Chapitre 51 ✅

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Dimanche 2 juin, 5h35

Voilà une heure que nous roulons vers le sud, dehors la nuit s'éclaircit. Bientôt le soleil pointera le bout de son nez. Alaric nous a fait rapidement monter dans le Humer. L'ambiance est glaciale, déprimante, digne d'un enterrement. Les deux loustics à l'avant ne pipent pas mots depuis que nous nous somme mis en route. Je suis seule, je discute avec des murs, et ça ne sert strictement à rien. Ils ne me regardent même pas ! Alors je me tais. Et leurs esprits sont trop agaçants pour vouloir les écouter. En ce moment, j'ai le droit à Abba d'un côté et Bourvil de l'autre. Ces chansons bien que joyeuses ne leur remontent pas le moral et me laisse présager le pire. Ils sont toujours en colère et effrayés. Et moi ? Mettez dans un saladier un peu de colère contre eux, une pincée de peur, beaucoup d'appréhension, un soupçon de curiosité, une fatigue physique et morale persistante et vous aurez mon état d'esprit. Un mélange détonant et pas très sain si vous voulez mon avis.

Ha oui ! et j'ai mal à la tête, encore. Depuis tout à l'heure, je sens que je passe à coté de quelque chose mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Comme si je savais où nous allons mais... rien. Mes maux m'empêchent de réfléchir correctement.

Un quart d'heure plus tard nous entrons dans une forêt, le jour se lève mais sans la lumière chaude et rassurante du soleil. Cela donne aux sous-bois une atmosphère étrange et effrayante. Nous roulons environ dix minutes sur une sorte de sentier de terre et je dois avouer qu'Alaric a bien fait de prendre le Humer. Nous arrivons devant une petite clairière où un énorme chalet en bois semble avoir été posé là, comme ça, pas de jardin, pas de fleurs, juste la prairie et ses herbes hautes. Alaric gare son véhicule devant la porte d'entrée. Tous deux se tournent brièvement vers moi et expirent l'air de leurs poumons avant de sortir de la voiture. Je ne le sens pas, mais les suis tout de même, incertaine. Mon cerveau claquant contre ma boite crânienne à chacun de mes pas.

Ils n'ont pas le temps d'arriver à la porte qu'elle s'ouvre sur un homme très grand. Bien quinze centimètres de plus que mes deux âme-sœurs. Il est très beau mais je le trouve un peu terrifiant. Brun, des yeux verts presque identiques aux miens, il ne pose même pas un œil sur mon loup et son ami. Non, il plante son regard dans le mien. J'essaye rapidement d'écouter son esprit mais n'entends rien. Je ferme les yeux mais ne le trouve nul part, il est invisible. Moi aussi je veux savoir faire ça. Cela pourrait être utile pour attraper l'autre.

Bloque ton esprit petit cœur.

J'observe rapidement Alaric et Oscar, ils sont tendus à l'extrême et dévisage le nouveau venu.

Tiens tu parles maintenant ?! Mon esprit est bloqué en permanence.

Petit regard assassin sur sa personne, qu'il ne voit pas mais tant pis.

Ne t'inquiète pas très chère, je le sens.

Tiens, au fait, je trouve bizarre qu'il ne m'ait pas fait de réflexion quand j'ai détaillée l'habitant des lieux.

Rien à dire O' ?

Oscar, suivi d'Alaric se tournent vers moi. Je suis là, statique, les mains sur les hanches, les yeux plissés, ne comprenant pas ce qu'il se joue devant moi. Je dois avoir les trois plus belles créatures du monde devant moi, je devrais me réjouir, mais non.

O' siffle de mécontentement. Rho ! Faut appeler un chat un chat, cet homme est simplement magnifique. Effrayant mais magnifique ! Bon aller on va pas attendre qu'il gèle non plus.

– Bon on va rester encore longtemps à se regarder en chiens de faïence ?

L'inconnu sourit de toutes ses dents. Waouh ! J'ai chaud.

Les Gardiennes, tome 1, FaustineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant