Les premiers rayons du soleil finirent par passer au travers des barreaux. Le monstrueux grincement de leur porte de cellule les réveilla en sursaut. C'était le grand jour. C'était leur tour. Très vite, ils perçurent dans la pénombre les premiers pas de la P.U.R.G.E qui s'apprêtait à les conduire à la mort. À l'instant où Sorenn quitta la pièce crasseuse, un soldat le saisit et le secoua avec tant de brutalité qu'il se sentit presque fondre sous son emprise. Il retint un gémissement de douleur ; un peu plus et il perdait son bras !
Certains pleuraient encore. D'autres, ne sachant plus quoi penser, riaient aigrement. On entendait les respirations irrégulières des Insurgés mais, là encore, pas un mot ne vint entacher leur honneur. Ils étaient des guerriers, et rien ne pourrait détruire la force de leur cœur. Pas même l'échafaud.
Mais Horace n'était pas un guerrier. Il n'avait jamais voulu défier les lois. Sa vie tranquille s'était effondrée si vite... il était trop tard pour la regretter. Il avait choisi le mauvais camp. Le camp des Méchants. Et dans toutes les histoires qu'il avait lues, les méchants n'emportaient jamais la victoire.
Ses cris retentirent de plus belle lorsqu'une femme tenta de le mettre debout. Il refusait d'avancer mais ne put lutter contre la force des soldats. Enfermé dans sa peur, il ne vit pas le regard attristé de son bourreau qui, au fond, semblait dégouté de ses propres actes. Mais quel autre choix avait-il ? Entre sa vie et celle d'un inconnu, il ne pouvait qu'accepter son travail.
Ne restait plus que Sirius dans un coin de la pièce, encore plongé dans un profond sommeil. L'officier chargé de la mission finit par entrer lorsqu'une de ses troupes revint bredouille. Sorenn vit passer le soldat qui paniquait sous son casque.
— Il... il ne se réveille pas...
— Et bien secouez-le !
— Il ne respire plus, Lieutenant !
— Pardon ?!
L'adolescent se sentit défaillir. L'homme qui le retenait le força à rester droit sur ses jambes. La révolution avait lamentablement échoué et le nouveau prince, ayant tout juste retrouvé la seule famille qu'il avait, la perdait pour de bon. Le lieutenant s'approcha du jeune adulte pour lui donner un petit coup de pied sur le crâne. Rien. Aucune réaction. Qu'était-il arrivé ? Les prisonniers n'avaient aucun souvenir de la nuit passée.
— Un de moins à vider de ses tripes, c'est déjà ça.
Soudain, Sirius ouvrit les yeux, repoussa ceux qui l'approchaient et cracha à la figure de l'officier.
Un cri. Une réaction. Une seconde d'inattention qui redonna espoir à ses hommes.
— FUYEZ !
Cinq d'entre eux parvinrent à se libérer sur-le-champ. Ils volèrent les armes des mercenaires pour les menacer. Tirèrent sur les plus violents qui s'effondrèrent dans l'instant. Un combat s'engagea dans le couloir nauséabond. On y voyait à peine. Les silhouettes amies et ennemies se confondaient, mais on tirait quand même. On tirait en priant pour ne pas avoir touché un compagnon, un frère ou un allié.
Et on entendait seulement les râles étouffés par le son sec des crânes qui se brisent. Tous les Insurgés se dispersèrent sous les beuglements enragés du lieutenant. Des renforts. Il fallait des renforts. Trop tard ; les rebelles s'étaient mis à courir aussi vite que leurs jambes pouvaient les porter.
Un autre groupe de la P.U.R.G.E débarqua moins de trois minutes après l'alerte pour neutraliser Sirius. Le prince se battit, se débattit autant qu'il put. Un coup l'entraîna à terre où il resta, immobile, à se faire piétiner.
Un hurlement perçant déchira la gorge de Sorenn. D'épaisses larmes brûlaient ses joues déjà creusées de sillons. La douleur était trop forte pour son corps si faible. Insupportable.
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PANDORA-IV [Les enfants de Kirisben]
Science FictionSorenn n'était qu'une machine, un moins que rien maltraité par ceux pour qui il travaillait. Forcé à s'épuiser dans une usine sinistre, sa vie s'effondre lorsqu'un groupe de criminels fait irruption dans son laboratoire. Ces pirates cherchent un tré...