Chapitre 37 ✅

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Vendredi 31 mai, 22h26

Point de vue d'Alaric.

"Alaric, s'il m'arrive quelque chose c'est Demonfret"

Son message tourne en boucle, se rappelle à moi sans cesse. Qu'a fait cet enfoiré ? Je n'ai pas pu lui répondre et n'ai plus rien entendu depuis. J'ai tout laissé en plan. Les sorcières maîtrisées, mes hommes, mon QG. Tout.

J'arrive en courant dans le hall. L'incertitude et l'inquiétude martyrise mon pauvre cœur. Mes hommes et Élisabeth, regards inertes, sont entourés de sept vampires. Je comprends de suite ce qu'il se passe. Je souffle, partiellement soulagé. Elle est là, pas loin, je le sens, je n'ai plus qu'à me laisser guider pour la retrouver. Oscar ne fait jamais rien sans raison. Tout est toujours calculé, tout est jeu. Qu'est-il en train de trafiquer ? À quoi dois-je m'attendre ? Il est ce qu'il est mais j'ai foi en lui, elle ne court aucun risque.

Alphonse se dirige vers moi. C'est un vampire blond, plutôt efféminé et muet ou presque. Je l'arrête, bras tendu.

– Pas la peine d'essayer ton petit tour de passe-passe sur moi. Tu sais très bien que ça ne marche pas sur moi. Ne te donne pas non plus la peine de m'annoncer. Je les sens, je vais les trouver sans problème.

Je commence à gravir les escaliers quand Alphonse m'interpelle.

– Alaric ! Fais attention, il n'est pas dans son état habituel.

Je m'immobilise net car quand un vampire de près de cinq-cents ans, si silencieux en temps normal, vous demande de prendre garde, hé bien vous l'écoutez.

– Que se passe t-il  Alphonse ?

Je ne suis plus si serein tout à coup.

– Tu verras bien, monte.

Je l'écoute et gravis les escaliers au pas de courses. J'arrive rapidement au troisième et dernier étage, l'appartement d'Oscar. J'y entre précipitamment et me dirige vers la pièce du fond, sa chambre ? Pourquoi sont-ils dans SA chambre ! Il en possède cinq autres ! Une colère sourde m'envahit. J'ouvre sa porte à la volée.

Faustine est allongée, inconsciente sur son lit, Oscar est à genoux au sol près d'elle, tête baissée et posée sur la main droite de ma femme.

– O' que se passe t-il ?

Il lève sur moi des yeux tourmentés, un masque de souffrance sur le visage. Doucement, ses jambes le hissent jusqu'au visage de Faustine pour pour y déposer un léger baiser sur le front. Je gronde, il n'a pas à la toucher de la sorte. Je m'avance d'un pas décidé quand il me fait soudainement face. Il est effrayant, le vampire sifflant prêt au combat dans toute sa monstruosité. Toute trace d'humanité a disparu, excepté dans ses yeux, toujours emplis de désespoir.

– O' que te prend-il ?!

Réalisant son état, son vrai visage refait surface. A moins que ce ne soit l'autre.

– Désolé, ne la quitte pas, je vais me nourrir. Je n'en ai pas pour longtemps.

Pour sortir de la pièce, une seule issus, passer près de moi. Je lui attrape l'épaule, il s'arrête sans toute fois me regarder.

– O', qu'as-tu ?

Il me répond d'une voix lointaine.

– Après, mon ami. Je reviens, ne la quitte pas.

Je le lâche, incrédule. Je ne l'ai jamais vu ainsi auparavant. Je m'assieds près de ma belle endormie. Ma main se met à caresser machinalement ses cheveux. Pourquoi Oscar est-il dans cet état ? Je m'inquiète. En plus de quatre-vingts ans d'amitié, c'est la première fois que je le vois aussi... Humain.

Les Gardiennes, tome 1, FaustineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant