[OS#1] Comme une ombre

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« Tu as tellement grandi Kris ! »

« Tu es devenu un beau jeune homme ! »

« Tes parents doivent être fier de toi »

« Tu nous rappelle Asriel à ton âge ! »

Voilà ce à quoi le jeune homme s'est habitué toute sa vie, bien que flatté par ces mots plein de sympathie il y avait toujours quelque chose qui le dérangeait. Mais ça, il ne le dirait jamais. Peu importe l'endroit, peu importe le moment, il fallait qu'ils en arrivent là. Et malheureusement ça ne changerait pas de sitôt, le regard fixé sur un point invisible, ses cheveux cachant ses yeux, il observait des enfants s'amuser et rire joyeusement dans l'aire de jeu du parc. Bien que ça soit étrange, il aimait le faire, il aimait se rappeler la vieille époque avec son frère, ce dernier étant parti poursuivre ses études. Ils passaient des journées entières à jouer, et partir à l'aventure, à cette pensée Kris lâcha un petit rire. Partir à l'aventure consistait à s'inventer surtout des rôles, des histoires puis parcourir le parc en faisant de ce lieu tantôt une île déserte tantôt un château gardé par un horrible dragon.

C'était un des rares moments où il se sentait vivant. Qu'il se sentait libre d'être qui il voulait, de dire ce qui lui passe par la tête sans que ça soit mal interprété, sans que ça ne passe pour une stupidité. Etre un enfant est une forme de liberté que l'on perd à mesure qu'on grandit, l'imaginaire suffit souvent à embellir une journée quand on en est un, on se paye le luxe d'avoir les rêves les plus fous et même les plus irréalisables. Des éternels rêveurs, même quand c'est impossible ils y croient et ne sont pas jugés mais encouragés. Kris regrettait un peu cette phrase que tout enfant prononce dans sa vie « Je suis pressé grandir !... », il considérait ça comme un fardeau de grandir, d'ouvrir les yeux sur la réalité et faire ses adieux à l'amusement. Il lâcha un soupir. Peut-il encore replonger dans cet état de liberté ?

« Oh ! N'est-ce-pas le fils de Dame Toriel ? »

Brutalement tiré de ses pensées il sursauta un peu avant de lever le regard vers son nouvel interlocuteur, il s'agissait d'une des amies de sa mère. Un monstre d'apparence féline au pelage brun et aux yeux bleus, la femme tenait la main de son fils qui salua, les yeux pétillant de bonheur, Kris. Ce dernier sourit instinctivement et salua le jeune garçon d'une caresse sur la tête avant de faire de même avec sa maman mais d'un signe de tête.

« Les années passent tellement vite mon garçon, hier encore tu avais la taille de mon fils et maintenant tu es beau jeune homme ! » S'exclama-t-elle, la remarque ne fit pas grand-chose à ce dernier, c'était la même que chaque adulte y compris ses parents lui sortaient occasionnellement. Elle n'avait rien de spéciale, ni de bien innovante à vrai dire. La discussion continua quelques minutes de plus et plus elle avançait, plus elle irritait Kris. Pas que cette femme soit spécialement désagréable, loin de là, mais il y avait toujours cette chose, cette remarque, elle revenait encore plus souvent que celle sur le fait qu'il ait grandi.

« Asriel à ton âge était vraiment brillant et il l'est toujours hihi ! Tu as vraiment de la chance d'avoir un frère comme lui, il doit être un vrai modèle pour toi »

Il se contenta de la regarder de façon neutre en guise de réponse, il ne le supportait pas, depuis trop longtemps on lui matraque les oreilles avec cette comparaison. Mais étant de nature peu expressive il ne montra jamais son agacement, ne se confia jamais à qui que ce soit. Selon lui ce n'était pas important, il n'était pas si important que ça, si finalement aux yeux de tous il n'égalait jamais son grand frère. Quand enfin la discussion prit fin, il poussa un énième soupir avant de reporter son attention sur l'aire de jeu d'un air renfrogné. N'y avait-il personne pour le voir tel qu'il était ? Personne qui ne verrait que lui et non une tierce autre personne ? Etait-il condamné à jamais être dans l'ombre de son frère ? Pourquoi ne peut-il pas simplement décider de choisir qui il est ? Il en vint à la conclusion que ses choix ne comptaient pas, quoi qu'il en dise.

