de l'univers. Sous les feuilles démesurées, des centaines d'insectes sortaient de terre, la creusaient, la moulaient à leur guise pour former tanières, nids et fourmilières. Ici. Là. En haut. En bas. Partout. Tout se transforme et tout s'agite en murmures. Le petit groupe s'était écrasé au beau milieu de la forêt tropicale.

PANDORA-IV [Les enfants de Kirisben]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant