Chapitre 29 : Confrontation ✔️🍀

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L'équipe est arrivée en quart de finale.

L'excitation est constante. Même moi, je n'en reviens pas et me prends au jeu. Ils l'ont fait. Ils ont passé les poules et progressent et prennent de l'ampleur.

La ferveur est palpable à tous les niveaux, nous devons gérer de plus en plus de fan venus en masse acclamer leurs stars.

La surveillance s'en ressent et s'intensifie.

Plus les matchs passent et plus je suis impressionné par Hugo qui est un véritable mur. Il n'en faudrait pas beaucoup plus pour que je devienne sa fan numéro un.

Quand il ne s'entraîne pas ou n'est pas en briefing, je suis constamment avec lui.

À la salle de sport, à la piscine, au réfectoire, pendant son temps libre. Nous nous séparons que pour aller dormir. Je le suis à la trace, telle une puce collée à sa semelle.

Nous discutons beaucoup. De son enfance, sa vie, sa famille, ses sorties. Enfin discutions est un bien grand mot, je l'écoute se confier.

Le manque de sommeil commence à se faire sentir. Je suis souvent distraite lorsque je sais que le client est en sécurité et que ma journée est terminée. Je me renferme doucement, mais sûrement. Telle une huître qu'on aurait titillé avec son couteau, ma coquille se referme.

Je sens la présence de Charles. Il m'observe, m'analyse, et, reste présent, quoique discret. Je sais qu'à un moment ou un autre, je ne pourrais éviter la confrontation avec mon collègue. Mon frère d'arme.

"Léa, je m'inquiète" attaque t'il un matin alors que j'attends mon café à la machine.

Je ne me donne pas la peine de me tourner vers lui, j'ai l'estomac noué et envie de vomir. Je n'ai clairement pas envie de parler. Ce que je veux, c'est un café et fumer une clope au calme.

"De quoi tu parles Charles, tu es inquiet, car nous n'avons pas de nouvelles du suspect concernant le client ?"

"Ne fais pas semblant poulette, tu es pâle comme un cul et tu as des cernes horribles et ne me ment pas, mais j'ai vu que tu avais perdu de l'appétit."

Putain, il me surveille ce con !

Oui, effectivement, je n'ai pas faim. Je suis contrariée par le comportement de Max, mais aussi soucieuse du silence du Harceleur.

" De quoi tu parles Charles, je fais juste attention à ce que je mange, ici tout est hyper protéiné ou gras, je n'ai pas envie de prendre quinze kilos, que je vais galérer à perdre en rentrant".

J'attrape ma tasse brûlante et le laisse attendre son chocolat chaud. Je le plante, je sais, mais je n'ai pas envie de m'entendre sur le sujet, ou continuer cette psychanalyse de comptoir. Même si Charles est mon ami. Je n'ai pas envie de me confier ou de discuter.

Je file rapidement vers la sortie du self et me dirige en direction du parc bordant l'hôtel à quelques mètres de là.

Wess est dans la salle avec la clique de joyeux lurons, les fêtards, les joueurs prompts à la connerie. Ils s'entendent comme larrons en foire. Je peux bien laisser tout le monde un moment et m'accorder vingt minutes avant le briefing matinal.

Rami n'a pas trouvé mieux hier soir que de déclencher un extincteur dans le couloir. Nous avons dû évacuer toute l'aile de l'hôtel. Tout ça parce que certains joueurs sont venus le taquiner en rentrant de leur quartier libre. Et qu'il n'a pas voulu qu'on le dérange. C'est clair que ça a calmé tout le monde. J'ai cru, vu l'état de fureur de l'entraîneur qu'il allait prendre un vol direct retour vers la France. Mais non, il est encore là, la mine penaud tel un enfant qu'on aurait engueulé pour une mauvaise blague.


Après une marche rapide, j'entre dans le parc et continue d'avancer plus calmement. Je m'allume une cigarette en pensant qu'une nouvelle fois, cette nuit encore fût courte, mais au moins le manque de sommeil n'est pas dû aux pensées incessantes qui me rongent, mais à de l'action. Agir plutôt que penser, ce n'est pas plus mal.

