Accoudée à ma fenêtre j'observe du haut de la tour constituant mon bureau les trépidations de la ville en ce début de matinée. Les individus se bousculent, les bruits de klaxons et les voix se mélangent formant un brouhaha infernal.
Yoni débarque sans crier gare et déclare d'un ton cassant :
- Ava, il faut qu'on parle ? Mon cœur s'emballe, je déglutis :
- Bonjour Yoni, que se passe-t-il ?
-J'ai des soupçons, aurais-tu aperçu Frieda fouiner dans mon bureau ?
Je retiens mon souffle, je possède enfin ma vengeance face à elle et ses remarques acerbes !
- Effectivement, répondis-je du tac au tac .
- Je l'ai entraperçu plusieurs fois glissant un œil à travers les persiennes de ton bureau .
- J'en étais sûr, j'appelle immédiatement la police .
Je jubile intérieurement et réponds :
- Je te conseille de mener l'enquête avant, il ne faudrait pas importuner la police pour rien .
- Tu as raison, je vais la convoquer dans mon bureau et lui poser des questions innocentes afin de guetter ses réactions .
- Voilà, c'est une bonne idée .
- Merci pour ton aide précieuse, on peut vraiment compter sur toi ! S'il savait ! Je réponds en souriant légèrement :
- Je t'en prie, c'est toujours un plaisir .
Je dois faire profil bas, l'intervention de la police maintenant pourrait nous nuire et porter atteinte à notre mission qui doit se dérouler dans moins d'une semaine. Autant dire que la pression est à son comble. Concernant le dossier PEM nous n'avons pas avancés d'une traite et ce malgré l'intervention de nos meilleurs experts en la matière . Tout en reprenant mon travail là ou je l'avais laissé j'entends des cris et insultes provenant du bureau de Yoni. Les esprits s'échauffent, je jubile intérieurement, mon chef est un imbécile fini .
Un bruit sourd se fait entendre, je me dirige vers le couloir afin de jeter un bref coup d'œil. Ce que je vois dépasse l'entendement, Yoni et Frieda sont en plein corps à corps, les coups pleuvent tandis que mes collègues les regardent bouché bée sans esquisser le moindre mouvement.
Je décide de prendre la situation en main en appelant la sécurité qui surgit deux minutes plus tard pour les séparer. Mes deux collègues sont dans un état lamentable, les vêtements en lambeaux, les cheveux hirsutes, des taches de sang colorent leurs peaux. Yoni tente de reprendre une certaine contenance mais c'est peine perdu, un collègue a filmé malgré lui toute la scène. Ivre de rage, il s'écrie tout en postillonnant :
- Au travail ! Je ne veux plus vous voir ! Frieda dans mon bureau tout de suite !
Un agent de sécurité les suit de près pour éviter une nouvelle altercation . Sitôt parti un boucan d'enfer se fait entendre dans le couloir, mes collègues sous le choc discutent entre eux, d'autres ricanent dans leur coin. Je décide de les suivre discrètement pour écouter ce qui se dit, mais c'était sans compter le vigile qui m'ordonne de retourner dans mon bureau, ce que je fais sans demander mon reste. Une demi-heure après le calme est revenu j'entends Frieda marmonner des insanités à l'agent de sécurité, elle se dirige d'un pas pressé vers son bureau.
Curieuse de nature, je ne peux m'empêcher de regarder en entrebâillant la porte. Elle n'a pas décoléré, son visage est tartiné de maquillage, il lui manque des touffes de cheveux. Elle se précipite dans son casier pour en jeter le contenu dans un sac, elle éteint violemment son ordinateur qu'elle partage pourtant avec deux autres collègues qui l'a regarde d'un air ébahi.
Sans un mot et d'un air dédaigneux en redressant les épaules de telle sorte à faire ressortir sa poitrine elle explique à ses collègues que selon elle l'atmosphère est devenue irrespirable par ici et qu'elle préfère s'en aller la tête haute. Puis elle quitte précipitamment le bureau en claquant la porte. Je la vois marcher dans le couloir tout en boitillant, elle tente de cacher ses hématomes à l'aide d'un foulard, tout le monde se retourne sur son passage et la juge ouvertement.
Je referme doucement la porte de mon bureau et m'appuie contre celle-ci en respirant calmement. Mon intervention a eu l'effet escompté si ce n'est plus, Yoni ne se doute de rien, sa haine est dirigée vers la mauvaise personne, pour le moment notre secret est bien gardé .
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Eotopia
Übernatürliches2100 : Nous sommes plongés dans un univers post-apocalyptique. La nourriture solide a été remplacée par des gélules apportant tous les nutriments indispensables aux hommes. L'essor des médicaments a permis aux maladies de disparaître faisant ainsi b...