Un boss encombrant

18-Chaud/Froid

Ma poitrine se soulève et s'abaisse comme si j'étais une feuille virevoltante. J'ai du mal à retrouver mes esprits après cette expérience. J'ai fait l'amour pour la première fois. Avec mon patron.
Si un jour, on m'avait dit que je me laisserais aller à ce genre de folies, j'aurai ri. Mais maintenant, tout ça me parait bien plus réel.

Mr Brown fixe le plafond depuis un moment dans le silence le plus complet. J'ai été si nulle?! Je sais que je n'ai pas fait grand chose mais...

_Davis...Tout va bien?

Il se tourne et le bleu de son regard me transperce. Un pic de désir me stimule encore mais je décide de l'ignorer.

_Oui oui, ne t'inquiète pas. Juste, je ne m'attendais pas à ce que tu sois...

_Vierge?!, fais-je en me relevant et en ignorant complètement ma poitrine exposée.

_Oui, en quelque sorte.

Il se lève et retire le préservatif avant de le jeter dans la poubelle.

_Tu regrettes?

_Non, je ne regrette pas. Je ne pourrai jamais regretté un moment pareil. Seulement...

_Seulement quoi? Dis le! Tu ne pensais pas faire du sérieux et ma virginité change la donne!

_Oui!, me dit-il crûment. Je pensais qu'on était d'accord pour juste passer de bons moments ensemble.

Ses paroles me brisent mais il a raison. Il n'a jamais été question d'une relation. Je voulais juste faire l'amour et maintenant c'est fait. Et lui, il avait envie de sa jolie secrétaire comme n'importe quel patron. C'est pas plus compliqué que ça, et je le conçois parfaitement. Je l'ai toujours conçu comme ça et pas autrement il y a quelques heures encore. Alors pourquoi ça me fait si mal?
J'essaie de retenir les larmes et lui répond:

_C'est le cas. Qu'est-ce qui te fait penser autrement ?

_Les vierges se cramponnent. Tu vas tomber amoureuse de moi...

_Pas le moins du monde. Je peux très bien être ta maitresse sans pour autant éprouver des sentiments.

_Tu ne le veux pas, ce n'est pas ton genre.

_Tu ne me connais pas Davis. Je ne suis pas comme tu le dis.

_Tu viens de sortir d'une rupture. Tu te raccrocheras à tout ce que tu pourras, notamment moi.

_Je te prouverai le contraire.

Il souffle avant de regarder sa montre. Comment ai-je pu avoir confiance en lui? Je croyais qu'il était différent. Je ne m'attendais pas à ce qu'il me dise des choses pareilles. Plus j'y pense, et plus je me dis qu'il a peut-être raison. Je n'arrive pas à m'expliquer mon sentiment pourtant. Je suis prise entre la colère et la tristesse.

_Je vais rentrer chez moi. Mes enfants viennent me dire au-revoir le matin...

_....

_Aliyah, tu m'en veux?

_Je n'ai rien à ajouter. Au-revoir mr Brown. Nous nous reverrons au cabinet.

Il ne dit rien. Je continue à fixer le vide pendant qu'il se rhabille prestement. J'ai juste envie de tout envoyer valser. Sans un mot, mon chef quitte ma chambre et dévale les escaliers.  J'entends un grand fracas puis plus rien. La maison est de nouveau silencieuse. Je fonds en larmes sans trop savoir pourquoi.

Le lendemain matin, un peu à contrecœur, je me rends au travail. J'arrive avant mr Brown. Je suppose qu'il m'évite.
Dès que je m'installe devant mon bureau, quelqu'un pousse la porte d'accès vers mon poste. J'ai peur de lever la tête et de voir quelqu'un d'indésirable.