24-Démission

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Ça m'a pris du temps avant de prendre cette décision mais j'ai finalement réalisé que c'était la meilleure solution pour moi: je démissionne aujourd'hui.
Peu importe ce que mon père peut dire, ou son ami, ou même mon patron. J'ai besoin de partir. Ça me fait de plus en plus de mal de rester près de lui. En plus, ma grossesse risque de bientôt se voir. Je suis déjà enceinte de quatre mois.

Je caresse mon ventre après avoir envoyé mon mail de démission à Mme Jefferson ainsi qu'à mon patron. Je suis sûre que je prends la meilleure décision.

_Tu veux partir Aliyah ?

Mon cœur fait un bond dans ma poitrine et par réflexe, je me lève brusquement. J'ai immédiatement la nausée et manque de m'écrouler. Heureusement, je pose les mains à plat sur la table pour éviter de tomber et repend mon souffle. Ça n'avait rien de très discret.

_Ça va Aliyah ?, dit-il en me tenant le poignet. Assieds-toi.

_Depuis quand vous vous souciez de moi ?, fais-je rageuse.

_S'il te plaît. Ça ne te va pas d'être comme ça. Tu es plus belle quand tu souris.

_Vous m'avez connu comme ça pourtant, hostile et sauvage. Je suis comme ça avec vous depuis que je vous connais.

_Cesse ces enfantillages. C'est parce que je t'ai rejeté que tu veux démissionner ?

_Vous ne m'avez pas rejeté. Et ce n'est pas une raison valable. J'ai déjà exprimé mes raisons dans mon mail.

Je fais le tour de ma table pour sortir, démission manuscrite dans une main. Je ne peux plus rester dans cette pièce. Je sens que je vais craquer d'ici peu. Mes nerfs lâchent. J'empoigne la porte mais mr Brown agrippe mon bras et me ramène vers lui.

_Où tu vas ? On a pas fini de parler.

Son regard bleu océan se verrouille au mien. J'essaie de ne pas céder mais c'est difficile quand on est enceinte et en manque depuis plus de trois mois.

_Lâchez moi mr Brown, implorai-je presque.

_Aliyah, tu fais l'enfant, dit-il en me caressant la joue de sa main libre.

_Même pas. J'ai juste mes raisons qui me poussent à m'éloigner de vous, fais-je en essayant de garder le contrôle.

_Tes sentiments ?

J'inspire un bon coup. Ma main se pose sur son torse pour le repousser mais il a beaucoup plus de force que moi. Je ne réussis pas à me dégager. J'ai juste envie de l'embrasser, de le prendre dans mes bras, et de m'abandonner à lui.

Je n'y tiens plus. Je rapproche nos lèvres en attirant son visage au mien.

_Aliyah, non..., proteste-til.

Mais déjà, je scelle nos lèvres avec un baiser. Je presse mes lèvres contre les siennes. C'est tellement bon de sentir le goût de son café sur ses lèvres chaudes et douces. Mes yeux sont clos, je savoir pleinement ce moment. Mais j'ai l'impression d'être face à un mur de glace, il ne réagit pas à mon baiser. Je me sens bientôt honteuse.

_Tu vois... C'est pour ça que je veux partir. Je... Je ne peux pas continuer comme ça. C'est pas une question de sentiments...

_Aliyah, ne le prends pas comme ça.

_S'il te plaît, plus un mot. Je n'ai pas besoin de ta compassion. Lâche moi.

Sur ce, je quitte la pièce avec la lettre de démission et je me rends au bureau de Mme Jefferson. Je toque à la porte et elle m'autorise à entrer.

_Mme, vous avez reçu mon mail ?

_Oui Aliyah. Assieds toi voyons.

_Merci, obéis-je. Je venais vous remettre la démission manuscrite.

_Je peux savoir ce qui te pousse à démissionner.

_Je l'ai dit dans...

_Je sais lire Aliyah, ne t'inquiète pas. Mais je veux savoir les vraies raisons.

Je garde le silence un petit moment avant de soupirer. Pourquoi les départs sont si compliqués ? Elle devrait prendre mes raisons officielles sans trop me poser de questions.

_Je... Je n'ai pas forcément besoin de tout expliquer pour savoir que je dois partir.

_C'est Davis c'est ça ?

_.....

_J'ai bien vu comment vous le regardez. Vous êtes amoureuse de lui et vous en souffrez ?

_Tout à fait, finis-je par lâcher comme libérée. J'aurai aimé être plus pro, plus forte et supporté son indifférence mais je ne suis qu'une femme visiblement en manque d'affection. Je peux pas continuer comme ça, du moins je suis à bout.

_Il n'y a vraiment rien que je puisse faire pour vous faire changer d'avis, comme devenir l'assistante de quelqu'un d'autre ?!

_Oh non, cela empirerait les choses. Je veux juste partir et oublier.

_Je vous comprends, j'étais dans pratiquement la même situation avec mon mari.

_Votre mari !? Mais comment vous avez fini ensemble ?, m'osai-je à demander.

_Le destin Aliyah, me sourit-elle.

_Bah le mien il ne va pas m'épouser, maugréai-je entre mes dents.

_N'en soyez pas si sûre... Bon, puisque c'est ainsi, on peut bien vous offrir un pot de départ.

_Oh surtout pas. Je souhaite partir aussi anonyme que je suis venue.

_Si tel est votre volonté.

_Quand souhaitez-vous partir ?

_À la fin de cette semaine.

_D'accord. Je commence à m'occuper des dossiers dès aujourd'hui et vous pourrez partir.

_Merci beaucoup Mme.

Sur ce, je quitte la pièce pour me retrouver seule dans le couloir avec mes pensées. Suis-je vraiment en train de prendre la bonne décision ? Je doute finalement. Mais c'est déjà trop tard pour changer quelque chose.

************************
La fin de cette semaine est arrivée plus vite que les créances auprès d'une femme dépensière. Le moment pour Aliyah est venu de partir. Dès ce soir, elle ne fera plus partie de ma vie. Pourtant, j'ai l'impression que quelque chose de plus fort nous relie. Je ne sais pas d'où je tire cette impression mais elle ne me lâche pas comme du chewing-gum.

Je me pose un instant et je me remémore nos quelques instants de bonheur. Je me souviens du dîner en famille chez moi. On avait tellement tous ri... Et le week-end à LA, au mini-golf. Elle jouait comme un pied mais ça me faisait plaisir de la voir détendue alors je la laissais gagner. Quel bonheur ! Au barbecue chez elle, quand elle s'était mise à faire une imitation de son oncle Larry, elle était tellement drôle. Cette femme est vraiment très belle, hilarante, et intelligente. Qui plus est, elle est audacieuse, elle a un caractère bien trempé et se donne à 100% pour les autres. C'est elle qu'il aurait fallu comme mère à mes enfants... Mère... Mais c'est ça bien sûr, elle devrait être leur mère. Enfin, pas officiellement mais elle peut les garder. Ils l'apprécient tellement.

Je quitte précipitamment ma chaise pour lui faire la proposition mais quand j'ouvre la porte, elle n'est plus là, son bureau complètement vide d'affaires. Je jette un coup d'œil à ma montre, il est à peine 18h.

_Où est Aliyah ?, appela-je à l'acceuil.

_Elle est déjà partie mr, me répond Iris, ça doit bien faire 1/4 d'heure maintenant.

_D'accord !

Je raccroche aussitôt. J'essaie de l'appeler sur son numéro personnel mais en vain, personne ne répond. Je ferais peut-être mieux de passer chez elle, mais c'est pas sûre qu'elle accepte de me voir ou qu'elle accepte ma proposition. Ça sert à rien en vérité, elle va forcément me dire non, c'est évident.

Donc ça y est, Aliyah est partie , pour de bon !

Un boss encombrantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant