Chapitre 15 : Au boulot ✔️

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Je le regarde alors que l'ascenseur file vers notre étage.

“Écoute Max, c'est vraiment pas le moment, je dois finir mon sac et être en bas avant les gars” je le coupe.

Je n'ai pas envie de parler, pas comme ça, dans un ascenseur ou entre deux portes, j'ai pas envie de discuter tout court à vrai dire. Et est il utile de préciser que par fierté personnelle, je ne veux pas être la dernière à descendre et être prête.

Les portes s'ouvrent et je trace, j'ai l'impression de fuir et d'être lâche mais tant pis. On aura bien l'occasion de se retrouver, et de mettre les choses à plat.

Ma clé ne fonctionne pas. C'est une blague ! Je jure intérieurement. Du coin de l'œil, je vois Max qui avance lentement sans se presser et je le regarde. Un sourire narquois apparaît sur ses lèvres.

“Tu as changé Léa ! Tu n'aurais jamais reculé devant une situation épineuse à l'époque”.

Je lève le menton de défi, vexée.

“Je n'ai pas fuis, c'est juste pas le moment ! Ouvre s'il te plaît je vais être à la bourre !” je le coupe vivement.

Il sort sa clé, toujours aussi nonchalamment, et finalement se décide à pousser la porte.

“Après toi !” Max me fait une courbette ironique. Je passe devant lui sans un mot, et le pousse d'un coup d'épaule, furieuse.

Je file dans ma chambre, les portes communicantes étaient restées ouvertes cette nuit heureusement et énervée, je termine mon sac.

“Je descends” lance Max de l'autre pièce et j'entends la porte claquer.

Je m'arrête dans la salle de bain, face au miroir, je pose les mains sur le lavabo et lève la tête face à la glace. Je me fixe dans les yeux. Je me juge. Mes sentiments sont confus, et cela ne me convient pas. Il est impératif que je me ressaisisse. Je commence à sautiller sur place et esquisse quelques coups de poing face à un adversaire imaginaire. Je boxe imitant Rocky. Je souffle deux fois profondément, inspire lentement et je m'arrête. Je suis ridicule et cela me fait rire mais je suis aussi, recentrée c'est le principal. “Show must go on” comme on dit. Je rassemble ma brosse à cheveux, dernier objet de la salle de bain et la jette dans mon paquetage et quitte la chambre.

J'arrive dans le hall de réception et seuls Hector et Max sont là. Ouf mon honneur est sauf, je ne serais pas la dernière à être prête.

Wess, Scott arrivent peu de temps après. Max nous dit alors : “Je vous laisse rendre vos clés si ce n'est pas encore fait et un minibus nous attends, en route !” Ses ordres claquent. Nous n'avons plus en face de nous l'ami, mais le chef de section.

Les clés rendues, nous quittons l'hôtel et une fois dehors nous chargeons nos sacs dans le minibus. Je monte et m'installe. Serrée comme une sardine je suis entre Wess et Hector qui me pousse de droite à gauche en chahutant.

Immédiatement une chanson me vient en tête “ha qu'est ce qu'on est serrées au fond de cette boîte …” Patrick Sébastien sort de ce corps ! Je me maudis intérieurement, je suis bonne pour l'avoir en fond de cale toute la journée. A ce rythme là, le trajet risque d'être long. Très long. Mais autant faire bonne figure. Je me rebelle en leur donnant une bourgade dans l'épaule à chacun : “On se calme les gosses”. Et cela à le don de détendre tout le monde.

***

Nous arrivons à Clairefontaine. Le domaine est immense. Nous descendons du véhicule, l'esprit bon enfant du trajet fait place à un comportement professionnel. Nous sommes rodés et prêt. Tout comme lorsque nous partions en mission auparavant. Une grosse berline noire est garée juste à côté du bus. Léo en sort en costume trois pièces noir. Un gilet sans manche sous sa veste ouverte et une cravate. Qu'il est élégant mon grand frère comme ça je pense. On en oublierait presque que c'est un gros lourdaud abruti je conclus intérieurement.

Max en tête, nous nous alignons en rang devant Léo. Il a un sourire en coin et je ne peux voir ses yeux sous ses lunettes de soleil de marque mais je sais à la vue de sa fossette que ses yeux rient.

“Prêts à rentrer dans l'arène ?” On a rendez vous avec le staff et l'entraîneur d'ici 10 minutes. Sortez vos sacs le gérant du domaine se chargera de faire la répartition des chambre et d'y poser votre bardas” déclare Léo.

Je m'allume une cigarette en m'écartant du reste du groupe et admire le domaine autours de moi. C'est grand. Il va y avoir du terrain à repérer je me dis, le domaine est magnifique avec trois bâtisses énormes. Je continue à analyser les alentours quand Max me rappelle à l'ordre vertement : “Léa je peux savoir ce que tu fous ? Il est interdit de fumer sur le domaine et tu me soule à cloper plus qu'un pompier sérieux”. Il ne me laisse pas le temps de répondre qu'il est déjà retourné auprès des autres.

Oh oh, on dirait bien que notre “chef” est furieux suite à notre conversation ou plutôt notre non conversation et ma fuite plus tôt dans la matinée.

Je ne me donne même pas la peine de répondre, je hausse les épaules d'un geste provocant et tire une dernière bouffée avant d'écraser ma cigarette et de jeter le mégot dans la poubelle la plus proche.

J'entends Wess qui dit à Scott “Tiens voilà du monde. C'est parti la Team, au boulot”

En effet je vois un homme approcher et plus il vient vers nous. Il porte un polo blanc et un jean bleu foncé. Un porte documents dans une main et un téléphone vissé à l'oreille, il s'approche d'une démarche tranquille bien qu'assurée vers nous. Il est grand, presque un mètre soixante quinze je dirais et sa silhouette est élancée. Plus il s'approche et mieux je vois son visage qui m'est très familier. Cheveux grisonnant, grand sourire malgré une dentition imparfaite, il tends la main à Léo et dit d'une voix forte “Bienvenus a vous !”

Putain j'hallucine. Le champion du monde Didier Deschamps est devant moi !

Garde Rapprochée : Le garde de ton corps.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant