Vendredi 31 mai, 21h45
Je porte une main à ma bouche, je suis à deux doigts de rendre mon dernier repas. Le spectacle qui s'offre à moi est difficilement supportable et l'odeur de chaires putréfiées est écœurante à souhait ! Trois hommes aux corps décharnés et en décomposition se jettent frénétiquement sur les barreaux de leurs cellules. Leurs visages ont perdu toute trace d'humanité. Des yeux rouges dignes d'un démon, des canines prêtes à servir, une peau en train de pourrir et des cheveux très clairsemés, c'est loin de l'image romantique décrite dans les livres.
Oscar s'approche de moi, un peu trop près à mon goût. Cependant, j'ai du mal à détacher mes yeux des trois vampires-zombies et mon corps, lui, refuse de bouger. Hypnotisée par leur balai bruyant et cadencé, mes pieds restent cloués au sol.
– À ce stade, ils ne raisonnent plus. Il ne nous reste plus beaucoup de temps avant que cela ne devienne irréversible.
Comprenant le message, j'opine de la tête. Je ne dois pas tarder si je veux les ramener. Un coup d'œil à Eli et John me permet de voir qu'eux détournent les yeux.
Il paraît que tu as sauvé les gamins de la meute d'Alaric. Je ne sais pas si tu peux réitérer cet exploit mais nous t'en serions très reconnaissants.
Je scrute les alentours, en dehors des cellules, la grande pièce est très propre et lumineuse. Je repère un coin un peu à l'écart et commence à avancer.
– J'ai besoin de m'asseoir. Si la même personne est aux manettes et qu'elle utilise le même mode opératoire, j'enverrais mes hommes le débusquer.
N'en dis pas plus, il y a un nouvel arrivant. Garde tes secrets.
Je me tourne et aperçois un homme, la quarantaine aussi bien bâti que mon loup-garou, ses yeux me rappellent ceux d'un félin. Très beau , les cheveux grisonnants, il plante son regard lubrique dans le mien, un sourire vainqueur sur les lèvres.
Qui est-ce ?
C'est Trou-duc,
Trou-duc ?! Ça lui va bien.
– Madame O'Connel, voici Lucien Montfret, chef de tous les changes-formes de France.
Excepté les loups, beaucoup trop nombreux pour être gouvernés par cet homme. Mes jeunes vampires ont tués deux des leurs, j'autorise sa venue pour éviter une guerre.
Je ne le sens pas du tout ce mec. Je dis un simple bonjour avant de me détourner et d'aller m'asseoir en tailleur dans le coin de la pièce.
– Attendez, je vais vous faire parvenir un fauteuil.
– Pas besoin de fauteuil, je vous remercie. Je préfère être au sol.
Je pourrais perdre connaissance. La première fois, je suis morte ou presque. Heureusement, Alaric m'a ramené.
Oscar siffle bruyamment, excitant au passage les vampires barjos. Énervé, son visage se déforme, il m'effraie.
– Charles, ils sont perdus, tues-les.
Le dit Charles commence à prendre un long pieu. Je m'insurge.
– Quoi ! Non, non, laissez-moi essayer !
Je gère mieux maintenant, si c'est ça qui t'a fait changer d'avis.
Charles a suspendu son geste, attendant un ordre d'Oscar qui me détaille avec attention.
– Bien, je vous laisse une chance.
À la moindre faiblesse tu arrêtes.
Je hausse les épaules. Des ordres encore des ordres... Charles repose son arme. John et Eli me regardent anxieux. Je me connecte à leurs esprits pour leur donner les directives à suivre et les rassurer au passage.
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Les Gardiennes, tome 1, Faustine
ParanormalFaustine est une jeune femme comme les autres. Enfin c'est ce qu'elle pense, jusqu'au jour où elle découvre que son monde n'est pas exactement ce qu'elle pensait. L'irréel avec un grand "i" débarque dans sa petite vie posée d'étudiante. Grande fan d...