Chapitre Dix-Neuf: La Bénédiction Au Crâne Rasé

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Arrêtez... S'il vous plaît... Arrêtez...

Une lame de rasoir passe. Une masse de cheveux tombe sous ses coups répétés. Elle entaille parfois le crâne minuscule qu'elle tond avec violence.

— Arrêtez... je veux pas...

—La ferme !

Une gifle s'envola. Les larmes qui dégoulinaient désinfectèrent la blessure que le soldat venait d'infliger à l'enfant qui tremblait de froid sous la lumière des néons ultraviolets. La petite pièce mal éclairée empestait l'essence, ce qui le fit tousser.

— Bouge encore une fois et je te t'égorge. Tu comprends, égorger ? Tu comprends, sale vermine dégueulasse ?! T'entends quand je te parle ? Tu vas crever, c'est tout ce que tu mérites !

Il attrapa le bambin par le col et commença à le secouer de plus belle, ignorant ses cris suppliants. Maintenant, c'était de peur qu'il tremblait.

— On va vous supprimer, toi et tous ceux de ton espèce !

Le mercenaire émergea de son hystérie lorsque le rasoir vola en éclats contre le carrelage glacé. Il se racla la gorge, s'écarta un instant pour laisser l'enfant se rasseoir docilement.

— Retire tes vêtements.

Rongé par l'impatience, l'homme arracha lui-même que portait la créature fragile en essayant de la faire taire. Elle se recroquevilla sur sa chaise en hoquetant, terrifiée. Il lui restait un bijou autour du cou. Le soldat attrapa le pendentif de cristal entre ses doigts squelettiques.

— Non ! Non touchez pas ! C'est ma bénédiction !

— Dis au revoir...

Il lui arracha le collier d'un coup sec, le força à enfiler un uniforme incolore avant de le pousser à l'extérieur de la salle par une autre porte. Là, des mains gantées l'attrapèrent de toutes parts et le trainèrent sous la lumière aveuglante. Bientôt, il ne resterait plus rien de lui. Comme tous ceux qui l'avaient précédé. Comme tous ceux qui arriveraient après.

Le soldat replaça sa chemise et fit craquer les os de sa nuque après avoir poussé un long soupir. Tout était devenu étrangement calme. Serein. Une boîte monta depuis un élévateur jusque sur la table. Il y déposa les vieux vêtements du petit et, après l'avoir observé encore un peu, le cristal. La boîte pleine repartit dans le tube aussitôt que l'homme l'eut refermée. Il la regarda tomber puis se frotta les mains ; il était temps de reprendre ses esprits.

— Au suivant...

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Le corps de Sorenn gisait, branché à des câbles aux couleurs diverses. Seul le son régulier qui indiquait les battements de son cœur perdurait dans la pièce. Ce son lui était familier. Il l'avait déjà entendu de nombreuses fois dans les laboratoires de l'usine, depuis sa naissance jusqu'à son enlèvement.

Sa vision trouble ne tarda pas à s'éclaircir sur la salle stérile dont il était le pensionnaire. Une chambre. Il se redressa immédiatement après avoir retrouvé ses esprits. Ayah, présente à ses côtés depuis le début, le força à se rallonger.

— Du calme ! Du calme...

— Ayah...

— Je suis là. Reste calme.

La porte s'ouvrit sur Sirius qui la referma derrière lui. Ses yeux éteints ne laissaient déborder aucune émotion. Il était stoïque, comme d'habitude. Prétentieux, il avait pourtant baissé la tête face aux regards meurtriers que lui lançait Ayah, restée au chevet de l'androïde depuis qu'il s'y trouvait. Plutôt que de s'approcher du blessé, il préféra détourner le visage et s'appuyer contre la chaise du bureau, dans un coin. Kelp ne tarda pas à arriver à son tour, les yeux emplis de remords.
— Où suis-je ?

PANDORA-IV [Les enfants de Kirisben]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant