Chapitre vingt-cinq: Adieu, petite Ya.

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Ils arrivèrent de partout. De l'entrée, des couloirs, des escaliers. C'était fait. Ils avaient réussi.

Les armes sortirent de leurs cachettes. Les masques tombèrent les uns après les autres sous le bruit des coups de feu. Le Général Cornélius commença à donner ses ordres.

— Boniface, défendez le hall ! Second et troisième palier, avec moi !

Son geste entraîna la foule de soldats vers les escaliers. Ils les montèrent en vitesse pour accéder à l'étage. Un endroit agréable, empli de tableaux auxquels les Insurgés s'interdirent de toucher. Ils n'étaient pas là pour piller.

La P. U. R. G. E se trouva impuissante contre cette masse enragée pour qui l'ascension parut d'une facilité déconcertante. De temps à autre, un homme tombait sous leurs tirs. Procédure inutile ; les Insurgés avaient recruté toutes les créatures en âge de porter une arme, même si certains d'entre eux semblaient ne pas en être capables. Sorenn reconnut le cadavre d'une jeune fille, morte sur le coup juste devant lui. Il ne put que l'enjamber et continuer à avancer.

— Nicola et Pointcarré, défendez l'étage avec les renforts.

Son costume en lambeaux irritait sa peau. Son front trempé de sueur supportait de moins en moins l'atmosphère brûlante. Ses yeux voulaient se fermer. Ses jambes cesser de marcher. Son cœur arrêter de battre. La guerre était une chose terrible. Tout allait trop vite autour de lui, si bien qu'il fut contraint de s'adosser à un mur, le temps de reprendre son souffle.

Sirius aperçut son compagnon en difficulté. Il s'empressa de le rejoindre et, tout en encastrant une balle dans une tête ennemie, posa sa main libre sur l'épaule de son ami. Lui aussi, bien qu'habitué à ce genre de tueries, semblait éreinté.

— Ressaisis-toi.

Un maigre sourire naquit sur les deux visages. De l'entraide naissait une volonté d'acier. Renaissait la détermination. Revivait l'espoir d'un monde meilleur. Ils retrouvèrent leur groupe juste à temps.

Les deux lourdes portes de l'amphithéâtre s'ouvrirent dans un grand fracas.

— Que personne ne bouge !

Les conférenciers se turent immédiatement. Choc. Peur. Incompréhension. Aucun d'entre eux ne s'attendait à une attaque. Aucun d'entre eux ne s'attendait à devoir risquer sa vie. Les militaires se retrouvèrent les bras ballants après avoir liquidé leurs chargeurs entiers dans le vide. L'ennemi était plus fort. Certains Insurgés firent évacuer les petits monarques et dirigeants innocents pour ne garder en otage que le Grand Chancelier, figé de stupeur sur son piédestal.

C'était lui. Sorenn le rencontrait enfin. Il ne l'avait jamais vu auparavant, mais savait. Cet homme, au centre, face à tous les autres... ne pouvait être que lui, objet de tous les regards et de toute l'attention. Des millions de millions de conscients observaient la scène au travers des caméras présentes. Cornélius en avait conscience et comptait bien en profiter pour répandre la vérité aux quatre coins de l'univers.

Une fois le dernier politicien sorti de la salle, on bloqua de nouveau l'entrée avec ce qu'il restait des portes. Débuta le procès du Roi des rois. Pyyron fit tomber les armes de ses hommes malgré leurs vives protestations. Son visage s'était étrangement détendu. Il montrait à présent une confiance en lui plus qu'improbable, si sûr de lui qu'il se permettait de mettre sa vie – et celle de ses derniers gardes – en danger.

— Vous voilà donc, après tout ce temps... Général Cornélius !
Il observa attentivement les hommes dont le chef des Insurgés s'était entouré.
— Et voici Sirius, le prince rebelle dont j'ai si souvent entendu parler !

PANDORA-IV [Les enfants de Kirisben]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant