Chapitre 10 ✅

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– Je viens de faire la plus grosse connerie de ma vie !!! J'aurais jamais du coucher avec toi !! Quel con !!! Putain !!! MERDE !!! COMMENT JE VAIS ME SORTIR DE LA ?! HEIN TU PEUX ME LE DIRE ?! BAH NON PARCE QUE TU N'Y CONNAIS RIEN !!! MERDE !!!

Son poing atterrit dans le mur qui se fissure sous la force de l'impact. À cet instant, Alaric paraît plus imposant, ses muscles sont tendus à l'extrême.

– Barre-toi Faustine.

Le choque est dur à encaisser. Ma respiration se coupe, mon menton tremble. Il veut que je le quitte ? Pourquoi ? Je ne comprends pas. "Barre-toi Faustine" j'encaisse difficilement. J'ai envie de pleurer mais je ne m'écroulerai pas devant lui. Je m'en vais calmement mais rapidement de cette chambre. Ses paroles me ravagent de l'intérieur, comment peut-il me balancer de telles horreurs ? Il ne veut plus de moi, c'est tellement douloureux. Mon cœur saigne, une incision parfaite, un flot continue de souffrance. Je m'installe doucement sur le canapé. J'allume la télé, la regarde sans vraiment la voir. Les larmes brouillent ma vue, tout est flou. J'ai mal, j'ai super mal, je ramène mes genoux sur moi pour y poser ma tête. J'essaie de me reprendre mais je n'y arrive pas. Je le distingue, près du canapé, il m'observe, les mains dans les poches de pantalons.

Qu'est-ce que tu vas me dire maintenant ? Qu'il faut que je me casse ? Tu as fait assez de bêtises comme ça ?!

Je pleure de plus belle, silencieusement. Je prends sur moi, enfin j'essaie. Il ne dit rien.

– Tu veux récupérer ta chemise ?

Ma voix est cassée, presque inaudible. J'avale difficilement ma salive et commence à déboutonner sa chemise. Il s'approche et arrête ma main tremblante.

– Non garde-la. J'en ai d'autre.

– Tu veux que je m'en aille ?

– Non tu peux rester.

– Laisse-moi reprendre mes esprits. Je rassemblerai mes affaires et m'en irai demain matin.

Mes paroles me font complètement vriller. Mon corps entier tremble. Je n'arriverai jamais à partir sans me détruire. S'il n'y avait pas ce lien à la con qui nous unis, je ne souffrirais peut-être pas autant. Pfff, n'importe quoi. Même sans ça, je serais anéantie. J'aime tellement de chose chez lui, chez nous. J'aime nos échanges, notre façon d'être ensemble, les regards qu'il me porte. J'ai envie de rentrer dans sa vie, d'en faire partie. Je veux le connaître comme personne. Ce n'est pas le lien ça, c'est moi. Je ne m'étais jamais sentie aussi bien avec quelqu'un. Malgré tout, je repousse sa main. J'ai ma fierté tout de même.

– Non, tu ne feras pas ça.

– Quoi non ?! De toute évidence tu as fait une erreur, je vais t'aider à la réparer, je m'en vais.

– Non, tu ne peux pas faire ça.

Quoi encore, qu'est-ce que je dois devenir alors ? Je m'énerve et pleure de rage.

– Ha bon et pourquoi ? J'ai besoin que tu m'expliques là ! Tu ne peux pas me laisser comme ça !

Il s'agenouille devant moi, j'essuie mes larmes à la hâte et lève les yeux vers son beau visage. Il a pleuré. Merde alors.

– J'ai ressenti ta douleur... Je... Je suis désolé puce.

Ses yeux sont pailletés d'or et tellement tristes. Ma douleur augmente, de nouvelles larmes coulent, je ne supporte pas de le voir comme ça. Nos respirations sont erratiques, complètement désordonnées. Il reprend d'une voix cassée :

– Ce n'est pas à toi que j'en veux, c'est à moi.

Il avale sa salive difficilement et me dit :

– Et je m'en veux encore plus maintenant. Je t'ai fait souffrir.

Une autre larme coule sur sa joue, sa détresse s'empare de moi. Il a peur de me perdre, purée,  tellement peur. Il ne va pas me quitter. Ma main vient se poser délicatement sur sa joue, sa tête s'y appuie. Je me glisse entre lui et le canapé, ses bras m'accueillent. Je m'accroche à lui comme s'il était mon air, mon eau, ma vie. Nos peurs se dissipent, son corps se détend, ma tête se cale sur son torse, nos respirations se calment. Je respire fort son odeur, j'arriverais presque à sentir l'orange. Je souris légèrement contre sa peau, Alaric pose ses lèvres sur mon crâne et murmure :

– Jamais je ne te quitterai Faustine.

Une nouvelle perle d'eau coule sur ma joue et remplace les précédentes. La joie et le soulagement s'emparent de moi. Je me laisse complètement aller contre lui. Il se met à bouger, gracieusement, se lève et me ramène à lui telle une princesse. Ma tête sur son torse, j'écoute son cœur, si fort, si régulier. Je sens le mien se caler sur le rythme parfait du sien. Je lève la tête, il me dévisage. Nos yeux, comme nos âmes, sont connectés. Il ne bouge pas, nous ne faisons qu'un. Il est ma moitié et je suis la sienne. Il ne pourra plus en être autrement.

– Allons au lit, nous devons parler.

Les Gardiennes, tome 1, FaustineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant