Genève. Ce jour :
Je suis en train de fumer une cigarette dans le bureau à l'arrière quand j'entends des éclats de voix.
Ça a l'air de s'échauffer au bar. J'écrase ma clope rapidement et attrape la batte de baseball qui est rangée dans le placard. Juste au cas où nous aurions besoin de calmer la foule. Nous nous en servons jamais, mais sa vue calme généralement les ardeurs directement.
J'ouvre la porte et remarque qu'un groupe de mecs commencent à être fortement alcoolisés et parlent de plus en plus fort. Leurs gestes prennent de l'ampleur au fur et à mesure qu'ils enquillent leurs whiskies coca.
Je fais signe à mon associé Paul et à notre serveur José discrètement, qu'il est temps d'arrêter de les servir et leur demander de quitter les lieux.
Paul acquiesce d'un mouvement discret du menton. Je sais qu'avec sa patience et son tact légendaire, il arrivera à gérer. Et puis sa carrure d'homme musclé, mais juste ce qu'il faut, en impressionne toujours plus d'un ou d'une d'ailleurs.
Le bar est bondé, la soirée bat son plein, l'ambiance est bonne et six mecs défoncés au bar, bruyants comme ils sont, risquent de déranger la clientèle... voir de la faire fuir. Et ce n'est clairement pas ce que l'on souhaite.
J'entends Paul leur dire poliment mais fermement que c'est terminé pour ce soir et il a à peine de le temps de finir sa phrase que le plus âgé des fauteurs de trouble lui assène un coup-de-poing magistral.
Il a détourné l'attention de Paul en renversant un verre et profitant que celui-ci, par réflexe, baisse les yeux afin de voir l'étendue des dégâts, pour prendre son élan et le cogner avec toute la force dont il en était encore capable.
À partir de cet instant précis, tout s'enchaîne rapidement. Des habitués du bar s'en mêlent, pensant bien faire et voulant prendre notre défense. Les cris, les coups et les insultent fusent. Des verres sont cassés, des tabourets renversés. Un client s'est même retrouvé avec son mojito encore intact sur le jean.
Intérieurement, je jure pas sûre qu'on le reverra celui-là.
Je n'ai juste le temps de vérifier que Paul n'a rien, ou du moins pas de blessure apparente et franchement énervée, je prends mon élan et saute au-dessus du bar.
Je demande à notre serveur ou plutôt je lui hurle par-dessus le vacarme ambiant de débarrasser ce qu'il peut sur le bar. Verres vides, pleins, shaker, pilon, couteau, bac à glaçons tout disparaît au fur et à mesure.
L'atmosphère est électrique, on ne sait plus qui cogne qui. Il faut agir vite avant que cela ne finisse en bagarre générale.
J'empoigne le cogneur par l'arrière du col et le tire violemment en arrière.
Il perd l'équilibre et décontenancé cherche à voir qui s'en prend à lui.
Je n'ai encore pas dit un mot, et profite de l'effet de surprise. Je n'ai pas peur. Les gestes techniques acquis des années auparavant reviennent comme si je les avais appris hier.
Il se retourne et je lui assène un coup dans le foie. Il se plie en deux de surprise et de douleur, j'enchaîne rapidement sans lui laisser reprendre son souffle, pendant qu'il est encore penché en avant pour lui donner un coup de genou dans le ventre et je finis par lui coller un coup sec et rapide sous le nez.
Une petite voix intérieure me rappelle à l'ordre. J'arrête de me battre afin de ne pas le tuer. Je suis au bar pas sur un champ de bataille ou dans un combat équitable.
Il est sonné et hébété, vu sa stature, il ne s'attendait sûrement pas à se prendre une raclée. Encore moins par une fille.
Je lui ordonne froidement de se calmer, de rappeler ses sbires et de dégager rapidement.
Je sais intérieurement que même à deux contre un, j'aurais le dessus. Ils sont alcoolisés, voir ivres. Et hormis donner des coups-de-poing dans le tas, ils ne savent clairement pas se battre.
Je me rends compte que la bagarre s'essouffle et que deux des clients sont déjà partis en courant et des trois autres il n'en reste pas grand chose. Ils se sont regroupés derrière leur chef et hurlent des insultes.
Je fais un pas en avant, prête à remettre ça. Quand je sens une main sur mon épaule et entends quelqu'un me dire
- "Alors Léa, on a toujours autant de fougue à ce que je vois ! Une vraie tête brûlée qui agit toujours avant de réfléchir !".
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Garde Rapprochée : Le garde de ton corps.
Roman d'amourLéa ancienne Navy Seals à la retraite est mandatée par son frère pour couvrir un événement sportif mondial. Réticente elle se décide lorsqu'elle apprends que ses anciens frères d'armes seront de la partie. Elle qui avait refait sa vie loin des États...