Chapitre 33 : Assumer

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Il est vingt trois heures et je n'ai pas bougé de ma chambre. J'ai erré tel un zombie alternant les aller retour entre la salle de bains ou j'ai pris une douche et mon lit king size, commandant un club sandwich et des frites au room service.

Je n'ai pas donné de nouvelles a Wess, qui à eu, pour une fois, l'intelligence de me laisser tranquille. Tant mieux je n'ai absolument pas envie de devoir me justifier ou de lui mentir. Il a été adorable malgré sa grande gueule de con cet après midi et je lui en doit une bonne.

On frappe à ma porte. Décidément, j'ai parlé trop vite. Je me lève sans prendre la peine de me couvrir, j'ai un grand t-shirt et un boxer, ca ira bien, surtout si c'est Wess, après tout il en a déjà vu plus quand on était en mission.

C'est surprise mais surtout honteuse que je me retrouve en chemise de nuit "Denver le dernier dinosaure" devant Lloris qui me fait face.

Je ne dis pas un mot, j'attends qu'il parle en premier, après tout c'est à cause de lui que j'ai été punie ce matin je songe telle une gamine boudeuse.

Je hausse un sourcil interrogateur et le vois regarder la pointe de ses baskets en se passant une main dans les cheveux.

"Je peux entrer ? " me demande t'il.

Tiens, il est plus poli que Wess en tout cas. J'ouvre la porte en grand, malgré ma tenue plus que régressive, après tout qu'est ce que j'ai à perdre, j'ai une tête à faire peur, les cheveux en bataille et pour couronner le tout je suis en cloque d'un sale con marié, je songe cyniquement.

Hugo passe devant moi et je le vois se tortiller les mains, très mal à l'aise apparemment. Je décide de mettre fin à son calvaire rapidement, il est presque mignon comme ça, on dirait un petit garçon.

"Ecoute Capt'ain, dis je sur le ton de l'humour, je suis désolée je n'aurais pas dû te parler comme ca ce matin".

Il s'assoit à côté de moi sur mon lit, je suis assise en tailleur, tentant de cacher le plus possible de mes jambes sous mon t-shirt deux fois trop grand pour moi. Il se tourne vers moi et plante son regard dans le mien :

"Non c'est moi, je n'aurais pas dû dire à l'entraîneur que tu était malade, alors que tu étais seulement fatiguée, je n'aurais même pas dû me mêler de ta vie en fait, c'est toi mon garde du corps pas le contraire", un sourire mi contrit mi coquin naît au coin de ses lèvres en me disant ça.

Je sens mon ventre qui commence à s'agiter face à ses grands yeux et son sourire. Je n'y crois pas mes hormones sont en folies en ce moment, c'est une vraie montagne russe émotionnelle. Je suis en train de perdre la tête ou Lloris me fait du charme ? Et le pire dans tout ça c'est que ça me plait ? Je pense en essayant de me raisonner.

Il rigole en voyant mes grands yeux " Soit pas surprise Léa, j'ai abusé sur le coup, je suis désolé" sa main est sur ma cuisse et je le vois se rapprocher doucement, dangereusement de moi.

Les gargouillis dans mon ventre se font de plus en plus virulents, c'est pas l'excitation bordel, quoique ... Je vais surtout être malade. Encore.

Je me lève vivement, coupant court à toute tentative d'approche. Il manquerait plus que je lui vomisse sur ses pompes de luxe qui doivent coûter l'équivalent d'un demi loyer chez moi.

"Lloris, c'est bon merci d'être venu mais tu peux partir maintenant" je lui lance rapidement en me dirigeant vers les toilettes. "Vas t'en s'il te plait, je vais être malade, effectivement tu avais vu juste, j'ai la gastro". J'ai à peine tiré la porte derrière moi que j'entends celle de ma chambre se fermer.

Il était moins une.

La nuit bien que courte a été reposante, c'est moins nauséeuse que je me lève ce matin, prête à reprendre le contrôle sur moi même et mes hormones. Hors de question que je me laisse distraire par un truc aussi gros qu'un grain de riz.

Quand j'arrive à la salle des petits déjeuners, je vois Max qui se lève pour venir à ma rencontre. Tout mon corps se crispe involontairement. Cependant j'expire discrètement et affiche un visage digne des meilleurs joueurs de poker mondiaux.

"Salut, Wess m'a dit que tu était malade, une gastro, ca va mieux ?" Son débit de parole est hyper rapide, le ton est concis comme si il établissait un rapport à son commandant, au point que je n'ai pas eu le temps d'en placer une.

"Ca va faire le tour, de toute manière aujourd'hui ça va déjà mieux" je lui réponds sans rien laisser transparaître.

"Parfait alors, car nous avons besoin de toi, pour le match aujourd'hui, tu te sens d'attaque ?" poursuit il

"Tout à fait" je conclut laconiquement.

"Ok alors on se retrouve tout à l'heure à nos postes pour le départ" finit il en tournant les talons.

Simple, concis, efficace, professionnel, il semblerait que notre dernier échange, l'ai au moins dissuadé de faire ami ami avec moi. Chacun s'occupe de ses fesses et ça ira bien.

*Flash Back - Los Angeles - Cinq ans en arrière *

La soirée se déroule parfaitement, nous avons enquillé quelques bières et quelques shooters, et je me sens libérée bien que légèrement contrariée depuis que j'ai vu Max partir avec cette pouf.

Nous avons fait quelques parties de billard, et j'ai gentiment laissé gagner Gullen, le laissant croire que c'était lui le professionnel.

Légèrement éméchée et d'humeur taquine je lui lance : " Allez dernière partie, qu'est ce qu'on pari ?"

Sur de lui, Gullen rigole et déclare " Le perdant embrasse le gagnant".

Je m'esclaffe jouant mon rôle de petite écervelée jusqu'au bout. "Toi mon pote je vais te manger tout cru, tu ne vas pas comprendre ce qui t'arrives, tu pensais être un champion, je vais te ratatiner" je pense tout bas.

La partie se déroule comme prévue, je lui mets une branlée magistrale, et c'est triomphante et moqueuse que je m'approche de lui. Danse de la victoire mi ridicule mi comique en approche.

"Alors c'est qui le roi du labo ?" je ricane en faisant référence à une vieille série que j'adore.

Je n'ai pas le temps de plus crâner que ça, que Gullen m'attrape d'un geste vif par le passant de mon jean et me sers contre lui. Mes deux mains atterrissent sur son torse, que je pensais pas aussi musclé d'ailleurs, et je sens une chaleur familière ronger mon ventre.

Un peu cavalier, mais terriblement séduisant ce Gullen au final... je songe-je pendant qu'il m'embrasse avec un désir à peine dissimulé et un plaisir évident.

C'est un gloussement qui nous interromps. La dinde de Max est devant nous, sourire niais aux lèvres tandis que Max arrive avec deux bières à la main.

Je le regarde en haussant un sourcil narquois, attrape Gullen par la main, et sans un mot prends la direction de la sortie.

Garde Rapprochée : Le garde de ton corps.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant