Chapitre 30 ✅

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Vendredi 31 mai, 11h26

À peine suis-je rentrée chez nous que j'attrape mon smartphone. Bien sûr celui d'Alaric sonne dans le vide. Je m'allonge sur notre lit, ferme les yeux et me connecte à mon réseau. J'ai l'impression de parler informatique ! En même temps, personne ne m'a rien expliqué donc je fais ce que je veux ! Il faudrait peut-être que je trouve un langage plus fantastique, magique. À réfléchir.

Je trouve Alaric facilement. Mes connections sont de moins en moins énergivores. Cela fait du bien.

Tu ne réponds jamais à ton téléphone ?

Il est dans la voiture, désolé.

Je souris face à son repenti, lui qui est souvent plus qu'arrogant !

As-tu bientôt fini ?

Pressée de me voir bébé ? Mon magnifique corps te manquerait-il ?

Je lève les yeux au ciel, ça ne pouvait pas durer non plus.

Range ton ego dans le frigo et écoute-moi.

Quelle-est cette expression ?

C'est bien, je le fais marrer mais on a d'autres chats à fouetter !

C'est de moi, fallait que ça rime. Maintenant écoute-moi. Je te trouve très dissipé !

Je t'écoute.

Il faut que je te parle d'Eli. Alors, j'aimerais savoir quand est-ce que tu rentres.

Est-ce grave ?

Pas selon moi, mais c'est très important.

Elle va bien ?

Je ne suis pas sûre. Bon réponds à ma question maintenant. Quand rentres-tu ?

Il me fait mariner, l'enfoiré !

Je suis en route depuis que tu m'as contacté.

Et tu ne pouvais pas me le dire avant ?!

Non, c'était très drôle.

Purée ! Tu as quel âge ?!

Plus de trois fois le tien.

Oui bah pas dans ta tête ! Bon je vais faire le déjeuner, il est presque midi. À toute mon loup.

Je suis là dans quinze minutes.


En une quinzaine de minutes, j'ai eu le temps de préparer une plâtrée de pâtes, des haricots verts pour accompagner les deux énormes steaks qui attendent leurs aller-retours sur le grill de l'enfer. Bon, il est clair que je ne suis pas un cordon bleu mais je me débrouille. Une fois la table mise, je m'assieds et attends mon mari. Une évidence me frappe, je n'aime pas rester à la maison à attendre seule que monsieur rentre. C'est sûr que je ne peux pas reprendre mes études pour l'instant. Il faut d'abord que je maîtrise mes pouvoirs. Imaginez la panique si je m'énerve et que mes yeux tournent à l'orage. Je deviendrais vite un phénomène de foire. Mais, plus tard, j'aimerais reprendre mes études de médecine enfin si mes nouvelles fonctions de compagne d'Alpha me le permettent. Le moment venu une sérieuse discussion s'imposera.

J'entends les clés dans la serrure de la porte d'entrée. Je me lève pour aller faire cuire les steaks. Quelques secondes s'écoulent avant que je ne sente les mains d'Alaric se poser sur mon ventre et sa bouche dans mon cou.

– J'aime rentrer et voir ma petite femme en train de me préparer à manger.

Cette phrase me hérisse le poil et me terrifie ! Notre petite discussion s'impose plus vite que prévu.

– Ne t'habitue pas. Je veux que cela reste exceptionnel. Je n'aime pas rester seule à la maison. J'ai besoin d'un boulot. J'ai besoin de bouger. Je suis trop jeune pour finir femme au foyer même si je n'ai rien contre elles, je suis simplement trop jeune, je veux voir plein de chose avant.

Il rit de ma tirade, éteint le gaz, les steaks sont cuits. Il me prend par les épaules et me tourne vers lui. Son regard ancré au mien, il me rassure.

– De par ta nature, tu ne pourras pas être femme au foyer, jamais. Tu auras des responsabilités au sein de notre meute et je croyais que tu voulais être docteur ou un truc dans les genre.

Je souffle un bon coup, j'ai eu une petite monté d'angoisse pour rien.

– Je me sens mieux. Je me voyais devenir folle.

Il rit de plus belle puis me colle à lui, mes bras l'encerclent naturellement.

– Viens on va manger et on parlera après.


Vendredi 31 mai, 12h15

Ce que l'on peut dire, c'est qu'il avait faim. Ce n'est pas un loup, c'est un ogre ! Il ne reste rien, il a même fini mon assiette. Tout ça en quelque minutes.

– Je t'écoute bébé.

Comment je lui annonce ? Il est assis près de moi, sa main dans la mienne. Je souffle incapable de me lancer. Mon mari, lui s'impatiente.

– Hé bien vas-y.

– Heu... je cherche mes mots.

– À ce point là ?

Je vais essayer de faire ça en douceur.

– As-tu déjà vu la louve d'Eli ?

Il réfléchit, fronce les sourcils.

– Non, je ne crois pas. C'est étrange d'ailleurs, elle a une malformation ?

– Pas exactement, non.

– Bon arrête de tourner autour du pot. Ha si je pouvais rentrer dans ton cerveau comme tu le fais, je ne me gênerais pas.

– Tu ne t'y retrouverais pas entre toutes les licornes, les griffons, les trolls et les elfes. Sans compter les créatu ...

– Faustine.

Il grogne à moitié. Bon OK. Je lui dis tout d'une seule traite, c'est parti.

– Eli est née d'un bêta et d'une Alpha, elle a un don, c'est une pisteuse. Il se p...

– BORDEL !

Il se projette vers la porte, faisant tomber sa chaise. Je le suis, le cœur au bord des lèvres, les Tambours du Bronx dans les oreilles ! Est-ce qu'il a compris ? Est-ce que j'ai fait une bêtise ? Merde, qu'est-ce qu'il va faire ? Je suis sur ses talons. J'essaie de stopper sa course mais il est trop agile. Il descend à toute allure les escaliers qui séparent nos appartements. Je ne sais même pas de quelle humeur il est. Il bouillonne, ça c'est sûr ! Je sens sa colère, sa frustration.

Alaric.

Pas maintenant.

Ne fais rien d'irréfléchi s'il te plaît.

Une main sur la poignée, il se tourne vers moi, un sourire sadique sur les lèvres et le regard fou. Merde, merde, merde. Il entre.









Les Gardiennes, tome 1, FaustineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant