Chapitre 31 : Punie

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Je ne dis rien et tourne les talons. Je suis épuisée, je ne veux plus me battre, j'en ai assez, j'ai trop souffert.

J'ai eu des missions difficiles, celle ci aurait dû être une ballade de santé. C'est la pire de toutes. Même en Irak ou en Russie c'était moins dur. Et moins dangereux pour ma santé mentale.

Je prends la direction de l'hôtel et le plante. Une fois n'est pas coutume, je pense intérieurement, mais tant pis, je n'en peux plus de ce dialogue de sourd.

Oui Gullen m'a téléphoné hier, effectivement on est sorti ensemble quelques temps, j'avais même eu l'audace d'y croire à l'époque, mais on s'est séparé, on était trop différent malgré nos métiers et cette rage, cette folie liant deux être complètement perdus, écorchés par la vie, qui nous réunissait sous la couette.

J'étais rentrée en France peu de temps après ça, coupant tout contact avec mes anciens camarades de guerre, mon frère, ma famille et j'avais changé radicalement de voie. C'est comme ça que je m'étais retrouvée gérante de bar quelques temps après.

Je secoue la tête pour chasser ces souvenirs douloureux en franchissant le hall de l'hôtel. Charles vient à ma rencontre :

"Léa t'es encore plus pâle que tout à l'heure, je pensais que l'air frais te ferrais du bien pourtant" me dit il en me scrutant, un pli soucieux barrant ses épais sourcils.

"Ouais laisse tomber, je suis tombée sur Max et il est pénible en ce moment. J'en ai ma claque, il ne me lâche pas et je suis fatiguée, je ne dors pas très bien".

Hé bien ! moi qui avait décidé de ne rien dire, et ne pas me livrer, il aura suffit d'une énième dispute pour que je me livre telle une vraie piplette parlant à sa meilleure amie. Je peste intérieurement, Charles va surement transmettre l'information aux gars, comme quoi c'est tendu entre nous, et ça va encore jaser.

Il est l'heure de se rendre au briefing matinal, l'entraîneur nous attends ; du coup je trace et ne laisse pas sa chance à Charles d'en rajouter. L'équipe est réunie au grand complet, il règne un calme assez surprenant pour une fois. Je me glisse le plus discrètement possible près de Lloris en évitant de croiser son regard. Max n'est pas là. S'il avait pu se perdre en rentrant à l'hôtel ça m'arrangerait. Je me ressaisis rapidement et écoute le coach qui parle du prochain match à venir.

Les instructions sont simples, vu que l'équipe de France est en train de gagner tous ses matchs, le nombre de supporters grandis et les joueurs risquent d'être beaucoup plus sollicités.

"Nous avons la chance d'avoir une équipe de sécurité hautement qualifiée pour nous encadrer, vous avez intérêt à vous tenir à carreaux et à écouter leur instructions sans discuter. Je ne tolérerais plus de conneries comme hier soir" conclut Deschamps en fixant Rami d'un regard noir.

Quelques rires discrets s'échappent de l'assemblée, j'esquisse un sourire en coin face à la tête contrite du défenseur. On dirait un enfant pris la main dans le sac.

Les joueurs se lèvent et se dirigent vers la sortie. J'attends qu'Hugo se lève à son tour, pour le suivre. Il n'en fait rien et attends sur son siège que tout le monde soit sorti. Je ne bouge pas telle une statue de sel, à mon poste. Il lève un regard vers moi et me dit :

"Tu es toute pâle ..."

Encore ? Ma parole mais qu'est ce qu'ils ont tous aujourd'hui... Je le coupe sèchement :

"N'importe quoi ! On y va ou tu attends le déluge ? "

Je me mords la joue, je sais que je ne devrais pas lui parler comme ça, après tout c'est un client et c'est la fédération qui nous paie, si il se plaint, on va se faire virer et Léo ne me le pardonnerait jamais .

Lloris se contente de lever un sourcil surpris mais ne pipe pas un mot, il se dirige vers l'entraîneur et lui murmure un truc à l'oreille que je n'entends pas.

Les deux hommes se tournent vers moi et me regardent sourcils froncés. Je n'ai pas le temps de dire quoique ce soit, que Deschamps me dit : "Mlle Webb, vous devriez voir avec votre supérieur pour prendre votre journée, vous avez l'air en petite forme, et si vous couvez quelque chose, je ne veux pas que vous contaminiez mon capitaine d'équipe".

Son ton est sans appel, je me retrouve comme une conne, les yeux écarquillées à ne savoir que dire. Je rêve ou ce gamin de Lloris, vient de tout simplement, cafter, auprès de son coach ?

Putain l 'enflure.

Je me contente d'un hochement de tête sec et d'un "Très bien" et sors de la salle de réunion, mortifiée. Jamais mon sale caractère ne m'aura joué autant de mauvais tour. Il faut vraiment que je me ressaisisse, c'est du grand n'importe quoi, cette histoire avec Max, me fait faire et agir n'importe comment.

Je prends l'ascenseur et monte dans ma chambre, je suis punie ? Très bien, je vais me mettre au lit et regarder une série sur Netflix puisque c'est ainsi, et je me ferais même livrer un room service. La note sera pour mon abruti de frère. J'ai pleinement consciente d'agir comme une sale gosse mais j'ai difficilement du mal à conserver mon humeur égale depuis quelques temps.

Pendant que je me rends à ma chambre, mes pensées suivent leur cour sans réaliser que d'un coup, je réalise que non seulement ma poitrine est douloureuse mais que j'ai du retard.

Bordel de merde ! 

Garde Rapprochée : Le garde de ton corps.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant