Chapitre 31 ✅

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Une main sur la poignée, il se tourne vers moi, un sourire sadique sur les lèvres et le regard fou. Merde, merde, merde. Il entre. Sous la violence du coup, la porte s'encastre dans le mur.

Tony arrive, regarde Alaric puis moi. Interrogatif.

– Faustine qu'est-ce que...

Alaric l'attrape par le col et le soulève de terre.

– Toi, prends tes affaires et pars, fais-toi oublier. Je ne peux plus te sentir. Il y a quelque chose de malsain chez toi et je trouverai.

Qu'est-ce que tu me fais Alaric là ? C'est mon ami.

En es-tu sûre ?

Je regarde Tony, il baisse légèrement les yeux mais pas totalement. Comme s'il ne voulait pas se soumettre. Sa mâchoire est même prête à exploser tellement elle est contractée. Mes yeux se plissent, qu'est-ce que c'est que cette histoire encore ? Alaric le lâche d'un mouvement brusque, le projetant contre le mur derrière lui. En un bond, Tony se remet sur ses pieds puis commence à se diriger vers la porte. Alaric se met violemment en plein milieu de l'entrée au moment où il passe près de lui. Leurs épaules entrent en collision comme une ultime provocation. Tony n'a pas bougé sous le coup mais ne riposte pas.

– Bien, barre-toi, nous nous retrouverons.

– Oui sans aucun doute.

Tony sans baisser les yeux cette fois passe près de moi, j'ouvre les vannes de mon esprit.

Tony, de quoi parle t-il ? Qu'est ce qu'il te prend ?

Son regard est emprunt de colère, de tristesse et d'autres sentiments plus amicaux.

Faustine, nous aurions pu être si bien ensemble.

Puis sans une pensée de plus, il claque la porte si fort derrière lui que les gonds sautent. Pauvre porte, elle est morte. De quoi voulait-il parler ? Si bien ensemble ? Amis ?

Il faudra que tu m'expliques.

Pour réponse j'obtiens un grommellement inintelligible. Alaric entre dans le séjour d'un pas décidé, toujours très énervé. Eli est assise sur le canapé tête baissée.

– Pourquoi ?

Le voix d'Alaric tonne si fort que des frissons me parcourent le corps. Debout devant Eli, le corps contracté, les poings crispés au bout de ses bras tendus, il attend une réponse qui ne semble pas vouloir venir.

– Pourquoi l'avoir gardé pour toi ?!

Toujours rien, Eli tremble légèrement, ça me fait mal de la voir comme ça, j'ai un énorme nœud dans la gorge. Je comprends peu à peu ce qu'il se passe. Les larmes me montent aux yeux.

– Je savais que ma mère avait eu un autre enfant, avec son âme sœur. Elle a eu le temps de me le confier avant que mon père ne l'égorge d'un coup de croc ! JE T'AI CHERCHÉ PENDANT DES ANNÉES ! POURQUOI T'ÊTRE CACHÉ DE MOI ?! PUTAIN ÉLISABETH ! C'est dingue.

Eli pleure pour de bon, je ne veux pas intervenir, mes bras s'enroulent en protection autour de mon corps. Alaric pose une main sur sa tête, inspire lentement et expire encore plus lentement. Il refoule sa colère, je souffle moi aussi. La situation se désamorce, doucement. À présent, son humeur est mélancolique. Il lui tend une main.

– Debout et regarde-moi.

Mon amie, hésitante met sa main dans celle de son frère, se lève tremblante et le regarde enfin. Elle éclate en sanglot. Mon mari la prend dans ses bras et la serre contre lui avant de déposer un baiser dans ses cheveux. Je souris, l'eau salée ruisselant sur mon visage. Je suis si heureuse qu'il l'accepte, j'ai eu si peur.

Ne me fais plus jamais une peur pareille Alaric, j'ai craint le pire.

Il tourne la tête vers moi. Un sourire triste s'étire sur son beau visage. Les yeux au bord du débordement. Je lis un je t'aime silencieux sur ses lèvres. Il souffle s'écarte d'Eli puis s'assied sur le canapé. D'un geste, il nous invite à l'y rejoindre. Je m'approche et m'assieds à mon tour, il attrape ma main dès que je suis installée.

– Pourquoi Eli ? Pourquoi tu ne me l'as jamais dit ? Tu étais sous mes yeux, pourtant jamais je n'aurais pu deviner, ton père n'est pas un Alpha, c'est théoriquement impossible. Mais tu ressembles tellement à notre mère, j'ai été aveuglé par mes croyances. Je suis désolé.

Elle le regarde, surprise. Je ris.

– Oui ça fait toujours un drôle d'effet quand il s'excuse.

Elle me sourit puis légèrement plus confiante prend la parole en reportant son attention sur Alaric.

– J'ai voulu nous protéger, mon père et moi.

La mâchoire d'Alaric se contracte tellement que j'entends ses dents grincer.

Calme, mon loup.

Dur.

– Je ne suis pas mon père. Je ne vous ferai pas de mal. Pourquoi t'aurais-je fait du mal ? !

– Parce que je suis une erreur, une aberration, je ne peux montrer mon loup à personne, seul mon père est au courant.

Mon Alpha de mari sert mes doigts un peu trop fort. Il est de nouveau en colère, mais en cet instant, c'est comme quand c'est moi qui le fous en rogne. C'est... heu ... une gentille colère.

– Pourquoi parles-tu de toi en ces termes ?

Eli hésite quelques secondes avant de se lancer.

– Alaric, je ne suis ni une Alpha, ni une bêta, je suis entre les deux sous ma forme lupine. Plus petite qu'une Alpha et plus grande qu'une bêta. Je suis anormale.

Alaric reste pensif quelques secondes puis répond à sa sœur.

– Tu es une évolution de la race, pas une erreur. Peut-être y en a-t-il d'autres comme toi. Je ne lancerai pas de chasses aux sorcières, mais je les inviterai à sortir de leur peur d'être vu. Car c'est bien cela que tu ressens depuis ton adolescence. N'est-ce pas ?

Eli, heureuse et submergée par l'émotion, ne peut pas répondre et hoche la tête en guise de réponse.

– Bien. Ma famille s'agrandit. Maintenant, prépare-toi. Ce soir je présente ma compagne et ma sœur à la meute. Un clan qui restera uni. Ce sera une grande soirée.

Les Gardiennes, tome 1, FaustineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant