Chapitre quatorze: Une affaire de paliers

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Les amis se levèrent et quittèrent la salle dont la lumière leur meurtrissait les yeux.

Ils furent très vite intégrés à la masse de rebelles. On leur offrit un uniforme et un toit pour deux mois. C'était un appartement aux murs étroits. Les meubles étaient recouverts d'une fine couche de poussière. Le papier peint vieilli tombait en lambeaux et ils disposaient à peine de l'eau chaude et de l'électricité. Tous les appareils semblaient vieux de dix ans et seul un petit poste de radio animait la pièce principale, qui servait à la fois de cuisine, de salon et de salle à manger. Et partout dans la maison régnait une senteur étrange, comme du gaz adroitement mélangé à l'odeur de bois brûlé. Ayah n'eut pas à se battre pour choisir son lit; elle avait une chambre à elle seule, tout comme Zora à l'hôpital.

Celkie courait dans toute la maison comme un enfant surexcité. Il retrouvait ces lieux et ces parfums qui lui étaient si familiers. Il avait même salué les voisins en entrant sur le palier. Heug, Sirius et Horace firent un aller supplémentaire jusqu'au Pandora IV afin de récupérer leurs affaires. Bientôt, chaque objet était rangé et ils se sentaient presque chez eux.

— Maintenant, glissa Ayah toute contente, je vais enfin pouvoir manger mon chocolat...

Mais la sonnerie retentit à cet instant, ce qui la coupa dans son élan. Elle fut contrainte d'ouvrir l'inconnu. À la vue de la femme dodue qui se tenait dans l'entrebâillement de la porte, Celkie sauta de joie.

— Mama Salvadora !

Le métamorphe repoussa Ayah afin d'enlacer cette mystérieuse dame.

— Mama Salvadora, voici Ayah, une de mes amies du Pandora. Ayah... voici ma mère.

— T-t-ta... mère ?

Elle secoua la tête de stupéfaction. Madame Salvadora ne ressemblait pas du tout à Celkie. Elle en était même totalement opposée. Elle n'était pas de la même espèce.

— Comment va mon petit berlingot d'amoooouuuur ? Je me suis fait du souci pour toi ! Ton dernier équipage a eu de gros ennuis ! Comment ont-ils pu abandonner un adoraaaaaable cœur en sucre dans ton genre ?

— C'est bon, Mama... soupira-t-il, gêné. Qu'est-ce qui t'amène ?

— On m'envoie vous dire que vous passez les tests d'aptitudes dans trente minutes. C'est au hangar huit, porte trois. Dépêchez-vous, surtout.

Et la femme repartit comme elle était venue sous le regard stupéfait des nouveaux Insurgés. Sirius prit une grande inspiration.

— Jamais je n'aurais cru voir ta mère un jour, Celkie. Elle a l'air... gentille.

Tous éclatèrent de rire avant de quitter l'appartement pour se rendre au hangar huit. Horace traînait des pieds. Il s'était fait une raison. Lui ? Soldat ? Jamais de la vie, et de la mort non plus ! Il n'était pas de ceux qui frappent, mais de ceux qui enseignent. Pourtant, il n'eut pas vraiment le choix.

Les tests d'aptitude furent incroyablement simples. D'abord un rapide examen médical pour mesurer leur condition physique, puis un exercice afin de tester leurs réflexes et leur résistance. Après ce dernier, les membres de l'équipage furent répartis dans les trois sections d'entraînement selon leur niveau estimé.

Au premier palier se trouvaient Sorenn et Horace. Ils intégraient les rangs les rangs pour la première fois de leur vie et le cartographe n'était pas franchement rassuré. Ils n'avaient jamais touché à une arme, encore moins à une personne ! Qu'allaient-ils subir après tout ce qu'on leur avait fait ? Il lui arrivait très souvent de regretter sa patrie, mais, au fond, une nouvelle expérience à toujours sa part d'excitation et d'inconnu.

PANDORA-IV [Les enfants de Kirisben]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant