Paris- Siège social d'ARP & associés.
Mon coup d'éclat à clairement jeté un froid. Tout le monde sans exception me regarde et je n'ose pas lever les yeux vers Max.
Je sais que je me suis emportée, les mots sont sortis tout seul. J'ai comme on dirait vulgairement souffert d'une diarrhée verbale foudroyante. Je l'ai regretté aussitôt. Mais c'est trop tard c'est fait. Je suis quand même en colère après mon frère, il aurait pu me le dire quand il est venu à Genève me voir. Me le dire avant. J'aurais été prête. Prête à l'accepter. Après tout Max est un bon meneur d'hommes. Mais je me sens punie et un peu vexée je dois bien me l'avouer. Toutefois hors de question de l'avouer à Léo.
Léo se lève et me dit froidement : "Dans mon bureau, tout de suite".
Oh, Oh, il semble que je vais avoir des ennuis avec le patron. Je le suis et une fois passé la salle de réunion, il se retourne et dit aux gars :
"Je vous laisse gérer la paperasse avec mon assistante les mecs, et on se retrouve pour manger tous ensemble avant de retourner à la préparation de la mission. Au Requin Chagrin, midi sharp !".
Il passe devant moi et me précède dans le couloir. On repasse devant l'accueil et la réceptionniste lève la tête et sourit au grand patron. Léo ne lui accorde même pas un coup d'œil. Au bout du couloir à l'opposé de la salle de réunion, il ouvre une porte et nous voilà dans son bureau.
J'ai l'impression d'avoir quinze ans et d'être convoquée chez le directeur. J'hésite entre, être en colère et morte de rire. J'ai clairement sapé l'autorité de mon employeur et de mon chef. Je vais prendre cher.
Léo entre et passe derrière son bureau, en position de force. Il me laisse à peine le temps de fermer la porte et explose :
"Putain Léa t'as craqué ou quoi ? Je peux savoir ce qu'il t'as pris ? T'as sûrement dû oublier qu'on est plus à l'armée là. Tu n'es plus notre commandant, on est plus sous tes ordres".
"Léo attends" J'essaie de le couper.
"Ferme la ptite sœur, arrête un peu de vouloir l'ouvrir et écoute moi bordel !"
Mais c'est qu'il est en colère le grand frère, je vais me prendre une sacrée soufflante. Je m'assoie dans un fauteuil en face de lui. Léo quand à lui, est toujours debout. Il est penché au dessus de son bureau et me domine de toute sa taille. Si je lui laisse croire qu'il a l'ascendant peut être qu'il redescendra en pression.
Il enchaîne : "Depuis quand t'écoute plus les ordres, tu les discute ? Si Max est chef de mission, c'est pour deux raisons. La première c'est que j'ai toute confiance en lui, il a toujours été un bon meneur d'hommes, comme toi d'ailleurs, même si tu es une petite conne, et deuxièmement c'est que pour obtenir le marché, il était spécifié qu'il fallait un encadrement masculin. J'ai du négocier sévère pour t'avoir dans l'équipe. Et toi tu fais un caprice ? J'hallucine !".
Il passe la main de dépit dans ses cheveux courts. Et se frotte le visage ensuite. Il a un air de dépit, la colère est retombée. Je l'ai su au moment ou il m'a traité de petite conne. Je ne dis toujours rien, je le laisse parler. Il s'assoit enfin. Il relève la tête et me fixe.
"Si j'ai voulu t'inclures quand même, c'est que je savais que si l'unité D était au complet, je n'aurais pas de soucis, ni problème et que la mission serait un succès. Maintenant si tu n'est pas prête à être sous les ordres de Max, je vais devoir recruter quelqu'un d'extérieur. Mais tu sais ce que cela va engendrer. Un bleu au milieu d'une équipe qui a passé cinq ans ensemble. Ça risque d'être compliqué"
"Léo... je commence, je ne vous laisserais pas tomber. Bien sûr que je suis des vôtres. Mais comprends ma réaction. Tu débarques à Genève alors que c'était silence radio depuis des mois, tu me dis que tu as besoin de moi, et je me retrouve devant l'équipe et tu lances sans m'en avoir parlé avant que Max dirigera les opérations. Mets toi à ma place, comment tu aurais réagi ?".
"Je sais Léa, je ne t'ai pas tout dit, mais avoue que si je t'en avais parlé directement, tu n'aurais peut être pas accepté. Max a su te convaincre aussi en venant te voir"
"Quoi ? Je hurle. Tu veux dire que tu as demandé à Max de me convaincre ? J'y crois pas, vous êtes une belle bande d'hypocrites manipulateurs d'enfoirés tous les deux !"
"Arrête ton char ptite sœur ! Je te connais par cœur, je savais que si ça venais de Max tu dirais oui tout de suite".
Il me regarde et se marre.
En fait, mon frère est un connard. Il avait tout prévu depuis le début. Et me ridiculiser devant l'équipe était la cerise sur le gâteau. Je me lève et fait un pas en sa direction.
Il se lève à son tour et avec un sourire en coin, me dit : "Viens on va manger, on réglera ça à l'entraînement, on va pas se battre dans mon bureau ça ferait désordre. Et les mecs nous attendent."
"C'est toi qui invite !" Je le précède et sors du bureau. Je pense qu'il est temps que j'aille m'excuser non seulement auprès de Max mais de l'équipe.
On regagne l'ascenseur sans un mot et une fois dehors, je m'allume directement une cigarette. Je ne dit rien et suit Léo qui se dirige vers le restaurant.
L'équipe est attablée en terrasse, ils discutent et rigolent tous ensemble. Ils ont commandé un apéritif en nous attendant. Des pintes de bière pour tous. Boisson officielle de l'unité.
J'arrive à leur hauteur et Max me regarde interrogateur. Je hoche discrètement la tête. Tout va bien. Je m'assois à l'opposé de Léo, je ne veux pas être tentée de lui planter ma fourchette dans la cuisse et rejoins Hector et Max.
"Max écoute, je commence, je suis désolée de m'être emportée. L'effet de surprise, je ne m'y attendais pas."
Il me coupe : "Je sais. C'est ça qui est bon., et les gars explosent tous de rire d'un seul homme.
Hector dit : "Franchement Léa c'était énorme, j'ai cru que tu allais sauter par dessus la table pour dérouiller Léo."
"Croyez moi c'est toujours d'actualité ! Bon est ce que c'est normal d'avoir faim dans un restaurant je dis afin de couper court aux railleries. Et si on commandait ?".
*Flash-back : 5 ans en arrière. Iassénévo. Russie*
Nous étions invités à l'ambassade des États-Unis. Au gala de charité annuel organisé par la femme de l'ambassadeur.
C'était notre pass d'entrée pour repérer notre taupe. Scott avait réussi à obtenir les plans détaillés du bâtiment et Wess nous avait équipés d'oreillettes.
J'étais en train de finir de me préparer dans la salle de bains. Je devrais avoir l'air d'une jeune mariée, prête à vivre une grande soirée. J'avais passé une robe noire courte à peine au dessus du genou avec un col bateau qui dénudait un peu mes épaules et mon décolleté.
Cela faisait une éternité que je n'avais pas mis de robe et encore moins des talons. Il fallait que je gère. Étrangement j'étais plus nerveuse à l'idée de jouer la fille que de partir en mission débusquer Ben Laden.
En sortant de la salle de bain tous les regards se tournèrent vers moi. Scott lâcha un petit sifflement discret, Wess sourit de toutes ses dents et Max en costume de soirée noir, chemise blanche cintrée sur sa veste ouverte et un nœud papillon noir me détaillant nonchalamment les mains dans les poches, de la tête aux pieds.
"Et bien Madame Morisson, dit il, utilisant notre nom d'emprunt de couple mariés, vous êtes superbe. Je me demande juste ou vous avez caché votre arme vu le peu de tissus que vous avez sur vous."
Il prends une étole qu'il passe sur mes épaules. Quand ses mains effleurent ma nuque, je frissonne.
VOUS LISEZ
Garde Rapprochée : Le garde de ton corps.
Roman d'amourLéa ancienne Navy Seals à la retraite est mandatée par son frère pour couvrir un événement sportif mondial. Réticente elle se décide lorsqu'elle apprends que ses anciens frères d'armes seront de la partie. Elle qui avait refait sa vie loin des États...