Kelp voulut se défendre, mais Sirius l'en empêcha d'un signe de la main. Son pistolet était plus puissant que leurs armes primitives, mais ils étaient bien plus nombreux et mieux valait ne pas déclencher une tuerie.
Les créatures sauvages s'approchaient d'un pas boitant, empaquetées dans plusieurs couches de draps sales maintenues sur leurs deux pattes par de fines cordes. Ils possédaient tous le même visage aux yeux globuleux. On n'y distinguait ni iris ni pupille. Une sorte de groin hideux dont s'échappait un râle gras remplaçait leur bouche. Une odeur putride envahissait l'espace.
Le meneur de cette meute s'avança face au petit groupe – sans trop s'approcher, par prudence – et se mit à jacasser dans une langue incompréhensible. Heug fit la moue.
— Eux pas parler spero !
—Mais toute la galaxie parle le spero ! Comment est-ce possible ?!
Ils furent arrêtés par un grognement agressif. Le chef ennemi ne voulait pas les voir converser. Avait-il peur de quelque chose? Ses respirations bestiales montraient une certaine lassitude. Vite. Vite. Le temps commençait à manquer. Le Pandora IV devait agir avant que la situation tourne au drame. Une fois de plus, ce fut à Sirius de prendre les choses en main.
— Ery corosary al maha... Evy akam Sulansanavy ? Na ghamary quia –¹
Ils ne le laissèrent parler plus longtemps. Une balle siffla dans l'air et le toucha au bras. Il tomba sous son impact.
— Sirius !
Sorenn se précipita vers lui, ignorant les beuglements féroces des monstres.
— C'est bon, elle m'a juste éraflé. Primates ! Ah, peste... je te promets que si je pouvais...!
Le meneur s'approcha encore. Les voir ainsi vulnérables faisait grandir sa confiance en lui. Elle devint si forte qu'il alla jusqu'à pointer son arme sur le front du capitaine. Heug rattrapa Sorenn pour le forcer à reculer. Ils se devaient de coopérer, car au moindre mouvement brusque, l'homme appuierait de nouveau sur la détente.
Sirius voulut reprendre la parole. On le fit taire. D'autres monstres difformes s'emparèrent de ses amis. Kelp, puis Heug, puis Sorenn. Le plus jeune se mit à pleurer. Qu'allaient-ils subir, maintenant ? Venir sur cette planète était une grossière erreur et à présent, ils allaient périr. L'un d'entre eux attrapa de la manche d'Ayah.
— Ne me touchez pas!
Elle se saisit de l'arme de son agresseur après l'avoir assommé d'un coup de coude et accourut auprès de Sirius, le revolver pointé sur le chef adverse. Sorenn ferma les yeux. Il refusait de voir le massacre. Plaqua ses mains sur ses oreilles. Mais il n'entendit pas un seul cri. Pas un seul coup de feu.
Ayah s'était mise à parler. Elle parlait une langue étrange, bien différente du spero qu'on lui connaissait. Un argot étrange, sans charme, aux consonances barbares. Et contre toute attente, le chef fit signe à ses hommes de baisser leurs armes puis de relâcher les prisonniers. Elle dialoguait avec le monstre comme elle l'aurait fait avec un de ses amis.
— Ils nous demandent de les suivre.
1. Nous venons en paix... vous me comprenez ? Nous ne sommes que –
— Tu les comprends ?
— Discutez pas. Montez dans les voitures. Un par véhicule, par contre. Ils s'méfient de nous.
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PANDORA-IV [Les enfants de Kirisben]
Ciencia FicciónSorenn n'était qu'une machine, un moins que rien maltraité par ceux pour qui il travaillait. Forcé à s'épuiser dans une usine sinistre, sa vie s'effondre lorsqu'un groupe de criminels fait irruption dans son laboratoire. Ces pirates cherchent un tré...