Chapitre 23 ✅

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Mettez vos écouteurs, chapitre accompagné (si vous le voulez) de musique. Racontez-moi votre ressenti. Bonne lecture.


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Dimanche 19 mai, 21h35

Alaric me fait entrer dans un bureau vide. On dirait une sorte d'agence ou je ne sais quoi.

– Où sommes nous ?

– Il y a une bonne dizaine d'années, j'ai voulu mettre en place une agence d'adoption pour ces enfants rejetés. Personne ne s'est jamais présenté. J'ai dû la fermer. Nous pouvons discuter tranquillement ici. Tout est insonorisé.

Je hoche la tête et attends ses explications. Il le comprend, passe une main nerveuse dans ses cheveux et m'invite à m'asseoir sur un canapé dans le fond de la pièce. Il se pose près de moi, entrelace nos doigts et plonge ses yeux dans les miens.

– Voilà ce que nous savons.

Il déglutit avant de reprendre.

– Apparemment, les enfants, tous dans leur âge de première mutation, se sont défenestrés simultanément et volontairement. Du moins, personne ne les a poussé.

– Peut-être pas physiquement, mais mentalement certainement.

– C'est également, ce que je pense. Avant qu'ils ne se jettent du quatrième étage, leurs regards seraient devenus vitreux et vides. Cependant, personne n'a vu d'intrus à l'intérieur du bâtiment.

Je ferme les yeux quelques secondes pour réfléchir.

– Peut être était-il a l'extérieur de l'immeuble.

– Oui mais comment a-t-il pu ?

– Je ne sais... Attends.

Je ferme les yeux et essaie de distinguer tous les esprits autour de moi. Dans un premier temps, je ne vois qu'Alaric. Je me concentre un peu plus, je distingue sept autres esprits, proches. Puis douze, puis vingt, puis beaucoup d'autres, beaucoup trop. Je ne peux plus gérer l'afflux des esprits. Je perds pieds, je n'arrive pas à arrêter, ni à me déconnecter. Une immense carte se dessine devant mes yeux, je vois la forme de la France. Certains esprits s'ouvrent sans que je ne fasse quoi que ce soit. Un, dix, trop, un tsunami, une vague ingérable. J'ai peur, mon cœur bat à tout rompre, je veux ouvrir les yeux, sortir de là mais je ne peux pas. La carte s'agrandit, les langues se mélangent. Je n'entends plus rien de distinct, je suis submergée. Mon corps se raidit. Je me noie dans leurs pensées. Je suis là mais ne contrôle plus rien. Mon cerveau ne peut plus envoyer de signaux simples à mon corps. J'essaie d'aspirer de l'air mais ça me devient impossible, je ne peux plus bouger. Mon cœur cesse complètement sa course infernale, devient lent, très lent. Je suis spectatrice de mon impuissance. Je n'en peux plus. Toutes ses voix dans ma tête. Je veux que ça s'arrête. Je veux ...

Une douleur fulgurante me transperce le cou. Les voix cessent, mon corps s'arc-boute, mon sang reprend ses droits et fait repartir mon organe vital. Je tombe, la carte s'évapore sous mes yeux, enfin. Mes poumons s'emplisse d'air et je le vois. Alaric. Il hurle mais je ne l'entends pas. Mes oreilles bourdonnes. Ses yeux sont jaunes d'or. Il est inquiet. Je lui caresse la joue, lui souris et prise d'une immense fatigue m'endors doucement.


Alaric


Elle ferme ses magnifiques yeux, concentrée, puis les rouvre rapidement.

– Peut être était-il a l'extérieur de l'immeuble.

– Oui, mais comment a-t-il pu ?

– Je ne sais... Attends.

Une idée lui est venue, ses paupières se ferment à nouveau. Elle est tellement belle. Les minutes s'égrainent, sa main lâche doucement la mienne, son cœur bat très rapidement, son corps tombe à la renverse dans le canapé. Je comprends ce qu'elle a essayé de faire. Elle voulait savoir s'il est possible de se connecter à des esprits lointains. Son corps déjà tendu, se crispe violemment. Putain ! Elle ne respire plus. Son cœur ralentit dangereusement. Je me lève, me positionne au dessus d'elle et lui rugit dessus.

– FAUSTINE !

Elle ne réagit pas. Je la secoue durement par les épaules. Ses yeux s'ouvrent en grand. Il n'y a plus d'iris, plus de pupilles, seuls deux grands trous noirs où y dansent au loin des éclairs verts. C'est effrayant. Son cœur cesse de battre. Le mien est sur le point d'exploser, je ne sais que faire. Réfléchit Alaric. La douleur et l'afflux d'adrénaline de ma morsure devrait la réveiller. C'est ainsi que je fini de la marquer. J'enfonce mes dents dans sa peau. La mord au plus profond de sa chaire. Ce n'est pas comme cela que ça devait se passer. Elle aurait du y prendre du plaisir. Je lui inflige la souffrance. J'espère qu'elle oubliera la sensation de déchirement et la douleur insoutenable d'une morsure faites en dehors de l'accouplement. Son corps s'arc-boute, son cœur repart, elle inspire longuement. Une fois. Non ! Ça ne peux pas s'arrêter là ! Je ne le tolérerai pas. Mon loup veut sortir mais je ne peux le lui permettre. Elle a besoin de moi en tant qu'homme. Ma bête ne peut rien pour elle.

– FAUSTINE, réveille-toi !!!!

Les ténèbres la quittent. L'émeraude de ses yeux réapparaît.

– FAUSTINE RESPIRE BORDEL !!!

Elle tend une main vers mon visage, me sourit, pousse un soupir et ferme les yeux. Sa respiration devient lente et régulière. Je la prends dans mes bras avant de me rasseoir. Elle dort profondément. Je subis le contre coup de plein fouet. J'ai failli la perdre. Ma respiration d'habitude si calme est, ce soir, plus que chaotique. Une minute de plus et tout était fini. Comment aurais-je fait sans elle ? Elle prend une telle place dans ma vie. J'ai besoin d'elle. Oui, mais si elle ne m'avait pas connu, tout ceci ne serait pas arrivé. Sa vie n'aurait pas été mise en danger. Tout est de ma faute, et celle d'Antony. S'il avait fait son devoir, je n'aurais pas eu à le débusquer et je ne l'aurais jamais rencontrée. Elle serait en pleine forme dans son appartement avec Élisabeth comme ange gardien. La culpabilité et la colère s'emparent de moi. Je me lève et prends la direction de la sortie. John et Antony sont à la réception, il discute tranquillement. Quand, Anthony aperçoit MA femme, il ne peut s'empêcher d'accourir vers nous. Le grondement que je produis et mes yeux, l'en dissuadent. Il recule, baisse les yeux lentement, trop lentement. John s'écarte tête baissée lui aussi. Bien. Je ramène ma belle à la maison. Il me faut des réponses. Il faut qu'elle se réveille. Que lui est-il arrivé ?

Les Gardiennes, tome 1, FaustineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant