Chapitre 14 : Un long combat (partie 1)

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Maylin et Eknath pénètrent dans ma chambre sans faire de bruit. Cette première a le visage chiffonné et les cheveux hirsutes tandis que Eknath a retrouvé une certaine rigueur, il doit se montrer fort en toute circonstance. Maylin s'exclame :

 - Ava, comment vas-tu ? Elle s'approche de moi et me serre dans ses bras un moment .

 - Je vais bien, je n'ai rien si ce n'est que je suis épuisée et encore sous le choc, répondis-je en resserrant notre étreinte. 

 - Rien de plus normal . Mais ne t'en fais pas, la sécurité a été renforcée, un incident de la sorte n'arrivera plus ! reprend notre chef.

 - Oui mais Sanae ... . Mon amie éclate en sanglots. J'ai l'impression qu'elle a baissée les bras, tout comme Kalyel et qu'ils la croient d'ores et déjà condamnée. Je refuse cette éventualité . Eknath continue : 

- Elle bénéficie en ce moment même des meilleurs soins disponibles. Je ne dis pas qu'elle est sortie d'affaire, mais, selon moi, ce n'est qu'une question de temps .

Enfin un peu d'optimisme, ça me réchauffe le cœur . Maylin ne partage pas cet avis, elle baisse les yeux et se recroqueville sur elle-même . Je lui attrape les mains pour lui insuffler de la force. Je reprends la parole : 

- Je souhaiterais la voir, est-ce possible ? 

Eknath répond :

 - Je te le déconseille, en tombant elle s'est éraflée une partie du visage, elle est quasi méconnaissable.

 - Je l'ignorais, c'est si grave que ça ? demandé-je affolée.

Maylin grogne en signe de rébellion et s'élance : 

- Ce n'est pas vrai ! Elle mérite de connaître la vérité ! Une balle lui a éraflée la poitrine, elle est tombée au sol et Isae l'a passé à tabac, avoue t-elle tout en le regardant du coin de l'œil .

De longs frissons s'emparent de moi à cette annonce. 

Je rétorque bruyamment :

-  Quoi ? Non, c'est une blague ? Je ne vous crois pas !

- Je suis désolé, mais c'est la vérité, reprend mon supérieur d'un air sérieux et désolé.

Je demande aussitôt :

- Elle s'en remettra, elle ne gardera pas de séquelles au moins ? 

Un silence de plomb se fait .

 - Oh, non, non, ce n'est pas possible ... sanglotais-je doucement.

 - Elle vivra c'est le principal ! la beauté est tellement éphémère ! reprend-il avec gravité .

Peu à peu je fais face à la réalité et demande :

- Vous voulez dire qu'elle sera défigurée ? 

 - Elle gardera quelques cicatrices, mais je connais un prestigieux chirurgien esthétique qui est prêt à l'opérer .

 - D'accord et quand aura lieu le jugement d'Isae ? demandé-je d'une voix devenue rauque par la colère et la tristesse . 

- D'ici une quinzaine de jours, j'opterai pour l'euthanasie forcée ! 

 - Quoi ? C'est tout, mais il mérite de souffrir ! rajouté-je hargneuse. 

 - La torture est interdite tu le sais aussi bien que moi ! 

 - Ne pourrais-tu pas déroger à la règle, tu es le président après tout ! le supplié-je en lui lançant un regard franc.

- Non c'est impossible, je suis navré. Tu sais aussi bien que moi que je ne dispose pas encore des pleins pouvoirs et mes collaborateurs désapprouveront à coup sûr, rajoute-t-il penaud .

- Je dois partir, cette histoire a fait un grabuge monstre, j'ai plusieurs réunions importantes à soutenir. Par ailleurs, je t'annonce que la procédure d'adhésion au groupe a durcie. Dès à présent, les potentiels candidats seront mis à l'essai par le biais d'une série de nouveaux tests bien plus complexes avant leur adhésion au groupe.

 - C'est une mesure utile, j'en suis heureuse, répondis-je quelque peu soulagée .

- Bien, je te souhaite un bon rétablissement, tes collègues ont demandé de tes nouvelles, je leur dirais que tu vas bien. A bientôt, Maylin que fais-tu ? demande ce dernier en la regardant fixement .

- Je préfère m'en aller, ne m'en veux pas, mais j'ai besoin d'être un peu seule .

 - Ce n'est pas grave. Eknath, puis-je inviter des amis ? 

 - Est-ce des amis de longue date, dignes de confiance ? reprend-il un brin soupçonneux en lissant de sa main sa moustache fournie. 

- Tout à fait, ce sont mes deux meilleurs amis .

 - D'accord pour une heure mais pas davantage et par souci de sécurité Efe te suivra dans tous tes déplacements . Je ne saute pas de joie, mais je comprends .

 - Prends-soin de toi je reviens vite, dit mon amie en me souriant légèrement . 

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