Les Gardiennes, tome 1, Faustine

Chapitre 38 ✅

Vendredi 31 mai, 22h48

Point de vue d'Alaric.

- FAIS-LE !

Mon ami, paupières closes, se lève agilement, tenant son avant bras broyé en deux.

– Je vais le faire mais il me faut plus de force, tu m'as cassé le bras, mon corps se régénère. Cela me demande de l'énergie.

Je lève les yeux au ciel, passablement énervé et lui tend mon bras. Ce n'est pas notre premier rodéo ensemble, nous nous sommes sauvés la vie un nombre incalculable de fois. Pourtant, notre amitié contre nature pourrait très bien s'arrêter aujourd'hui.

Il mord dans mon poignet, ses canines transpercent ma peau. Je déteste ça mais je le laisse faire pour le bien de ma belle. La douleur est là comme toujours mais il ne m'a pas hypnotisé et ne m'a pas envoyé d'endorphines car comme il le dit si bien nous ne pouvons décemment pas copuler ensemble. Il aspire mon sang et me lâche. Son bras remit en place, il s'assied de l'autre côté du grand lit.

– Alaric, je ne sais pas exactement ce que je fais, mais je vais tout entreprendre pour la ramener, peu importe le temps nécessaire. Ton sang va m'aider comme toujours.

Le regard grave, il m'observe.

– Si je me réveille en frénésie, tues-moi.

Je hoche la tête, conscient du risque que nous prenons. S'il en ressort en état de manque extrême, personne, pas même mon loup ne pourra l'arrêter. En découlerait un vrai carnage. Il sort de sa table de chevet une dague en argent au manche en bois et me la tend.

Oscar s'allonge près de ma femme et enveloppe sa main de la sienne. Mes narines frémissent, ma mâchoire se contracte et mon loup n'a qu'une envie, l'envoyer en enfer, tout de suite.

Point de vue d'Oscar.

Je ferme les yeux et essaie de me projeter dans le royaume de Faustine. Son esprit fascinant m'a cloué sur place. Il voit en deux et en trois dimensions. C'est une mappemonde des esprits. Ils ont chacun une couleur, une particularité. Si elle veut trouver quelqu'un, elle le peut sans problème, si tant est qu'elle l'ai déjà vu. C'est incroyable.

Les ténèbres m'accueillent. Je prends mon temps, me concentre, me déconnecte de la réalité.

Oscar ?

Faustine...

Si je pouvais pousser un soupir de soulagement, je le ferais.

Oscar, je suis... je ne sais pas, je suis perdue et j'ai mal.

Petit cœur... concentre-toi sur moi. Continue de me parler, cherche-moi.

Est-ce que je t'ai fait du mal Oscar ?

Son ton est doux et inquiet.

Hé bien, oui, tu m'as généreusement octroyer une seconde mort.

Comment ça ?

Le lien que tu as créé entre nous m'a ramené à la vie. Quand tu l'as coupé, je suis mort à nouveau. La douleur ne m'a pas quitté depuis. Et, pour ne pas te mentir, je n'ai plus envie de continuer ainsi. Le temps que j'ai passé sur cette terre me suffit amplement. Le bout de ma vie est arrivée.

Je commence à distinguer des formes autour de moi.

Je t'interdis de faire ça Oscar ! J'ai besoin de toi ! Tu entends ! Tu es le seul à pouvoir m'aider. Nous allons sortir de là et nous trouverons une solution.