Son plus grand rêve était d'être réellement libre, il se sentait si oppressé, il se sentait écrasé par la vie quotidienne qui lui rappelait qu'il ne serait jamais aussi bien que son frère. Pourtant il lui vouait un amour et une admiration inconditionnelle mais il ne le supportait plus, il voulait être aussi libre qu'un enfant, comme avant, un rêveur sans limite, les ailes déployées. Hélas le temps fait son travail ici-bas et on ne peut le remonter, il se redressa légèrement sur le banc et laissa la brise d'automne faire virevolter ses cheveux laissant apparaître ses yeux. Il voulait décompresser, hurler sa frustration au vent, mais il n'en fit rien.

« KRIS ! »

Il se leva et fixa la petite fille en face de lui, une fillette aux cheveux bruns, les yeux de même couleur, la peau claire et sa plus grande particularité était ses pommettes rosées qui la rendait vraiment adorable. Cette dernière souriait chaleureusement à Kris tandis qu'une autre, beaucoup plus jeune arriva en courant et se jeta dans les bras de ce dernier et le couvrit de petits baisers. Cette action fit rire le jeune homme et eut pour effet de faire partir un temps ses pensées sombres. La plus jeune avait un teint et beaucoup plus proche de celui de Kris de même pour la chevelure.

« Frisk arrête ! Tu vas l'étouffer à force de le serrer comme ça ! » Dit la plus âgée entre deux rires.

« Mais il avait l'air si triste ! Il lui faut des câlins et des bisous ! Hein Kris que j'ai raison ? » Répondit la dénommée Frisk desserrant un peu son étreinte, Kris acquiesça d'un hochement de tête, car après tout elle n'avait pas tort. Instinctivement il serra à son tour sa petite sœur dans ses bras, les berçant de droite à gauche lentement. La plus âgée les fixait curieusement avant de croiser les bras.

« Si vous avez fini, on pourrait rentrer à la maison ? Je veux pouvoir manger de la tarte de maman ! » S'exclama-t-elle en pointant la sortie du parc du doigt, Kris porta Frisk à son dos et commença à marcher vers celle-ci.

« Chara ! Chara ! Je suis la plus grande ! On est une seule personne lui et moi ! »

Pour réponse, elle applaudit tandis que Kris admirait sa petite sœur. Ce côté toujours rêveur des enfants, voilà ce qu'il aimait. Voir ses soeurs sourire, rêver, profiter de leur liberté lui faisait du baume au coeur. Il espérait qu'elles ne soient pas pressées comme lui l'a été de grandir. Il ne se lassera jamais de l'atmosphère rafraichissante que lui procurait la présence de Frisk et Chara, il les aimait énormément et c'était réciproque. Elles étaient bien les seules à ne pas le comparer à leurs grand frère, à le voir tel qu'il était. Peut-être avait-il tort de ruminer ainsi se dit-il. Tant qu'il y a une personne qui vous aime tel que vous êtes, l'existence ne peut pas être si horrible que ça en fin de compte.

 Tant qu'il y a une personne qui vous aime tel que vous êtes, l'existence ne peut pas être si horrible que ça en fin de compte

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(Art par CloudiiMomo sur Déviantart.)

Bienvenu (e) dans ce recueil d'histoires ! Ici nous n'allons pas explorer une quelconque intrigue ou mystère ou autre théorie du complot Gaster 666 blabla. Non. Ce sont des One-shot familiaux (pas seulement) qui se passeront tantôt dans Hometown tantôt dans le Dark world.

Il n'y aura pas de chronologie particulière, un temps j'écrirai dans le futur un autre dans le passé. Et je mettrai à jour ce recueil selon mon inspiration mais j'ai un peu d'avance sur vous don't worry. Mais ça ne veut pas dire que ce sera régulier eheh.

Bref vous avez compris je crois, d'ailleurs n'hésitez pas à le donner votre avis en commentaire. Sur ce à la prochaine.

Petites histoires d'HometownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant