La naissance de Posie (Tome 1)

Construire une vie à deux

- Il faut qu'on trouve ce mec.

Le soleil est sur le point de se lever et j'ai les yeux grands ouverts. Impossible de dormir maintenant que je sais qu'un psychopathe veut du mal à ma copine. Je tourne ma tête et observe Pénélope. Elle non plus n'arrive pas à trouver le sommeil. Elle fixe le plafond tout en essayant de me rassurer.

- Ou on peut aussi rester cacher là.

Elle tourne sa tête dans ma direction et pose sa main sur ma joue.

- Fuir n'est pas dans ton tempérament, Park.

- Il ne s'agit pas de fuir. Mais de construire une vie à deux. On pourrait vivre dans cet appartement pour toujours. Pas d'élèves, pas de professeurs, pas de soeur jumelle qui me déteste ou d'un père sur-protecteur. Juste toi ... moi ...

- Toc toc ! Je sors chercher le petit dèj. Quelque chose de spécial vous fait envie ?

- ... Et Scott ... finit elle par dire en roulant des yeux.

Elle lève sa main en direction de la porte de la chambre et la fait claquer en un mouvement sec depuis le lit.

Le pauvre Scott se prend la porte au nez.

- A quoi tu joues ? dis-je en me levant d'un bond pour aller lui ouvrir. Désolée ... euh ... si tu m'accordes cinq minutes, je t'accompagne.

Il retrouve enfin son merveilleux sourire et acquiesce d'un geste de la tête. Il penche sa tête pour regarder Pénélope et lui adresse un mouvement de la main pour la saluer avant de s'éclipser. Je ferme la porte et viens m'assoir sur le lit.

- J'ai l'impression que tu ne l'aimes pas beaucoup.

- Oh si, je l'adore ! dit elle sur un ton sarcastique.

Elle se lève pour aller rejoindre la salle de bain. Je la suis telle une copine complètement dépendante qui ne peut se passer d'elle une seconde. Je m'assois sur la cuvette refermée et l'observe se déshabiller.

- Quoi ? dit elle lorsqu'elle remarque mes regards appuyés.

- Est-ce que tu seras toujours là quand je reviendrai du supermarché ?

Un faible sourire apparait sur son visage. Elle s'assoit sur ses genoux devant moi et pose ses mains sur les miennes.

- Bien sûr que je serai toujours là. Toute façon, peu importe où j'irai, je sais que tu me retrouveras toujours.

- Toujours.

Elle pose ses lèvres sur les miennes et j'aurais donné n'importe quoi pour qu'elle ne les retire jamais. C'est assez drôle, cette sensation intérieur. Ce sentiment qui vous fait dire que vous feriez n'importe quoi pour celui ou celle que vous aimez. A cet instant, je repense à notre conversation, quelques minutes plus tôt. "On pourrait vivre dans cet appartement pour toujours" ... On pourrait oui. La perspective d'une vie à deux dans un appartement de rêve me comble de bonheur. Car oui, c'est ma définition du bonheur.

***

- Tu ne devais pas rentrer chez toi ?

Nous parcourons les allées du supermarché encore vides à cette heure-ci. Seules Scott, le caissier qui semble compter son argent et moi sommes présents. Scott ouvre un des frigos et en sort une brique de jus d'orange qu'il balance dans le panier qu'il porte gentiment. Je le suis à travers le magasin car il semble savoir parfaitement où il va.

- Ce n'est pas pressé. Je veux vraiment vous aider à trouver ce type qui en veut à Pénélope.

- Mais pourquoi ? Tu ne la connais même pas.

Il attrape un paquet de céréales qui se trouve tout en haut de l'étagère ce qui fait remonter légèrement son t-shirt, laissant dévoiler des abdos en béton. Je détourne rapidement le regard et lui prend le paquet des mains pour le mettre dans le panier. Il me regarde fixement en souriant.

- Non mais je te connais toi. Enfin, un petit peu. Et je me suis pris d'affection pour toi. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose.

Alors là ... je reste bouche bée. Littéralement ... Je ne sais pas quoi répondre à ça. Il n'y a pas une once de méchanceté chez ce garçon.

- Ecoute, je sais que tu ferais n'importe quoi pour Pénélope. Comme donner ta vie pour elle, par exemple. Mon rôle à moi sera d'éviter qu'on en arrive là, tu comprends ?

Il reprend sa marche à la recherche d'autres produits à mettre dans le panier. Il n'a pas tout à fait tort. En fait, il a parfaitement raison. Je pourrais donner ma vie pour elle si il le faut. Et un coup de main de sa part n'est pas de refus pour attraper ce type qui cherche à m'enlever ma copine.
Toujours sur ses talons, Scott tend le bras pour m'empêcher d'avancer plus. Il a perdu son sourire et je sens de l'inquiétude. Il respire très fort et je remarque que sa poitrine se lève et se baisse beaucoup trop rapidement.

- Qu'est ce qu'il se passe ?

- Chut, chuchote t-il tandis que ses yeux deviennent d'un rouge sang.

De son bras, il fait le tour de mon corps pour me faire passer derrière lui. Je me colle à son dos, attendant des ordres de sa part. Le magasin est plongé dans un silence profond. Nous n'entendons plus l'employé compter ses pièces. Plus rien.

Quand d'un coup l'allée sur laquelle nous étions positionnées se renversent sur nous. De la simple force de ses bras, Scott la porte et l'empêche de s'écraser sur nous.

- Cours !

Je fais ce qu'il me dit et me dirige vers la sortie du magasin. Au moment de pousser la porte, je trouve le cassier, la gorge tranchée. Le sang s'étale sur le sol autour de lui. J'ai un haut le coeur et me retiens de toutes mes forces de vomir. Je me retourne et vois Scott se faire attaquer par une femme. Elle a un corps élancé et de longs cheveux châtains. Elle tient dans sa main droite un pistolet qu'elle pointe en direction de mon ami, assis sur le sol, une main sur son visage pour se protéger. Je parierai sur des balles en argent. Elle est là pour le tuer. Il faut que je l'en empêche.

Je cours vers leur direction et me place devant Scott quand j'entends une détonation.

Elle vient de tirer.