"Webb, je te tiens ! Quand tu en aura marre de me fuir, peut être qu'on pourra avoir un moment pour discuter".

Oh putain, je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir que Max est derrière moi. Je ne me retourne même pas, je me contente juste de recracher ma bouffée de fumée et de lui lancer d'un ton acerbe :

Tiens tu m'appelles par mon nom de famille maintenant ? Alors qu'il y a quelque temps, cela aurait été," j'ai envie de t'arracher la petite culotte avec les dents".

Max se positionne à ma droite, je ne lui ai toujours pas adressé un coup d'œil, je suis barbouillée et je commence à avoir des sueurs. Je ne comprends pas que cette situation me mette dans cet état alors que j'ai déjà vécu bien pire.

Max soupire légèrement : Léa arrête s'il te plaît d'agir comme une enfant capricieuse mal élevée.

Alors la c'est le summum, Monsieur agi comme un con et c'est moi la gamine. Je me retourne face à lui pour lui faire face et le gifle. Mes émotions menacent de prendre le dessus sur ma pensée. Et je risque de perdre le contrôle incessamment sous peu.

Je ne parle pas, je hurle littéralement :

"Comment oses-tu espèce de sale con, tu me baises et tu m'ignores ensuite. Et c'est moi la gamine ?? Tu te fous vraiment de ma gueule, tu, tu n'es vraiment qu'un pauvre mec !" J'en bégaye de rage.

Les yeux de Max me fusillent sur place, il n'a pas bronché face à la claque qu'il vient de prendre, même pas un tressaillement. Son visage est fermé, ses yeux verts sont froids au possible.

Les nausées me reprennent si je ne me calme pas, je sens qu'il va finir avec mon café sur les chaussures. Il ne manquerait plus que ça. Que je perde complètement la face en lui vomissant sur les pompes.

"C'est bon, tu es calmée ?" me lance-t-il d'une voix tranchante. Il m'attrape par le poignet et me tire à l'écart dans le parc, nous nous retrouvons vers un banc entourés de buissons sous un arbre majestueux. Face à nous une vue imprenable sur la ville s'affiche.

Dans un éclair de lucidité, je trouve le panorama incroyable, mais la fureur reprend vite le dessus, effaçant ce souvenir fugace aussi vite qu'il m'a traversé l'esprit.

"Lâche moi ! Ne me touche pas, c'est bon Max"

"C'est drôle, tu ne disais pas ça l'autre soir. Au contraire même, il me semble que tu en redemandais" me balance t'il d'un ton ironique.

Je lève à nouveau la main pour le gifler, mais cette fois-ci, il attrape mon poignet au vol et me tire sur le bras d'un coup sec.

"Pas deux fois Léa, je t'avertis, n'y pense même pas".

Je suis trop proche de lui, je tente de dégager mon poignet, mais il me tient d'une main ferme. Son parfum envahit mon nez, anesthésiant le peu de volonté de me battre qu'il me reste.

Pendant un instant la pensée que notre Général aurait eu honte de moi me traverse l'esprit. Auparavant, j'étais une teigne et n'aurait rien lâché, quitte à me battre avec Max pour lui fermer son clapet, là, je n'ai qu'une envie, c'est qu'il me laisse tranquille. Et de m'effondrer ou vomir au choix.

Il relâche la pression et je me libère, je masse distraitement mon poignet et vais m'asseoir sur le banc. Je ne le regarde plus. Je ne dis rien.

"Tu comptais me dire que tu étais encore avec ton mec ou tu aurais juste profité de la mission pour passer un bon moment et retourner à ta vie normale une fois la mission terminée ?" Me lance Max d'un ton las.

Il semble éteint subitement, toute traces d'ironie et provocation envolées.

Mais de quoi parle-t-il bon sang. Mon mec ? Je suis célibataire depuis mon retour des États-Unis. Alors de là à avoir un mec.. Je ne comprends pas de quoi il parle et c'est ce que je lui réponds sans le regarder.

"Ton téléphone a sonné quand tu étais dans le bureau l'autre jour. J'y ai vu le nom de Gullen." Conclut-il en se tournant vers moi. 

Garde Rapprochée : Le garde de ton corps.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant