Chapitre 7 (partie 2)

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Après un court instant, je me rends compte que j'ai fais tomber plusieurs dossiers et presque basculer l'étagère. Je me baisse pour ramasser les documents tombés et je jette par la même occasion un rapide coup d'œil derrière l'étagère. Je découvre un coffre fort.

Je m'écrie bruyamment :

- Les garçons ici, je pense avoir trouvé quelque chose .

- Ne crie pas, tu veux nous faire repérer ? rouspète Lacov un brin bougon.

Je m'excuse en bafouillant et montre du doigt le coffre .

- D'accord , on va devoir forcer la serrure .

Mon sang ne fait qu'un tour . Je rétorque aussitôt :

- Quoi ? C'est hors de question . Je suis la seule à avoir les clés du bureau, il va tout de suite me suspecter .

- Nous n'avons pas le choix, tu as une autre idée peut-être ? me répète Kalyel .

Je fulmine intérieurement n'ayant pas d'autres solutions à proposer .

- Bien ... on passe au plan B reprend-il . Le plan B consiste à simuler une effraction volontaire, en arrachant la poignée de la porte entre autre chose. Je vais devoir sonner l'alerte dès que mes collègues seront en lieu sûr et jouer la victime. Cela ne m'enchante guère, mais j'en comprends les enjeux .

- Pousser vous de là, ça risque d'être violent reprends Kalyel . Armé d'un marteau pour seul matériel, il frappe à grands coups la poignée du coffre qui résiste bon gré malgré. Le boucan est infernal, certes le bureau est insonorisé mais tout de même. Je me bouche les oreilles en priant pour que personne ne débarque inquiet par le bruit. Après une éternité il s'arrête enfin.

Essoufflé il ouvre d'un coup violent la porte ou du moins ce qu'il en reste et regarde avec empressement ce qui s'y cache. Il ressort la main chargée d'un dossier qui semble peser une tonne. Je m'accroupis face à lui et lui prends le dossier des mains. Impatient, je l'entends rouspéter bien qu'il ne cherche pas à le récupérer. Je jette un bref coup d'œil à l'intérieur et ce que j'y vois confirme ma première impression.

Je m'exclame :

- On peut y aller, je pense qu'il s'agit du bon dossier !

- Vraiment, tu en es sûre ? me demande Kalyel sur la défensive.

- Non pas tout à fait...

- Explique-toi s'il te plaît ! Me lance t'il aussi sec . 

- Il me semble avoir vu Yoni travailler la-dessus à plusieurs reprises, il avait l'air de beaucoup y tenir.

- Tu n'as jamais cherché à en savoir plus ? 

J'ai l'impression qu'il me prend légèrement pour une cruche sans cervelle .

Je lui répond calmement et avec franchise :

- Non, auparavant j'étais une employée irréprochable et craintive .

- Bien, on te croit allons nous-en, reprend Lacov en regardant avec insistance Kalyel pour le dissuader d'intervenir à nouveau  .

Pour une fois que l'on me fait confiance, je savoure ma victoire intérieurement .

- La voie est libre vite, annonce Kalyel en nous montrant brièvement la sortie. Lacov et moi courons nous mettre à l'abri dans mon bureau tandis que Kalyel s'attarde un moment pour casser la serrure de la porte du bureau de Yoni à l'aide du talon de sa chaussure .Une fois à l'abri Lacov s'entête à vouloir me dicter ma conduite pour les trois prochaines heures. Je l'écoute d'une oreille distraite, je sais ce qu'il me reste à faire pas besoin de me le répéter en boucle .Kalyel déboule dans mon bureau et s'exclame :

- Garde ton oreillette branchée, dès que nous sommes à l'abri tu sonnes l'alerte, compris ?

- Oui, répondis-je affolée mais déterminée .

- À tout à l'heure, s'exclament-ils en chœur . 

Peu après ils disparaissent de la même manière qu'ils sont apparus. Je m'assieds sur le fauteuil l'esprit embrumé, les tremblements incontrôlables de mes mains joueront en ma faveur, je dois avoir l'air complètement affolée devant mes collègues.

Quinze minutes après mon acolyte me glisse par l'oreillette qu'ils sont en lieu sûr . À moi de jouer. Je me rends dans le couloir pour m'appuyer sur un mur avant de crier . Je crie si fort que je n'entends pas l'agitation se faire autours de moi. Une collègue, dont le nom m'échappe débarque en braillant :

- Qu'est-ce qui t'arrive ? Ça va pas de crier comme ça !

- Un voleur, j'ai vu quelqu'un entrer par effraction dans le bureau de Yoni .

Et là je fonds en larmes, elle reste estomaquée, je vois bien qu'elle ne sait pas comment réagir face à mon comportement .

- Il t'a fait du mal ?

- Non, il portait une capuche noire sur la tête, je n'ai pas été touchée .

- D'accord j'appelle la police, ne bouge pas .

L'heure qui suit se déroule au ralenti. Je vois défiler devant moi de nombreux collègues qui de manière générale ne m'adresse pas la parole, la police arrive sur les lieux et prends ma déposition.J'essaie de rester le plus vague possible pour ne pas éveiller les soupçons. Yoni a été mis au courant et autant dire qu'il est très mécontent.

Je vois la fin de la journée arriver comme une délivrance. Tout le monde est sous tension, et la situation s'envenime. La sécurité a été renforcée, des vigiles sont postés à chaque coin de couloir ce qui me fait sourire intérieurement . Comme à l'accoutumé c'est Kalyel qui vient me chercher deux avenues plus loin. Il me demande comment s'est déroulé le reste de ma journée. Je lui explique en détail et lui fait part de mes craintes quant à la réaction démesurée de Yoni.

Il tente de me rassurer tant bien que mal, ce qui me fait énormément plaisir. Arrivée à bon port, je n'aie qu'une envie me glissait dans mon lit pour y dormir de longues heures. Malheureusement je dois encore faire le point avec Eknath et l'aider dans le déchiffrage du dossier PEM . Autant dire que j'ai du pain sur la planche !

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