Chapitre 3 : Un étrange accueil (partie 1)

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De retour dans mon appartement, je décide d'appeler mes amis à qui j'ai promis de donner de mes nouvelles. C'est Laysla qui réponds la première, après lui avoir expliqué en quelques mots ma rencontre avec Kalyel, elle est convaincue que tout se passera bien pour moi, personnellement j'émets quelques doutes. 

Suite à cet appel téléphonique je décide d'enchaîner en appelant Naresh pour le tenir informé de mon évolution. Il se montre très attentif, je le remercie encore pour son aide précieuse avant de raccrocher. Fort de ce soutien, je me dirige vers mon armoire pour y préparer ma valise, certaine au fond de moi de mon adhésion prochaine dans le groupe. 

Je prends des vêtements légers, rien de trop voyant, même s'il me vient à l'esprit que je pourrais intéresser Kalyel en portant une de ces robes-là, mais à quoi bon, je me raisonne bien vite, je n'ai pas la moindre chance. Je prends deux tailleurs, ainsi que mon uniforme de travail, mes affaires de toilettes, le coffret de mes parents détenant tous leurs effets personnels, plusieurs bijoux et autres bibelots. Ensuite je décide d'aller manger un morceau, je n'ai pas encore pris l'habitude d'ingérer des aliments solides, c'est assez déroutant mais si agréable en bouche. 

Je me demande quand Kalyel rappellera, je suis impatiente d'entendre à nouveau sa voix, je me fais l'effet d'un fan idolâtrant son artiste préféré. En m'installant sur mon fauteuil j'allume la télévision et le sommeil vient à moi tout naturellement. C'est un bruit strident qui me réveille en sursaut, la sonnerie de mon téléphone m'agresse les tympans, sur l'écran s'affiche un numéro inconnu, je réponds avec une certaine appréhension.
- Allô ? 
- Bonsoir Ava, c'est Kalyel . Tiens donc, il possède un téléphone !
Je me lève brutalement, les battements de mon coeur s'accélèrent :
- Oui, déjà, euhh ...tu as des nouvelles ? 
- Félicitations, tu es admise, tu devrais remercier ton ami Naresh, c'est en grande partie grâce à lui .
- Aussi vite, alors qu'est-ce que je dois faire à présent ? 
- Prépare ta valise je viens te chercher d'ici quelques heures à ton appartement .
- Ah bon, mais ... tu connais mon adresse ? 
- J'en sais beaucoup sur toi, Ava ... 
Je déglutis, avalant ma salive difficilement avant de reprendre :
- D'accord, je t'attends .
- Bien, dans trois heures au plus tard et je te préviens, ne t'avise pas de nous trahir tu le regretterai. Nous te faisons une fleur, compte tenu de ta forme physique tu ne passeras pas les tests habituels, tu es bien trop faible . Je crois que cet homme me déteste c'est une certitude

Je décide de ne pas répondre à ces provocations et conclue l'appel :
- D'accord, à tout à l'heure .
Il raccroche aussitôt, décidément la collaboration entre nous démarre difficilement. Deux heures plus tard j'en suis encore à me demander comment se passera la nuit avec Kalyel à mes côtés, j'appréhende énormément la suite des événements. Un grand coup se fait entendre en direction de la porte, ça ne peut qu'être lui, qui d'autre aurait l'idée de frapper alors qu'il existe un carillon ! Je me recoiffe à la hâte, jette un bref coup d'œil dans le miroir avant de me décider à ouvrir. 

Il est encore plus beau que dans mes souvenirs, appuyé nonchalamment contre le chambranle de la porte il me détaille de la tête aux pieds, je ne me suis pas changé depuis notre dernier rendez-vous et je le regrette, mon vieux jogging abîmé et mon tee-shirt trop grand me font cruellement honte. Croisant les bras autours de ma poitrine, je lui fais signe d'entrer sans échanger un mot. Il se dégage de lui une aura magnétique et angoissante à la fois, je ne peux pas cacher mon état de fébrilité.
Il enchaîne l'air pressé :
- Es-tu prête ? 
- Oui,  répondis-je d'une toute petite voix.
- Qui prendra possession des lieux pendant ton absence ? 
- Personne, à vrai dire je n'y ai pas réfléchi .
- Je possède une agence immobilière, tu pourras louer ton appartement à un prix plus que
raisonnable . Louer mon appartement, je ne peux pas m'y résoudre, trop de souvenirs personnels habitent ces lieux ...
- Je ne sais pas trop ... .
- Ne tarde pas trop à prendre ta décision, allons-y, le temps presse .
Je le suis d'un pas fébrile, après avoir refermé l'ensemble des verrous de ma porte d'entrée.
Il marche d'un pas rapide, je dois courir derrière lui pour suivre le rythme. Il se dirige vers une Tesla noire, comment a-t 'il put obtenir l'autorisation de conduire en ville ? Ayant pris place dans l'habitacle, il démarre sans encombre, tourne dans différentes ruelles avant de s'engager sur la nationale quasiment déserte. Il roule vite, un peu trop à mon goût, je n'ose pas lui dire de ralentir, car il semble réellement préoccupé. Le silence devient pesant, je finis par lui demander :

- Maintenant que je suis adhérente, peux-tu m'expliquer certaines choses ?

- Quoi donc ? Me lance-t'il sur la défensive les yeux toujours rivés sur la route.

-Je me demandai qu'est-ce qui a motivé mon adhésion aussi rapide ?

- Je te l'ai déjà dit, Naresh a toute ma confiance, je me fis à son jugement. Par ailleurs, nous avons un besoin croissant et urgent de nouvelles recrues . Tu détiens également des informations intéressantes grâce à ton métier sans oublier que sans notre aide tu es condamnée.

A moitié convaincue par sa brève réponse je continue :

- D'accord, et est-ce que je peux savoir comment s'organise le groupe en interne ? 

Il répond aussitôt tel un automate :

- Nous vivons en collectivité dans une maison située au large de Boston, notre groupe est composé de quatre unités, la mienne est chargée de la prospection et de l'étude des projets sensibles défendus par le gouvernement et les grandes firmes. L'unité de Ruy est responsable de la recherche et de la prospection des menaces extérieures, celle de Tadeo fait office de médiation entre nos différents interlocuteurs, et celle d'Adis constitue notre force armée ayant pour mission de préserver notre confidentialité et notre sécurité. Au total nous sommes plus de cent membres, mais la liste ne cesse de s'allonger. Il existe plusieurs groupes comme le nôtre, nous travaillons conjointement avec chacun d'entre eux . En interne, nous partageons les chambres, mais elles ne sont pas mixtes, même principe pour les sanitaires.

Soulagée, je respire bruyamment. Il reprend :
- La cuisine est convenable, nous possédons un self ouvert à des horaires fixes. Tu toucheras une prime mensuelle en supplément de ton salaire, juste un conseil dévoue-toi à cette cause autant que possible, tu toucheras une prime plus importante et elle augmentera au fil de tes missions . Ma curiosité piquée au vif je demande :

- J'ai une autre question, comment vous approvisionnez-vous en eau potable ? 
- Nous prélevons essentiellement de l'eau de mer, des fleuves et des rivières .
- Comment ?! Mais ce n'est pas potable ! 
- Au contraire, il existe des techniques ancestrales de filtration de l'eau qui ne présentent aucuns
risques, les politiciens nous font croire ce qui les arrange .
- Quoi ?! Tu veux dire que l'on peut en boire sans crainte, mais alors l'eau du robinet aussi est propre à la consommation ? 
- Non, leurs techniques de filtration présente un danger contrairement à la nôtre .
Je reste bouche bée face à cet aveu. Je reprends :
- Quelle est cette technique ? 
- Je t'expliquerais tout en temps voulu .
- Mais alors le gouvernement nous ment depuis le début ?!  

 - Oui, il fait ce qu'il faut pour préserver ces intérêts, l'eau de synthèse est un marché très lucratif.

 - Je suis sidérée, personne n'a cherché à rétablir la vérité ?  demandai-je .

- À vrai dire, la plupart des individus ont peur des représailles, dorénavant toute personne suspectée de haute trahison envers son gouvernement encours la peine de mort. Bien souvent, ces individus servent de cobayes pour je cite contribuer au progrès médical et pharmaceutique. En réalité ils sont sujets à toutes sortes d'opérations à haut risques et finissent par mourir dans d'atroces souffrances .

- C'est barbare, il faut riposter ! 
- N'est-ce pas la raison de ta présence parmi nous ? 
Face à cette question rhétorique je reste muette, le reste du trajet se fait en silence .

Après un long moment, il finit par se garer le long d'un terrain vague surplombant une immense demeure. 
- Nous sommes arrivés, s'exclame t-il de sa voix légèrement rauque.
- D'accord où sommes-nous ? 
- Dans notre QG . 
- Mais encore, où est-il situé ? 
- C'est confidentiel  . Ah oui, et comment vais-je faire pour me repérer ?
- D'accord, qui m'amènera au travail dans ce cas ? demandé-je en gardant mon sang froid .
- Tu auras un chauffeur personnel .
- Whaouu !! m'écriai-je enthousiaste.
Il ne semble pas partager mon engouement, lui arrive-t-il de sourire de temps à autre ?
- Suis-moi, je vais te présenter Sanae, il s'agit de mon adjointe .

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