Chapitre douze: E comme Exomage

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Puisqu'il commençait à se faire tard et qu'ils n'avaient toujours pas mangé, les membres du Pandora se décidèrent à prendre un repas dans l'un des restaurants qui ornaient les rues proches du parc à vaisseaux.

Le soleil fait d'hologrammes descendait rapidement derrière l'horizon. Les néons fluorescents de la galerie marchande illuminaient le devant des échoppes où toujours autant de monde se promenait. On aurait juré se trouver sur n'importe quelle planète habitable, mais il ne fallait pas s'y méprendre; l'odeur ambiante du neurodium et le bruit léger des hélices d'aération apportaient à l'atmosphère une touche d'originalité introuvable sur la terre ferme.

Ils n'avaient pas encore quitté l'espace. Un nouveau dilemme s'offrait maintenant à eux : pourquoi se coltiner des plats lyophilisés quand tous pouvaient manger dans un restaurant ?

Et surtout... Comment se décider ? Du ragoût à la yorienne, des brochettes d'algues à la domitraenne, de la viande à la xandarienne... Une fois de plus, ils n'avaient que l'embarras du choix.

Pour faire plaisir à Heug, ils se rendirent dans une brasserie typiquement alrane. Ce dernier fut le plus heureux de l'univers lorsqu'il découvrit enfin des êtres de son espèce et de son système. Il retrouvait la culture de sa patrie au travers des plats et de la décoration géométrique baignée de couleurs. Il retrouvait sa langue, celle avec laquelle il était né et avait grandi.

Quelques mots bafouillés lui vinrent lorsqu'il rencontra le gérant moustachu assis derrière le bar. Ces mots devinrent des phrases inondées par la nostalgie du pays que les deux hommes avaient quitté. La conversation que seules ces deux créatures à cornes pouvaient suivre se termina en étreinte amicale. Il y avait toujours un frère à l'autre bout de la galaxie. Il y avait toujours quelqu'un pour nous aider.

Le chef, tout sourire, lui indiqua finalement où le groupe pouvait s'installer. Sorenn fut placé entre Horace et Zora par simple question de sécurité. Il se sentait bien plus rassuré avec la demoiselle à ses côtés. Sirius, visage toujours caché sous son épaisse capuche, força Ayah à s'installer pile à l'opposé du méta-droïde. Ainsi, pas de frayeurs ni de menaces. Ils passeraient un bon moment sans se soucier des tensions qui pourraient naître entre eux. De plus, Sorenn ne risquait pas grand-chose car la jeune femme, encore perturbée par son erreur, tentait de se faire la plus discrète possible.

Assis autour de la même tablée, ils discutaient de tout et de rien pendant que les actualités défilaient sur un écran, tout près du bar. Elles n'étaient pas vraiment réjouissantes. L'homme et la méduse qui présentaient le journal quotidien affirmaient qu'une menace pesait sur l'univers tout entier, confirmaient donc les paroles du capitaine... ou presque.

— Et oui, Agäis, la Nation est actuellement en proie à de plus en plus de manifestations pro-exomages, et ce malgré la prolifération du virus transmis par les exomages. Les laboratoires du Conseil Astral parviennent vérifier leurs anciennes théories; de plus en plus de déviants se manifestent. Cette dangereuse épidémie ne laisse donc plus d'autre choix aux forces de l'ordre, qui tentent de protéger les systèmes encore intacts.

— Les exomages, infectés par une maladie ? C'est nouveau, ça...

— On peut dire que ces gens sont... virulents !

— La ferme, Celkie.

Le petit homme noya son humour douteux dans une gorgée de sirop. Il manqua de cracher sa boisson à la figure d'Ilam qui s'amusait à lui pincer le ventre. Le jeune garçon refusait d'observer la télévision. Il refusait d'admettre que, dans cette histoire, il avait choisi le camp des « méchants ».

— Pourtant, quelques planètes isolées demandent la libération des peuples qui leur ont, et continuent de leur faire subir de nombreux dégâts. Nous assistons à l'émergence de théories conspirationnistes qui pointent du doigt des pratiques allant à l'encontre des droits conscients. Le Grand Chancelier serait, selon elles, responsable de milliers de morts et d'abus de personnes infectées, thèses qu'il a lui-même qualifié « d'ignobles » et « immorales ». À la fin de son précédent discours, il appelle la galaxie à « unir sa force et sa confiance dans le Conseil Intersidéral afin d'échapper à une guerre civile », avant d'assurer que « les exomages capables de guérir sont envoyés en centres de soins. Les autres, malheureusement, se voient contraints d'être supprimés pour éviter une souffrance inutile ».

PANDORA-IV [Les enfants de Kirisben]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant