_Tu es sûre que tu peux monter ?, m'interroge Esteban. Tu peux m'attendre au pied et on repartira...
_Je suis enceinte, pas invalide. Et je suis pas supposée accoucher avant deux semaines, ne fais pas comme si je devais donner naissance demain, me plaignis-je.
_Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. Ton mari me tuerait.
_Ce n'est pas mon mari, je m'exaspère.
_Tu vis avec lui, tu t'occupes de sa maison et de ses enfants. Il reste que le mariage pour que ce soit officiel.
_Tu oublies l'aspect sexuel. On ne couche pas ensemble.
_Oui mais ça c'est un détail pratique qui viendra avec le temps.
_Je vais te pousser en bas quand je vais arriver, le menaçai-je.
_Faudrait que tu arrives en haut Mme ballon de foot, se moque mon meilleur ami.
Esteban m'énerve vraiment à faire des blagues et des allusions ridicules sur ma relation quelque peu particulière avec Davis. Le reste de ma grossesse se déroule particulièrement mieux depuis qu'on a fait la paix. Je m'accomode de sa présence et j'en arrive même à rire avec lui. Je crois que j'ai fini par apprécier sa compagnie.
Esteban, une fois n'est pas coutume, m'accompagne comme tous les jeudi soirs faire un peu de marche dans le quartier de Davis histoire que je ne devienne pas toute mollassonne. Davis n'est pas au courant hien évidemment, il risque de péter un câble. Il m'a déjà reproché de "ne penser qu'à moi et de ne pas tenir compte de la vie que je porte" et d'après lui je suis "trop enceinte pour faire quoi que ce soit". Et je montais juste les escaliers pour descendre le linge des enfants. Je n'imagine même pas sa réaction si il apprend que je fais du sport. En général je rentre avant lui donc je n'ai pas l'occasion de me prendre un savon.
Je pousse un peu plus pour pouvoir rejoindre Esteban mais c'est comme si mes forces me quittaient. J'ai de plus en plus de mal à avancer du aux coups du bébé. Je fais un dernier effort et j'arrive enfin au sommet de la pente.
_C'est bien, brave fille, me félicite mon ami en m'offrant une tape amicale dans le dos.
Je me penche en avant pour essayer de reprendre mon souffle.
_Ça va ma puce, tu n'as pas l'air bien, s'inquiète mon partenaire.
_Esteban...j'ai perdu les eaux, lâchai-je abruptement.
Effectivement, pendant que je reprenais mon souffle, j'ai senti un liquide quitter mon corps. Je suis totalement paniquée à l'idée que je puisse accoucher là, dans la rue. La voiture est super loin et je commence à ressentir les contractions. Une vive douleur me transperce et je ne trouve rien de mieux à faire que d'agripper le bras de Esteban et de le serrer jusqu'à enfoncer les ongles dans sa chair.
_Putain Aliyah !, hurle-t-il.
_Ça fait un mal de chien, sifflai-je entre mes dents. Désolé.
_Ça va. Tu veux t'asseoir ?
_M'asseoir ?, fais-je amère. Tu rigoles j'espère. Je dois aller à l'hôpital, je vais accoucher Esteban. Appelle Davis.
_Le bébé peut patienter tu crois ?
_Je ne sais pas mais il doit savoir, dis-je en m'accrochant désespérément à son bras. Va chercher la voiture !, lui ordonnai-je.
_Tu pourras attendre...
_Me fais pas chier Esteban !, m'emportai-je. Va chercher cette putain de caisse et cesse de poser des questions idiotes.
Ni une ni deux, il m'abandonne là et descend la pente en vitesse pour aller récupérer la voiture. Quand je pense que je devais rentrer chez moi, prendre un bon bain pour me détendre et que Davis serait venu me masser. Le destin fait mal les choses parfois. Et putain qu'est-ce que ça fait mal ces contractions. J'ai l'impression qu'on essaie de me déchirer de l'intérieur. À peine dix minutes après le départ de mon ami, un autre hurlement fend le silence étrange de cette fin de journée. Pourquoi diable Davis habite-t-il dans une rue sans voisin ?!
VOUS LISEZ
Un boss encombrant
Romance"Il m'exaspère!"..." Quel goujat ! "..." J'ai envie de l'étrangler ". C'est ce que Aliyah Smith, toute nouvelle assistante de Davis Brown, n'arrête pas de se répéter à propos de son patron. Ce bel homme charismatique a le don de l'énerver continuell...