Concentré à soulager ma faim avec ce que contient mon assiette, je ne me rends pas compte que la mère de mon futur enfant et sa meilleure amie se dévisagent en silence, comme à tous les repas d'ailleurs depuis près de quatorze jours. Je ne pensais pas que leur dispute durerait aussi longtemps. J'étais certain que Aliyah allait s'énerver, mais pas au point de traiter Chloé comme une plante verte. Il serait temps que j'intervienne je crois. Je me sens en parti responsable de tout cela.
_Aliyah ?, l'interpellai-je.
Elle répond en levant le nez de sa tasse, me signifiant que j'ai toute son attention. Une moustache de lait orne le dessus de sa lèvre supérieure. À cet instant précis, je la trouve très mignonne. Elle me rappelle Élise quand elle était aux alentours de neuf-dix ans. Elle aussi s'en mettait toujours partout quand elle mangeait. Cette simple pensée me fait sourire.
_Quoi ?, m'incite-t-elle à poursuivre déjà sur la défensive.
_Repos soldat, ironisai-je. Je veux juste te parler.
_Je t'écoute, me pousse-t-elle en avalant une autre gorgée de sa boisson chaude.
_Te parler...en privé.
Elle me fixe de son air incrédule avant de hausser les épaules . Nous finissons notre petit-déjeuner à la hâte, plus moi qu'elle cela va de soi, et nous rejoignons à l'extérieur, dans un endroit un peu retiré. C'est une sorte de bungalow au fond du jardin d'oncle Kan peint en gris métallique avec un petit escalier en bois qui mène à un espace sur lequel on peut prendre place pour s'aérer l'esprit et surtout , discuter à ce moment précis. Je l'invite à s'asseoir dans l'un des fauteuils qui nous est présenté et je m'installe moi même en face d'elle, dans l'autre meuble. Je la vois frictionner ses épaules, déjà traversées par la fraîcheur du matin, alors je lui passe ma veste par dessus pour recouvrir cette peau qu'elle tient à garder découverte en prévision d'une journée aux températures plus chaudes. Tête de mule va ! J'ai l'impression de me retrouver quelques mois en arrière, à Los Angeles. Le souvenir me rend nostalgique. C'est cette nuit là que je lui ai avoué mon attirance pour la première fois. Depuis, notre relation a beaucoup évolué, autant en bien qu'en mal.
La voix rendue rauque par le froid de ma vis-à-vis me tire de mes pensées :
_Tu veux bien te décider à parler ?!, tonne Ali, car oui, maintenant je l'appelle Ali de temps à autre .
_Tu trouves pas que c'est apaisant, ce calme naturel, cette ambiance ?!
Elle soupire. Elle préfère que je vienne droit au but. Même si on a fait une trêve, elle met un point d'honneur à limiter la durée de nos discussions qui ne sont pas d'ordre vital.
_Tu restes souvent énervée comme ça contre ta meilleure amie ?
_Jamais aussi longtemps, me répond-elle après un soupir. D'habitude, lorsqu'on se dispute ou qu'on n'est pas d'accord sur un sujet, on décide d'un accord tacite de ne plus l'évoquer, et tout redevient normal en à peine quelques heures.
_Tu n'en as pas marre de cette situation ?
_Ce sont mes histoires en fait, tu n'as pas à t'en mêler, tranche Ali.
_Oui mais ça me rend triste. Je culpabilise un peu. Chloé a l'air complètement perdue. Elle semble souvent triste, alors qu'elle devrait être heureuse vu qu'elle est au début de son mariage. Elle n'a même pas suivi Éric qui est parti il y a une semaine, dans l'espoir que tu lui pardonnes enfin.
_Donc c'est pour avoir la conscience tranquille ?, intervient-elle.
_Non pas du tout..., je me défends.
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Un boss encombrant
Romance"Il m'exaspère!"..." Quel goujat ! "..." J'ai envie de l'étrangler ". C'est ce que Aliyah Smith, toute nouvelle assistante de Davis Brown, n'arrête pas de se répéter à propos de son patron. Ce bel homme charismatique a le don de l'énerver continuell...