_Je peux entrer ?
_Vas y, j'ai besoin d'aide pour mettre ma valise au dessus de l'armoire.
Esteban pénètre dans ma chambre avec un autre de mes sacs. Elle est située au rez-de-chaussée avec une vue sur le jardin et la piscine. J'ai pu emporter assez d'affaires pour me permettre de m'installer convenablement. Je pose le reste du contenu de ma valise sur le lit et Esteban la met au dessus de l'armoire. Ensuite, il range mes chaussures sur le meuble présent pendant que je mets mes vêtements et les sous-vêtements dans les commodes et placards.
_Tu m'as pas dit, comment ça se fait que tu viennes vivre ici ?, demande mon ami soudain intrigué.
_Tu veux les détails ?!, fais-je simplement.
_Fais moi un bref résumé, dit-il après un court instant de réflexion. On verra les détails autour d'un café une prochaine fois.
_Bon, je m'asseois sur mon grand lit temporaire, solennelle .
La monture du lit est en bois, vernis, et a l'air neuve, des tiroirs annexant le lit. La tête est sculptée de magnifiques motifs semblables à des plumes en continu qui donne tout de suite un air moins sévère à la pièce mais plus princier. J'aime beaucoup le design qui est moderne et dans des tons légers qui sont du blanc et gris anthracite , le mur étant de deux couleurs peintes horizontalement. Un fauteuil en cuir beige trône à côté du meuble et fait face à la grande baie vitrée qui donne vue sur le jardin. Une commode en acajou trône contre le mur opposé au lit et les grandes armoires sont sur le côté. Davis m'a indiqué qu'il y a deux dressing, mais le premier se trouve dans sa chambre et le second dans celle de sa fille. Il ne pouvait raisonnablement pas la faire se déplacer, alors j'ai hérité de cette pièce. Il m'a bien proposé de partager son dressing mais je lui ai rappelé la première règle de notre accord qui était censé être effectif dès qu'on arrivait: pas de présence non-autorisée dans les chambres respectives.
_Pour te la faire courte, Davis a appris pour ma grossesse et a débarqué chez mon oncle dans le Maine pour exiger que je vienne vivre avec lui et que je le laisse assumer sa paternité.
_Ce serait presque mignon, si il n'était pas un salaud confirmé.
_Je suis d'accord avec toi.
_Sur quoi ? Le côté mignon ?
_Non, bien sûr que non. Je suis d'accord pour le côté salaud, secouai-je la tête pour appuyer l'évidence même.
Je lui décoche un sourire suite à mon commentaire.
_Tu penses que vous pourrez vous entendre ? Avec ton tempérament de feu et lui qui n'est pas docile, je ne crois pas que...
_J'en ai conscience. Mais on a décidé de faire des efforts pour s'entendre. On a un enfant à élever.
_Je te souhaite bien du courage. Ça va au niveau de tes sentiments ?, me demande Esteban en mettant mes chemises sur des cintres.
_Quels sentiments ?, niai-je en fronçant les sourcils.
_Ah Ali !, proteste mon ami. Tu veux toujours pas avouer ?
_Tu me saoules clairement en fait vu qu'il n'y a rien à avouer... Et quoique tu ais pu penser percevoir concernant cette histoire, ça n'existe plus. C'est donc un sujet clos que je n'aimerais plus qu'on aborde. Compris ?
_D'accord m'dame. Fais attention à toi dans tous les cas, faudrait pas que cette situation dérape.
_Je sais ce que je fais. Contente toi de faire mon valet. Y'a encore des pantalons qui t'attendent.
On rigole un peu face à mon attitude de princesse et on poursuit notre rangement. Après notre séance "mise en ordre", nous nous rendons dans la cuisine pour se préparer des sandwichs au jambon. Enfin, Esteban nous prépare des sandwichs. Je suis prise, comme souvent ces derniers mois, d'une paresse irraisonnée.
Je dois avouer que sa présence m'avait manquer à Wells. Il n'y avait personne pour m'embêter réellement._Pourquoi Chloé n'est pas rentrée avec toi ?!
Je m'étouffe avec ma bouchée de pain et me met à tousser bruyamment. Il me sert un verre d'eau et le pousse vers moi. Je le bois d'une traite et reprend progressivement mon calme.
_Dois-je comprendre que vous vous êtes encore disputées ?, dit-il toujours avec un calme olympien.
_En quelque sorte. C'est elle qui a dit à Davis que j'étais enceinte.
_Ah ! Je m'y attendais pas à celle-là par contre. Mais tu connais Chlo, elle fourré toujours son nez dans les affaires des autres, faut pas lui en vouloir, dit-il simplement.
_Là, c'est la fois de trop. C'est ma vie privée merde !, m'offusquai-je.
_Hum, fait-il avec désinvolture.
_C'est tout ?! Tu n'as pas plus de réactions ?
_Que voulais-tu que je dise ?, m'interroge mon ami, un sourcil haussé.
_Je sais pas moi. Je m'attendais à un truc du genre "c'est ta meilleure amie, il faut que vous vous asseyiez pour régler la situation" et tout le discours moralisateur qui va avec.
_Pas besoin. Ça va s'arranger, même si ça prend un mois.
_Optimiste par dessus tout. Tu m'étonneras toujours.
Esteban hausse les épaules puis terminé son sandwich. Un quart d'heure plus tard, il part retrouver sa petite-amie pour une sortie en amoureux. Restée seule avec moi-même, je commence à me demander où ont bien pu passer mon patron et ses enfants. Dès qu'on est arrivé, ils ont déposé leurs valises et se sont empressés de disparaître dans la rue. Je me suis retrouvée à nourrir le chien. Davis, je ne sais pas, je ne l'ai pas vu depuis qu'il est allé s'enfermer dans sa chambre à l'étage, malgré sa cheville, quand on est arrivé. Je me pose la question de savoir si il y est toujours d'ailleurs. De toute façon, ce ne sont pas mes affaires. L'heure est déjà bien avancée et la lune ne va pas tarder à pointer le bout de son nez. Direction la douche. Passer sous les jets d'eau froide me fait un bien fou. Je m'autorise enfin à penser. La situation que je vis n'est pas des plus communes. Mon idiot d'ex-patron a pris un avion pour me retrouver dans une autre ville et s'est fait un plaisir de m'annoncer qu'il savait tout. Ensuite, il m'a pratiquement mis le couteau sous la gorge pour que je vienne vivre avec lui et élève ses mômes, non que je ne les aime pas. Il veut qu'on forme une famille, tous les cinq, et bientôt six. N'importe qui trouverait cela chevaleresque ne connaissant que cette partie de l'histoire, si les sentiments ne rentraient pas en jeu. Car oui, il est toujours question de sentiments dans cette histoire. Ce que je ressens pour Davis...je ne sais même pas ce que je ressens. Il m'apaise et m'offense, il me rassure et m'effraie, il me protège et me met en danger. Il est la lumière et moi la luciole, irrésistiblement attirée, pourtant brûlée si elle s'approche trop. Je n'ai pas la moindre envie de me brûler. Peu importe ce que je pense, il faut que je garde à l'esprit que ce n'est que temporaire et que bientôt, peut-être plus vite que prévu, ma vie reprendra son cours normal et tout cela ne sera plus qu'un mauvais rêve. Mais quelque chose en moi me dit que ce n'est que le début des ennuis.
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Un boss encombrant
Storie d'amore"Il m'exaspère!"..." Quel goujat ! "..." J'ai envie de l'étrangler ". C'est ce que Aliyah Smith, toute nouvelle assistante de Davis Brown, n'arrête pas de se répéter à propos de son patron. Ce bel homme charismatique a le don de l'énerver continuell...